Yasser Arafat , ancien président de L’OLP
L’intellectuel et réalisateur Claude Lanzmann est mort le 5 juillet à Paris Dans ce qui suit nous allons tracer le parcours d’un intellectuel qui a traversé le siècle et qui fut dans l’essentiel de sa carrière entièrement voué à la défense d’Israël
Quelques dates d’une vie bien remplie
Cette brève biographie permet de situer le parcours atypique de Claude Lanzmann qui a eu deux vies celle d’un homme de gauche ; période d’une dizaine d’années et ensuite de toute une carrière consacrée à l’apologie de l’Etat d’Israël. Nous lisons: « Alors que sa famille a des origines juives, Il était né le 27 novembre 1925 à Bois-Colombes dans une famille d’origine juive d’Europe de l’Est, immigrée en France à la fin du XIXe siècle. Claude Lanzmann grandit « [sans] l’ombre de l’ombre de quelque éducation juive que ce soit, ni religieuse, ni culturelle », avant de découvrir Israël en 1952 et y être désormais «viscéralement attaché » (1)
« À la rentrée 1943, Claude entre en lettres supérieures (hypokhâgne) au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand comme interne. Après la Libération, sa famille revient vivre à Paris. Lanzmann, qui a retrouvé sa mère est admis en janvier 1945 en première supérieure (khâgne) au lycée Louis-le-Grand.
Il devient pigiste pour France Dimanche, dans le groupe de presse de Pierre Lazareff pendant vingt ans, pIl publie finalement la série d’articles (L’Allemagne derrière le Rideau de fer) dans le journal Le Monde. Cette série est remarquée par Sartre qui lui demande de collaborer à sa revue » (1). En 1967, il prend une grande part à l’élaboration du fameux numéro des Temps modernes intitulé Le conflit israëlo-arabe. À partir de 1970, Claude Lanzmann se consacre au cinéma. Son premier film, Pourquoi Israël, sort en 1973 et détaille déjà la méthode Lanzmann ( ), Lanzmann lui-même, est autant acteur que metteur en scène. Dès qu’il a fini ce film, Lanzmann se plonge dans ce qui va devenir Shoah : il y consacre 12 ans de travail Neuf ans plus tard, en 1994, sort le film Tsahal dont le questionnement est : l’armée israélienne est-elle une armée comme les autres ? En 2011, il publie un numéro spécial des Temps Modernes sur les anciens harkis, où il revient sur des propos tenus en 1961, les appelant «les chiens de l’humaniste Papon»(1).
Le combat premier : Engagement anticolonialiste
En mai 1958, le journaliste Lanzmann se rend en Corée du Nord. Puis, le 27 avril 1959, il publie un long article sur la fuite du dalaï-lama du Tibet, cette fois-ci dans Elle. Son engagement anticolonialiste s’affirme. Il fait notamment partie des dix inculpés, parmi les signataires du « Manifeste des 121 », qui dénoncent la répression en Algérie en 1960.
Les films reportage des Claude Lanzmann
Pour Christophe Carrière : « Avec «Shoah», le cinéaste, qui refusait toute fiction sur le sujet, a inscrit le génocide juif dans la mémoire collective. ( .) Car le mot Holocauste ne lui convenait pas non plus. En lui préférant «Shoah» qui, en traduction littérale de l’hébreu signifie catastrophe, il a gravé dans le marbre le terme pour définir dans son ensemble l’horreur de la «solution finale». Un cauchemar sur lequel il ne cessera de revenir à travers d’autres films comme Un vivant qui passe, Sobibor, 14 octobre 1943, 16h, Le Dernier des injustes ou encore Les Quatre sœurs, sorti la veille de sa mort ».
« Infatigable, prolifique, doté d’une mémoire éléphantesque, Lanzmann refusait de céder à la fiction pour tout ce qui touchait à la Shoah ( )Il en sera de même lors de la sortie de La Liste de Schindler, de Steven Spielberg, notamment pour le faux suspense organisé autour d’une douche imposée à des déportées, et bien entendu à l’occasion de La Vie est belle, pourtant présentée dès le générique comme une fable. Il n’en demeure pas moins que l’ultime référence lui appartient. Au même titre que les vingt-cinq minutes de Nuit et brouillard d’Alain Resnais, les 10h13 de Shoah demeurent l’œuvre mémorielle inégalée et inégalable sur le sujet ». (2)
Dans une présentation des combats de Lanzmann nous lisons dans cet exposé éloge : « La parution des Réflexions sur la question juive, de Sartre, en 1947, est pour lui un événement majeur. L’ouvrage devient le socle d’un séminaire sur l’antisémitisme que Lanzmann organise en Allemagne à la demande de ses étudiants. Engagement anticolonialiste ( ) Il rencontre en 1952 Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, qui lui proposent de participer au comité de rédaction des Temps modernes, fondé en 1945. ( )En avril 1952, il publie son premier article dans Les Temps modernes, « La Presse de la liberté », puis part pour la première fois en Israël. « Numéro après numéro, dossier après dossier, la revue n’a pas cessé de s’approfondir et de s’améliorer, délimitant et marquant de plus en plus clairement le territoire unique qu’elle occupe dans la politique et la culture de gauche en France », souligne Claude Lanzmann ». (3)
« En 1967, il prend une grande part à l’élaboration du fameux numéro des Temps modernes intitulé « Le Conflit israélo-arabe ». L’édition paraît en mai, à la veille de la guerre des Six-Jours, lui conférant une exceptionnelle actualité. Un article de 80 pages intitulé « Israël, fait colonial ? », signé du sociologue et historien Maxime Rodinson, a constitué à lui seul un corpus historique et théorique qui a fondé l’engagement politique de toute une génération en faveur des droits des Palestiniens. Jusqu’en 1970, Claude Lanzmann partage ses activités entre Les Temps modernes et diverses collaborations journalistiques. S’intéressant toujours à Israël, Lanzmann tourne également Tsahal (1994), considéré comme le dernier volet d’une trilogie après Pourquoi Israël et Shoah. En 2018, il revient sur la question juive. Dans Les Quatre Sœurs » (3)
« En devenant secrétaire de Jean-Paul Sartre, Claude Lanzmann, le jeune journaliste se voit proposer d’écrire dans les colonnes de la revue Les Temps modernes , dirigée par Sartre Il fait la rencontre de la philosophe De Bauvoir. Il a 27 ans, elle en a 44. ( ) Dès le départ, «j’ai aimé aussitôt le voile de sa voix, ses yeux bleus, la pureté de son visage et plus encore celle de ses narines». ( ) Jean-Paul Sartre qui a également partagé la vie de Simone de Beauvoir n’était pas jaloux de cet amour entre son jeune secrétaire et sa compagne. Une relation intellectuellement très riche, et «unique». » (4)
Claude Lanzmann ne s’embarrasse pas d’éthique, il a vendu une correspondance intime à l’université de Yale les 112 lettres intimes que lui a écrites Simone de Beauvoir La maison Chris¬tie’s qui a procédé à la vente aux enchères a annoncé la vente pour un montant qui n’a pas été dévoilé comme c’est l’usage pour une « vente privée ». .
Défenseur acharné de la cause d’Israël
Dans les années 1970, Claude Lanzmann s’ouvre au cinéma avec des films documentaires principalement basée sur la façon de donner une visibilité à la cause d’Israël en commençant par Pourquoi Israël (1973) et Shoah. D’une durée de neuf heures et demie, ce dernier est réalisé à partir de trois cent cinquante heures de prises de vues, effectuées entre 1974 et 1981. C’est à se demander comment le financement a pu être mobilisé si ce n’est en mutualisant les contributions et autres dettes éternelles que chaque pays occidental doit à Israël pour la faute commise par l’un des leurs La publicité faite ce film documentaire est considéré comme une réussite
Le lièvre de Patagonie nous fait découvrir l’homme
Bernard Gensane qui a lu l’un des derniers ouvrages de Claude Lanzmann : « Le lièvre de Patagonie » décrit un être ambivalent Il s’en explique : « Au fil des années, j’ai de moins en moins aimé Claude Lanzmann. Autant j’avais été subjugué par Shoah, autant les prises de position de Lanzmann ces vingt dernières années m’ont souvent fortement déplu.(..) Lanzmann est un être bourré de contradictions, mais qui ne les assume pratiquement jamais comme telles. ( ) Dire que l’ego de Lanzmann est boursouflé est indulgent. Il est le meilleur en tout, le plus beau, le plus intelligent. Aux grandes heures du groupe France-Soir, il était « devenu une sorte de journaliste vedette dans le groupe de Pierre et Hélène Lazareff. » Quand il montre un premier montage de son film Pourquoi Israël, les invités sont « emballés ». Il repère « d’un œil d’aigle » la disposition des demeures où il va interviewer les nazis pour Shoah » (5).
«A côté de Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir contre la guerre d’Algérie, pour l’indépendance. Il fera partie de la revue Esprit fondée en 1945 par Jean Paul Sartre .« De 1952 à 1962, Israël disparaît de ses préoccupations car la lutte des classes existe en France Il déplore avec lucidité un monde « étrange et lugubre où l’inhumaine indifférence de l’homme pour l’homme semble un fait de nature accepté comme tel, où le rejet des faibles dans les oubliettes de l’Histoire paraît aller de soi. ( ) Mais, dès lors que sa posture vis-à -vis d’Israël se précise, il ne fait plus dans la nuance et fonce tête baissée dans une admiration inconditionnelle de son nouveau modèle. Seulement et c’est là l’un des problèmes centraux de ce livre une armée est une armée (même si ses soldats ont les cheveux longs), une occupation est une occupation, un peuple qui se veut biblique tout en étant, pendant trente ans, le complice de l’apartheid, la pire abjection politique du monde de l’après-Deuxième Guerre mondiale, est un peuple qui ne saurait s’ériger en parangon de la conscience universelle » (5).
«Jugeant le film Tsahal, Bernard Gensane poursuit : « Prenant prétexte de la « réappropriation de la force et de la violence [sic] par les Juifs d’Israël », Lanzmann veut nous faire croire, dans son film Tsahal, à une armée « pure, qui [ ] ne tue pas d’enfants », pétrie de « valeurs » et faisant « peu de victimes palestiniennes ». Neuf ans après Shoah, il est subjugué par des officiers israéliens au bras tatoué par les nazis qui, fatalement, au nom d’une répression systématique, finissent par violer les droits de l’homme. Lui, l’homme de gauche, oublie en cours de route cette donnée valable pour toutes les armées du monde : elles sont au service d’un pouvoir. Ici, en l’occurrence, une entreprise de spoliation des Palestiniens, à commencer par leur droit à l’eau potable. Jamais Lanzmann ne reconnaît la légitimité de l’existence même du peuple Palestinien, alors qu’il est, plus que d’autres, « rejeté dans les oubliettes de l’Histoire ». En outre, son film, pourtant bien long, ne consacre pas un plan au conflit sanglant de la guerre du Liban (des dizaines de milliers de morts), une guerre de huit ans contestée par une forte minorité d’Israéliens. Le signataire du Manifeste des 121 en 1960 (Lanzmann y côtoyait Leiris, André Breton, Sartre, Théodore Monod) qui soutenait l’insoumission en Algérie, ne donne pas la parole aux pacifistes qui ont refusé d’envahir Beyrouth ».(5)
«C’est un fait poursuit Bernard Gensane : l’empathie avec Tsahal est totale, au point d’en devenir tragi-comique : « J’ai également partagé la vie quotidienne des équipages de tanks, participé à leurs exercices, ( ) Lanzmann justifie le sionisme de la même manière que les Afrikaans ont justifié leur mainmise sur le sud de l’Afrique : par le fantasme permettant tout, celui du mythe du kibboutz sauveur de l’humanité. Pour lui, Israël devait être « un désert, une terre vierge à conquérir, où chacun serait le premier homme et recommencerait le monde à mains nues, dans une fraternité et une égalité encore inconnues. » D’ailleurs, de quoi se plaignent les Palestiniens ? Quand Lanzmann accompagne Sartre dans les camps de réfugiés palestiniens, les rues sont proprettes et les riches Gazaouis se délectent de mets abondants »
En étant l’intime d’un Sartre Claude Lanzmann est arrivé à graduellement l’amener à adopter un philosemitisme comme nous le lisons dans cette contribution de l’intellectuel Farouk Mardam-Bey : « En 1967, Jean-Paul Sartre était incontestablement l’écrivain tous genres confondus le plus célèbre dans le monde, y compris le monde arabe. Des traductions de ses œuvres, de La Nausée aux quatre premiers volumes de Situations, en passant par L’Être et le néant et les Chemins de la liberté, avaient été publiés à Beyrouth ou au Caire, et il faisait l’unanimité dans les milieux intellectuels de gauche, aussi bien chez les marxistes que les chez les nationalistes. ( ) C’est pourquoi une profonde déception a suivi la publication, dans Le Monde du 1er juin, de la déclaration signée par une quarantaine d’intellectuels français, dont Sartre et Simone de Beauvoir, exprimant leur solidarité avec Israël et le refus « de l’identifier à un camp impérialiste ». ( .) Ce qui frappe d’abord dans ces propos, c’est qu’ils ne découlent pas de l’analyse rationnelle de Sartre telle qu’on la lit dans ses Réflexions sur la question juive, publiées en 1946, et qui consistent pour l’essentiel en une description phénoménologique de l’antisémitisme. On y trouve en particulier ces deux affirmations qui ne pouvaient que heurter la sensibilité des nationalistes juifs : « Il n’y a pas d’histoire juive » et « C’est l’antisémite qui fait le Juif (…) qui contraint le Juif à se choisir juif malgré lui. » ( .) (6)
D’où vient donc cet élan spontané de solidarité avec le projet sioniste ?
« Dans un livre, poursuit Farouk Mardam-Bey écrit il y a plus de quinze ans avec Samir Kassir, Itinéraires de Paris à Jérusalem, nous l’avons attribué [c’est l’auteur de l’article qui écrit] à ce que nous avions appelé « la tyrannie des idées simples » : le philosémitisme comme seule réponse possible à l’antisémitisme, l’État juif comme réparation des crimes nazis, la continuité présumée entre la résistance au nazisme, en France et ailleurs, et le combat sioniste en Palestine. D’où la construction d’un contretype absolu de l’antisémite : le Juif opprimé et résistant, opprimé partout et résistant partout. Jusqu’à la fin de sa vie, Sartre pensait sincèrement que le conflit en 1947-1948 opposait pour l’essentiel sionistes et Britanniques. Quant aux Palestiniens, ils n’existaient pas à ses yeux, et l’on a vu comment, dans sa bouche et sous sa plume, la « cause palestinienne » renvoyait à celle des sionistes, et « l’État palestinien » à Israël.( ) Son proche entourage comprenait des sionistes convaincus, notamment Claude Lanzmann, rentré d’Israël en état d’exaltation.( ) » (6)
« Ami d’Israël, conclut Farouk Mardam-Bey Sartre se voulait aussi ami du monde arabe et se proposait même de jouer un rôle dans le rapprochement entre les deux camps, ou plutôt entre les forces de gauche arabes et israéliennes. « Nous nous trouvons, aujourd’hui que le monde arabe et Israël s’opposent, comme divisés en nous-mêmes et nous vivons cette opposition comme si c’était notre tragédie personnelle. » Et c’est sans doute dans cet esprit qu’il a entrepris, en février-mars 1967, son voyage au Moyen-Orient, en compagnie de Simone de Beauvoir et de Claude Lanzmann. Un numéro spécial des Temps modernes était prévu, censé amorcer le dialogue, d’abord indirect, qu’il appelait de ses vœux, et il entendait de son côté s’en tenir à la plus stricte neutralité. ( ) Pour conclure, on peut dire que le seul élément constant chez Sartre dans son approche du conflit israélo-arabe est le philosémitisme, perçu depuis la Seconde Guerre mondiale comme compensation et investi dans l’entreprise sioniste. Tout le reste, la dépossession des Palestiniens, l’occupation et l’annexion des territoires arabes, la détresse des réfugiés, apparaît ou disparaît en fonction de la conjoncture. Si bien que l’on peut se demander, avec Edward Saïd, si l’élan naturel de solidarité avec Israël ne se doublait pas chez lui d’une absence élémentaire de sympathie à l’égard des Arabes et d’une totale indifférence à leur histoire et à leur culture ». (6)
Le parti pris inconditionnel pour l’armée Israélienne
Claude Lanzmann ayant défendu dans son film Tsahal l’armée la plus pure au monde ne pouvait que nier le meurtre en directe d’un enfant palestinien de 12 ans, Mohammed al-Durah, : « tué par balles alors que son père tentait de le protéger, lors d’échanges de tirs entre les Forces de sécurité palestiniennes et l’armée israélienne, le 30 septembre 2000, au début de la seconde Intifada. Le journaliste franco-israélien Charles Enderlin a été le premier journaliste à commenter les images à la suite du film des événements pris par son caméraman. Son reportage était diffusé le soir même sur France 2 au JT de 20 h et repris à travers le monde. ( ) et suscite une émotion considérable. L’armée israélienne reconnaît dans un premier temps sa responsabilité, et publie des excuses officielles : le général Giora Eiland déclare à la BBC le 3 octobre que « les tirs venaient apparemment des soldats israéliens postés à Netzarim » répète ces propos sur CNN (« apparemment, l’enfant a été tué par l’armée israélienne »), et dit également : « Autant que nous puissions savoir, l’enfant a été touché par nos tirs » (cité par Haaretz le 25 janvier 2002). Ces propos sont ensuite confirmés par le général Moshe Ya’alon. ( ) La montée des réactions provoquées par les images et la crainte de leur possible instrumentalisation, écrit Hervé Deguine, conduisent l’armée à revenir sur ses positions » Encore une fois Claude Lanzmann se signala par sa partialité , il prit position et s’exprima à propos du preneur d’images palestinien de Charles Enderlin (Talal Abou Rahma) dans le journal Le Monde en ces termes : « Ce qui me révolte personnellement dans cette histoire, c’est que cette mort a été filmée en direct par le cameraman arabe d’une chaîne française de télévision » (7)
A l’en croire la chaine n’avait pas à recruter un caméraman arabe il sous entend qu’il serait complice dans le complot contre l’armée israélienne qui elle a initialement reconnu sa responsabilité. Ce qui intéresse Claude Lanzmann ce n’est pas la mort de l’enfant ni la justice mais la fidélité sans faille à Israël
Un tout autre point de vue du philosophe Jacques Derrida qui déconstruit selon nous l’holocauste en lui enlevant sa singularité. Kadhim Jihad Hassan parle justement de l’objectivité de Derrida concernant le problème israélo-palestinien : « On me pardonnera si je ne nomme ici l’holocauste, c’est-à-dire littéralement, comme j’avais aimé l’appeler ailleurs, le brûle-tout, que pour en dire ceci : il y a certes aujourd’hui la date de cet holocauste que nous savons, l’enfer de notre mémoire ; mais il y a un holocauste pour chaque date, et quelque part dans le monde à chaque heure. Chaque heure compte son holocauste. L’écoute attentive, de la part de Derrida, des doléances des Palestiniens se trouve surtout en superposition, en cohérence, avec une critique quasi permanente de certains entendements du judaïsme et des politiques israéliennes successives, voire de la façon même dont a été fondé l’État moderne d’Israël. On se rappelle en effet comment, dans son ouvrage L’Écriture et la différence, paru en 1967, Derrida affirmait que le judaïsme n’a pas besoin d’un État national et que sa vocation réelle, ainsi que son attachement à la liberté seraient mieux sauvegardés dans une présence active à travers le monde ( ) » (8) Que dire en définitive de Claude Lanzmann ? Il faut tout d’abord signaler qu’il a découvert le judaïsme et Israël bien après la deuxième guerre mondiale, il était lycéen pendant l’occupation , il aurait même fait de la résistance. Il eut moins de chance dans ses études ayant été recalé aux différents concours. Rien à voir avec Simone de Beauvoir lauréate de l’agrégation de philosophie comme Jean Paul Sartre. Sa proximité avec Sartre, lui a permit de connaitre aussi et d’approcher la révolution algérienne en allant même à la rencontre de certains responsables du FLN. En signant le manifeste des 121 contre la torture il aura de notre point de vue réalisé le seul acte à son crédit
Claud Lanzmann aura réussi à faire changer d’avis à Jean Paul Sartre concernant la cause palestinienne ce qui a terni du même coup la considération qu’avait Sartre auprès de l’élite intellectuel arabe En fait le vrai combat de Claude Lanzmann pour lequel il a lutté est celui de la défense d’Israël quel qu’en soit le prix quels que soient les multiples erreurs ; quelles que soient les souffrances des Palestiniens lui l’homme prétendu de gauche Il le dit lui-même il est viscéralement lié à Israël.
Rien à voir avec la position élégante du philosophe Jacques Dérrida né à El Biar ( Alger) qui toute sa vie, témoigna de sa tendresse pour l’Algérie et qui en l’occurrence en tant que juif s’agissant du conflit palestinien eut une position plus équilibrée. : « Je parle ici, écrit il comme Algérien devenu français un moment donné, ayant perdu sa citoyenneté française, et l’ayant retrouvée. Parmi toutes les richesses culturelles que j’ai reçues, que j’ai héritées, ma culture algérienne est parmi celles qui m’ont le plus fortement soutenu. L’héritage que j’ai reçu de l’Algérie est quelque chose qui a probablement inspiré mon travail philosophique. ( ) »