Moubarak démissionne

Moubarak démissionne
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Le président égyptien a quitté le pouvoir, a annoncé le vice-président Omar Souleimane à la télévision égyptienne

Cette annonce a déclenché une immense clameur dans la foule, place Tahrir au Caire.

La rumeur d’un départ de Moubarak courait au Caire depuis jeudi.

Avant l’annonce officielle du départ de Moubarak, on avait appris que le secrétaire général du parti au pouvoir en Egypte, Hossam Badrawi, nommé il y a quelques jours, allait démissionner.

LG Algérie

Au Caire, outre les 3000 manifestants réunis près du palais présidentiel, près de 2000 personnes étaient rassemblées également devant le bâtiment de la télévision d’Etat, sur les rives du Nil, non loin de la place Tahrir où des centaines de milliers étaient rassemblés au 18e jour d’une révolte populaire sans précédent contre Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans.

Le nombre total des manifestants hostiles au régime à travers toute l’Egypte était estimé à au moins un million, selon une estimation de l’AFP. Un photographe de l’AFP a estimé à 400.000 à 500.000 le nombre de manifestants à Alexandrie. Selon d’autres photographes de l’AFP, près de 200.000 personnes étaient rassemblées place Tahrir au Caire, épicentre de la contestation au Caire. Un responsable égyptien de la sécurité a estimé à un million le nombre de manifestants mobilisés dans la seule capitale égyptienne.

« Les gens s’en fichent s’il reste au palais ou pas. Nous voulons qu’il quitte la présidence », a clamé à l’AFP un manifestant cairote, Mohamed Hamdan, 40 ans, qui travaille pour une compagnie pétrolière, alors qu’on avait appris que Moubarak avait quitté Le Caire.

Dès vendredi matin, des milliers de manifestants ont afflué place Tahrir, au Caire, en vue d’une journée de mobilisation massive -la 18e- contre Moubarak.

Par aileurs, un échange de tirs s’est produit vendredi à Al-Arich dans le Sinaï égyptien entre manifestants et policiers, faisant plusieurs blessés selon des témoins, parallèlement aux manifestations contre Moubarak dans le pays. Un millier de manifestants ont lancé des bombes incendiaires sur un poste de police et mis le feu à des véhicules, selon ces témoins. Plusieurs personnes ont été blessées, selon ces mêmes sources, mais aucun bilan n’a pu être établi dans l’immédiat.

Le président égyptien, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis 30 ans, a provoqué jeudi soir la colère de la rue en s’accrochant à son poste malgré la forte pression. Les milliers de manifestants à nouveau rassemblés place Tahrir, qui réclamaient aussi bien le départ du président Moubarak que celui de son vice-président Omar Souleimane, espèrent que la mobilisation sera d’une ampleur sans précédent depuis le début du mouvement de contestation le 25 janvier.

Des grèves lancées ces derniers jours et suivies par des dizaines de milliers de travailleurs en Egypte augmentent les chances de manifestations monstres vendredi, jour férié en Egypte.

Vendredi matin, l’armée égyptienne avait appelé, en vain, à un retour à la vie normale, selon un communiqué lu à la télévision d’Etat, assurant qu’elle garantirait des élections libres.

Moubarak n’a pas annoncé son départ

Alors que pendant des heures jeudi soir, un départ imminent du président avait fait l’objet d’intenses spéculations alimentées par l’annonce de l’armée qu’elle soutenait les « demandes légitimes du peuple », le chef de l’Etat a annoncé qu’il déléguait ses prérogatives au vice-président mais qu’il restait de droit président jusqu’à la fin de son mandat en septembre.

Le président américain Barack Obama a estimé que ce transfert de pouvoirs n’était pas suffisant et jugé que Hosni Moubarak ne s’était pas adressé clairement à l’Egypte et au monde, alors que d’autres capitales appelaient à une transition immédiate du pouvoir. « J’ai décidé de déléguer au vice-président les prérogatives du président de la République conformément à ce que prévoit la Constitution », a déclaré Moubarak, sans annoncer sa démission et en dénonçant « les diktats de l’étranger », pointant clairement les Etats-Unis.

Cette annonce de transfert de prérogatives a créé la confusion sur sa réelle signification même si l’ambassadeur d’Egypte à Washington, Sameh Choukri, a ensuite expliqué sur CNN que le vice-président Omar Souleimane était désormais le « président de facto » d’Egypte.

Place Tahrir jeudi soir: « ni Moubarak ni Souleimane »

Les quelque 200.000 manifestants rassemblés jeudi soir place Tahrir ont fait éclater leur colère lors du discours de Moubarak, après l’euphorie alimentée par les spéculations sur son départ. Des centaines de manifestants ont brandi leurs chaussures en direction de l’écran sur lequel était retransmis le discours du président, geste insultant et méprisant dans le monde arabe, en chantant « A bas Moubarak! Dégage, dégage! »

Aux cris « Souleimane Souleimane, toi aussi dégage »! « Ni Moubarak, ni Souleimane »!, les protestataires ont aussi rejeté un transfert des pouvoirs à Souleimane qui a appelé après, Moubarak, les manifestants à rentrer chez eux, en s’engageant à « préserver la sécurité » et la « révolution des jeunes ».