Moubarak coupe internet durant la «révolution», il est condamné à 30,5 millions de dollars

Moubarak coupe internet durant la «révolution», il est condamné à 30,5 millions de dollars
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Pas d’impunité, pas de traitement de faveur. La justice égyptienne se montre intraitable à l’égard de l’ancien président Hosni Moubarak. Ce dernier ainsi deux autres anciens responsables égyptiens ont été condamnés samedi 28 mai à une amende de 540 millions de livres égyptiennes (90,64 millions de dollars) pour avoir suspendu internet et le réseau de téléphone mobile pendant les manifestations de janvier, indique une source judiciaire.

Le tribunal administratif a condamné Moubarak à une amende de 200 millions de livres, l’ancien premier ministre Ahmed Nazif à 40 millions de livres et l’ancien ministre de l’Intérieur Habib al Adly à 300 millions de livres pour atteinte à l’économie nationale.

Ce jugement est le premier rendu contre Moubarak depuis qu’il a été renversé, le 11 février 2011. L’ex-président devrait encore répondre d’accusations plus graves, notamment d’avoir ordonné de tuer des manifestants, crime passible de la peine de mort.

Multiplication des procès pour corruption

Les procès pour corruption se multiplient en Egypte depuis la chute de Moubarak, de simples citoyens réclamant justice après des décennies d’un système autocratique qui favorisait une élite.

« Les barrières sont tombées », résume un avocat du parquet du Caire. « Les gens n’ont plus peur de rien. Ils savent que désormais nul n’est intouchable. »

Résultat, un déluge d’enquêtes pour corruption, dont les Egyptiens de la rue se félicitent mais qui irrite les milieux de la finance, qui craignent qu’une « chasse aux sorcières » généralisée ne nuise au climat des affaires et à la reprise économique.

Enquêtes sur Moubarak et sur d’ex-ministres

Les nouvelles autorités ont d’ores et déjà incarcéré un ancien ministre de l’Intérieur pour corruption et ordonné que Hosni Moubarak et ses deux fils soient jugés. La justice enquête en outre sur plusieurs anciens chefs de gouvernement et ex-ministres.

Chaque jour, de nouvelles plaintes sont déposées.Les militaires au pouvoir en Egypte depuis la chute de Moubarak sont confrontés à des exigences en contradiction les unes avec les autres.

Les contestataires souhaitent que l’on en finisse avec le système de copinage généralisé mais les investisseurs redoutent toute mesure qui dissuaderait les tractations, aussi honnêtes soient-elles.

« Il y a, sur un plan politique, un besoin de justice, mais aussi un besoin de préserver de bonnes relations avec le monde des affaires afin que l’économie se maintienne », résume Gamal Soltan, du Centre Al Ahram d’études politiques et stratégiques.

Une bonne partie des banquiers et des courtiers, ébranlés par les mauvais chiffres de la croissance et de l’inflation, ont entrepris de demander à l’Etat d’intervenir et de protéger les cadres dirigeants qui disent avoir conclu de bonne foi des contrats avec le gouvernement en place sous Moubarak.

Richesses accaparées

Les milieux réformistes craignent pour leur part que les anciens cercles dirigeants ne profitent des déboires économiques actuels pour faire barrage aux aspirations au changement et empêcher que l’on ne fouille dans leur passé.

La « révolution du Nil », en janvier et février, a libéré des années de colère contenue parmi la population, qui, pendant longtemps, a vu l’élite du pays accaparer les richesses.