Moscou considère comme « nuisible » l’initiative du président français François Hollande qui a invité les membres permanents du Conseil de sécurité à limiter le recours au droit de veto, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov.
En septembre 2013, dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, le chef d’Etat français a appelé à mettre en place un « code de conduite » en vertu duquel les cinq Etats membres permanents du Conseil de sécurité décideraient de renoncer collectivement à leur droit de veto en cas de crimes de masse.
« Nous considérons une telle idée comme nuisible et nous prononçons en faveur du maintien des prérogatives dont disposent aujourd’hui les membres permanents du Conseil », a fait savoir M. Gatilov lors d’une conférence de presse organisée jeudi par l’agence Rossiya Segodnya. Selon lui, Moscou n’interprète pas son droit de veto au Conseil comme un avantage mais comme « une responsabilité accrue ».
En revanche, la Russie se réaffirme favorable à une réforme du Conseil de sécurité de l’Onu, souhaitant porter le nombre de membres permanents à plus de cinq et espérée par de nombreux pays membres de l’Organisation. « Des changements vertigineux dans le monde d’aujourd’hui imposent la nécessité de renforcer le rôle de l’Onu et de l’adapter aux réalités contemporaines (…).

Une réforme de son Conseil de sécurité est un élément majeur du renouveau des Nations unies », avait indiqué en 2011 le chef de la diplomatie russe du haut de la tribune de la 66e session de l’Assemblée générale de l’Onu. Et d’ajouter que la communauté internationale était confrontée à de nombreux défis, et l’Onu, en tant que mécanisme de régulation mondiale, était aujourd’hui indispensable comme jamais auparavant.
Le Conseil de sécurité est composé de 15 membres, dont cinq permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) qui disposent d’un droit de veto. Si Paris et Londres ne bloquent que très rarement le vote de résolutions, Washington, Pékin et Moscou sont plus enclins à recourir au veto. Les Etats-Unis s’opposent régulièrement aux résolutions condamnant Israël, tandis que Pékin et Moscou ont bloqué plusieurs résolutions sur la Syrie.
« Aucune proposition de réforme de l’organe principal de l’ONU ne bénéficie d’un vaste soutien auprès des Etats membres de cette organisation », a-t-il rappelé avant d’appeler à poursuivre les discussions intergouvernementales sur l’élargissement du Conseil lancées en février 2009. Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui comprend cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et dix non permanents élus pour deux ans a déjà été réformé en 1963.
Le nombre des membres non permanents a alors été porté de six à dix. La réforme du Conseil doit être approuvée par au moins les deux-tiers des Etats membres de l’ONU et par tous les membres permanents qui disposent du droit de veto.