Mostefa : «Il n’y a aucun problème d’égo dans le vestiaire de l’EN, à moins que je ne vive dans un autre monde !»

Mostefa : «Il n’y a aucun problème d’égo dans le vestiaire de l’EN, à moins que je ne vive dans un autre monde !»

Mehdi Mostefa Sbaâ, auteur d’un match honnête, revient en exclusivité pour Le Buteur sur ce succès obtenu contre le Bénin. Le latéral droit de l’EN affirme que cette victoire a ramené de la sérénité dans le groupe. Il estime que tout reste à faire, malgré cette première place que ses camarades et lui occupent dans ce groupe H, conjointement avec le Mali. Entretien !

D’abord, un commentaire sur ce succès arraché contre le Bénin, mardi passé (entretien réalisé jeudi) ?

On est tous heureux, voire soulagés, on va dire, de cette victoire obtenue contre le Bénin. Ça fait du bien pour le moral du groupe et ça nous permet aussi de nous racheter aux yeux de nos supporteurs, après cette Coupe d’Afrique très difficile qu’on a disputée, au mois de décembre dernier.

Justement, vous étiez un peu sous pression, après cette CAN ratée, non ?

Je pense que nous étions, en effet, dans l’obligation de gagner. On devait retrouver notre efficacité, d’où l’importance de gagner ce match de mardi dernier. Il y avait de la tension, parce qu’il s’agissait de notre avenir dans ces éliminatoires.

Sur le plan personnel, on vous a vu très offensif, mais tout n’a pas été efficace pour vous sur certaines choses ?

Depuis que l’entraîneur national me fait jouer dans ce poste, je prends plus de confiance dans mon rôle d’arrière droit. C’est vrai que j’ai fait plusieurs montées sur mon flanc, mais il paraît bien que je dois encore améliorer ma qualité de centre. Il y a du mieux, mais rien n’est encore parfait.

On vous a vu quand même très à l’aise sur ce couloir droit, c’est Halilhodzic qui vous a demandé de monter souvent ?

Oui, c’est la consigne du coach. C’est pour ça que j’essaie de prendre, à chaque fois qu’il me le demande, plus de responsabilité offensive. Après, quand il y a un joueur comme Sofiane Feghouli sur mon couloir, les choses deviennent plus faciles. Il garde bien le ballon et rentre souvent vers l’intérieur, cela me donne du champ et de l’espace pour monter plus. C’est très intéressant de jouer à côté d’un joueur comme lui, ça me fait progresser.

Revenons au match, on vous a vu parfois crispé, voire inhibé, comment expliquez-vous cela ?

Vous savez, on était tendus, parce qu’on devait gagner ce match pour rester en vie. Après, il y a aussi d’autres raisons qui expliquent cette tension. Mais bon, je vais dire qu’on voulait tellement bien faire qu’on s’est mis un peu plus de pression. Il ne faut pas oublier aussi qu’il y avait de nouveaux joueurs dans cette sélection qui ont été lancés dans le bain pour ce match contre le Bénin.

On avait l’impression que Taïder et Brahimi étaient un peu sous pression, est-ce votre avis ?

C’est normal, c’était quand même un match décisif, donc ces joueurs avaient besoin aussi de s’adapter à ce climat de tension. Je dirais que ce n’est jamais facile de commencer directement dans un match aussi important. Il faut signaler que la plupart des joueurs de notre groupe ne connaissaient pas bien Taïder, Brahimi et Ghoulam. C’était la première fois qu’on joue ensemble.

Que pensez-vous de leur rendement ?

Ils ont fait leur match, ils sont jeunes et pleins de talents. Taïder et Brahimi, par exemple, ont fait la différence au milieu, mais ils ont besoin encore d’un temps d’intégration pour qu’ils se retrouvent mieux. Les gens ne comprennent toujours pas ça, mais il faut le prendre en compte.

Vous les avez côtoyés durant ce stage, un mot sur les qualités de ces trois éléments ?

C’est des jeunes d’avenir. Ils ont eu cette chance inouïe de commencer très jeunes en sélection, ce qui n’est pas mon cas. Donc, ils vont former l’avenir de l’Equipe nationale et vont avoir plus de chance et d’expérience pour bien représenter l’Algérie. C’est bien que des joueurs de leur envergure choisissent de représenter les couleurs de leur pays d’origine.

Comment appréhendez-vous les deux prochains déplacements au Bénin et au Rwanda ?

C’est des matches importants. On n’aura pas le droit à l’erreur, parce qu’on sait que le Mali va jouer chez lui. On doit absolument engranger les points de ce match et bien préparer notre petite finale face au Mali, à la maison et devant notre public. On doit tout faire pour gagner ces matches. Il faut aussi bien travailler au sein de nos clubs respectifs, en gardant en tête cette échéance du mois de juin, capitale pour la suite de ces éliminatoires.

Comment avez-vous trouvé cette équipe du Bénin que vous allez affronter au retour, à Cotonou ?

C’est une bonne équipe, elle sera d’autant plus redoutable chez elle et devant ses supporteurs. On connaît les conditions en Afrique, il va falloir vraiment bien se préparer. On sait qu’ils ont un bon gardien, donc comme il a été expulsé, il sera absent contre nous. On devra se servir de tous les petits détails. Après, il faut qu’on se concentre sur nous-mêmes, sur notre jeu, et tout faire pour progresser sur certains aspects du jeu.

Selon vous, ça va se jouer comment ?

A pas grand-chose. On sait, par exemple, que les fins de saison sont toujours redoutables, et on espère avoir tous nos joueurs en forme pour cette période de l’année. Il y aura beaucoup de paramètres qui vont rentrer en jeu, mais bon, je pense qu’on sera bien armés pour affronter le Bénin et juste après, le Rwanda, à l’extérieur.

Raïs Mbolhi a vécu une sale soirée, le public a été très sévère envers lui, quel est votre commentaire ?

Sincèrement, Raïs ne mérite pas ça du tout. C’est quelqu’un que j’apprécie et qu’on apprécie tous dans le groupe. C’est un élément très important sur et en dehors du terrain. Il se donne à fond pour l’Equipe nationale, il a toujours les mots justes pour nous remonter le moral, quand ça va mal. C’est un leader quoi !

Comment il a vécu tout ça, après les critiques du public, en fin de première mi-temps ?

On l’a vu à la mi-temps, certes, déçu de ce qu’il venait d’endurer, mais en grand professionnel qu’il est, il a gardé son sang- froid. Il est resté concentré sur son match, même si j’avoue que ce n’était pas facile. Il devait finir cette rencontre et il a très bien fait.

On sait que c’est difficile de répondre à sa place, mais que pensez-vous de la réaction du public ?

J’ai envie de dire, d’abord, qu’il a déjà sauvé l’Equipe nationale à plusieurs reprises, il ne faut pas l’oublier. Après, je suis persuadé qu’il le fera encore et sortira de très grands matches. Maintenant, en ce qui concerne la réaction du public, elle est ce qu’elle est, mais Raïs est un grand professionnel. Il sait ce qu’il a à faire. Il accepte les critiques, parce qu’il a un objectif plus important, à savoir qualifier l’Algérie à la Coupe du monde, au Brésil.

En parlant de Coupe du monde, on se souvient de l’une de vos déclarations lorsque vous avez dit sur ces mêmes colonnes que votre rêve est de jouer un Mondial avec l’Algérie, maintenant que vous êtes leaders du groupe H avec le Mali, vous y croyez encore ?

C’est encore un peu trop tôt de parler de qualification, il nous reste un virage décisif. En tout cas, on se donne les moyens pour y arriver. Comme je le dis à chacune de mes interviews, qu’on soit titulaire, remplaçant ou dans les tribunes, on joue pour un pays, on représente toute une nation, on doit se montrer à la hauteur, en manifestant un dévouement sans faille à la nation, et qualifier l’Algérie au Mondial-2014 serait le plus beau cadeau qu’on puisse offrir aux supporteurs algériens.

Mehdi, franchement, on parle beaucoup d’un problème d’égo, ressentez-vous cela dans le groupe des Verts ?

Très sincèrement, je ne ressens pas du tout ça, à moins que je sois dans un rêve ou dans un monde isolé, où tout va bien, pour que je ne puisse rien voir d’anormal, c’est pour dire qu’on vit très bien en sélection.

Comme en 2010, on dit que les nouveaux ont pris la place de certains éléments écartés…

On n’a pas ça dans notre groupe, vous pouvez même le demander aux jeunes joueurs qui ont rejoint la sélection récemment. Ils vous diront que tout s’est bien passé, notre relation s’est tissée de manière limpide et sincère. Vous savez, ça a été toujours le cas, même les joueurs qui étaient là et qui n’ont pas été retenus pour ce dernier match vous diront la même chose, il n’y aucun problème entre joueurs dans notre équipe. On forme une seule famille, et on se bat pour un unique objectif : qualifier l’Algérie à la Coupe du monde.

Qu’avez-vous à dire du soutien du public ?

Franchement, on ne s’attendait pas à un tel accueil de sa part. Je peux vous dire  que ça me donne des frissons, parce qu’on redoutait beaucoup sa réaction, après notre échec en Coupe d’Afrique. Lorsqu’on a vu un stade plein et tous ces supporters présents autour de nous apr!s le match, on s’est, franchement, regardés vraiment entre nous, dans le bus, comme pour se dire : «Ils sont vraiment venus tous». C’était manifestement un moment déterminant de ce match.

Un mot pour terminer ?

J’ai envie de dire à nos supporters qu’ils ont le droit de nous critiquer, d’avoir d’autres idées sur nous, mais il ne faut pas qu’ils oublient qu’on a le même objectif qu’eux. On aime quand ils nous encouragent. Si on va en Coupe du monde, ça sera grâce à eux. Je voudrais aussi  remercier les gens de Mostaganem qui se sont déplacés pour moi au stade de Blida. J’ai vu quelques banderoles dans les tribunes, et cela m’a fait énormément plaisir. Je voudrais passer un bonjour à mon papa, mon grand-père et toute la famille qui ont suivi ce succès de l’Algérie.

Ta famille était au stade ?

Cette fois-ci, non, mais face au Mali, mon père et mon grand-père seront du déplacement, Inch’Allah.