Devant le danger qui pointe, lui, parle d’enfer, en évoquant le contexte régional, la situation en Libye, en Syrie, ou encore en Irak. D’après lui, la question du rôle de l’armée ne se pose même pas aujourd’hui.
L’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, entré dans un air de précampagne — quand bien même il réfuterait l’idée d’être candidat à quoi que ce soit —, rejette l’idée d’une présidentielle anticipée estimant qu’elle n’arrangera rien. Dans une conférence sur le thème “Consensus national et bonne gouvernance” à Sidi Bel-Abbès, il a estimé que le débat sur le présent ne résoudra pas le problème du pays, encore moins “ce dialogue byzantin” sur le passé parce que, selon lui, l’urgence est dans l’avenir qui doit fédérer toutes les volontés afin d’aboutir à un nouveau consensus national.
Il a refusé, également, de s’aventurer sur la question de l’armée qui, par la voix de son organe, El Djeïch, a “répondu” à l’opposition sur le thème “politique” de la légitimité de la présidentielle d’avril dernier, ce qui a été perçu comme une mise en garde contre cette même opposition. L’ancien chef de gouvernement sous Chadli a pris une nette distance en affirmant qu’il n’a pas parlé “à l’armée” comme certains l’ont accusé, mais qu’il a parlé “de l’armée” ; institution qu’il connaît bien pour avoir exercé longtemps en son sein. Et de rappeler à l’occasion son principe de “discipline”. Et d’inviter ainsi les autres leaders et coalitions ou groupes politiques à s’astreindre à un devoir de discipline.
M. Hamrouche a évité, de manière subtile, de s’engager sur la question du rôle politique de l’armée en mettant l’accent sur son rôle durant toutes ces 25 années de crise ; crise de terrorisme, de violence durant lesquelles les services de sécurité, particulièrement l’armée, étaient sur la brèche, mobilisés. “C’est la première fois que l’Algérie a une armée nationale ; un acquis important de l’Indépendance qu’il faut préserver”, dit-il sur fond d’un long rappel historique des “armées” existantes, allant des Turcs à l’armée de la colonisation, et l’Indépendance qui a donné l’ANP qui vient du peuple. Devant le danger qui pointe, lui, parle d’enfer, en évoquant le contexte régional, la situation en Libye, en Syrie, ou encore en Irak. D’après lui, la question du rôle de l’armée ne se pose même pas aujourd’hui. Quant à celui à venir, si le consensus nouveau auquel il appelle se réalise, “il sera plus facile”.
Pour recentrer le débat actuel qui anime la scène politique avec ses initiatives et propositions de sortie de crise, Mouloud Hamrouche préfère “un débat sur l’État qui n’est à personne”, et non sur le pouvoir. Et c’est justement de là que découle le débat sur l’avenir, et non le pouvoir qui a constitué, selon lui, une sorte de complexe ou d’obsession qu’il appelle à dépasser. Car, les tares du pouvoir, du gouvernement surtout, sont connues : expertise faible ou fausse, manque de discipline et pouvoir faible. Un constat sans appel d’une situation qui commande une solution urgente, d’autant plus que la situation régionale est explosive.
Il a appelé à la mobilisation de l’Algérie à tous les niveaux, à savoir population, élite, partis politiques, syndicats, pour réaliser ce nouveau consensus national qui a deux objectifs, dit-il : éviter l’effondrement de l’État comme dans les pays arabes ; la situation actuelle ne pouvant perdurer, et paradoxe, préserver l’État de l’effondrement en mettant fin à la crise. Mais, précise-t-il : “Il faudra opérer de manière intelligente, négociée et graduelle.”
Il a ainsi résumé son appel : “Libérer l’État de l’hégémonie du pouvoir et des individus.”
Dans son discours, Mouloud Hamrouche est remonté aux premières révoltes populaires, tribales ou de groupes contre la colonisation avant d’en arriver à l’Organisation spéciale, créatrice de l’ALN, et le consensus au sein du mouvement national qui avait pensé “national, territoire” ; schéma qu’il suggère de rééditer, mais autrement, pour la conjoncture actuelle.
Avec cet espoir, en définitive, de voir se regrouper tous les acteurs politiques, élites, compétences nationales, tous les Algériens autour de ce nouveau consensus pour “penser ensemble” l’avenir, l’État et, bien entendu, la démocratie comme mode de gouvernance.
D. B.