La mort d’Oussama Ben Laden, le présumé chef de l’organisation terroriste Al Qaïda, a suscité des réactions multiples et mitigées des formations politiques nationales.
Entre compassion et rejet catégorique des faits relatés et repris par les sites et sources d’informations mondiales, les partis politiques algériens ont eu une réaction très timide. Ils préfèrent laisser le temps au temps pour connaître la vérité sur ce personnage entouré de mystère. Le FLN s’interroge sur cette mort et se demande si elle est réellement la dernière qu’aura eue Oussama Ben Laden.
«Ce personnage devenu mythique a eu plusieurs morts et plusieurs annonces dans le genre. Est-ce que cette dernière annonce de sa mort est la dernière et définitive ou fait-elle partie des derniers événements que connaît le monde ces dernières années», s’est interrogé Kassa Aïssi, porte-parole de l’ex-parti unique.
La thèse selon laquelle la mort de Ben Laden signifie la fin du terrorisme dans le monde est révoquée par le FLN qui estime que l’Algérie a longuement souffert du terrorisme et de ses multiples méfaits, qu’elle a combattu seule et pendant de longues années avant que le monde entier ne se réveille et ne prenne conscience que la lutte contre ce phénomène nécessite la contribution de tous.
«Il appartient à ceux qui ont créé ce personnage d’imaginer la suite des évènements et surtout l’impact qu’aura ce phénomène sur les différents pays du monde», a-t-il indiqué, en soulignant que le terrorisme continue d’exister sous d’autres formes et fait des victimes quotidiennement en Palestine, au Sahara occidental et en Somalie. «Je pense que cela mérite une réflexion plus large et approfondie sur le phénomène».
A propos de la façon choisie pour le faire disparaître définitivement de la terre en jetant son corps dans la mer, M. Aïssi dira qu’il faut y réfléchir longuement et revoir avec précision le parcours de cet homme qui a été l’homme de la CIA. «Le mythe en soi n’est pas dans la forme mais dans la qualification morale», a-t-il conclu.
Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, va dans le même sens en qualifiant la disparition du chef d’Al Qaïda de non-événement. «Ben Laden est mort plusieurs fois et il aurait été un agent de la CIA, selon des responsables de cette agence qui l’ont annoncé publiquement.
Cette énième mort n’est qu’un effet d’annonce», a-t-elle indiqué lors de son passage à la radio. Elle fait la liaison entre cet événement et les mutations que connaît le monde. «Les puissants de ce monde utilisent ces moyens pour déjouer les crises qui secouent leurs pays. Le président américain Barack Obama a dit que Ben Laden est mort, mais Al-Qaïda est toujours là.
Donc ce n’est pas la fin du terrorisme. C’est dire qu’ils ont besoin de cette nébuleuse pour leur politique guerrière et pour faire diversion.
C’est un moyen pour dévier l’attention de l’opinion publique sur les crises internes», a t-elle expliqué. «Il a besoin de cet effet d’annonce, tout comme d’autres pays embourbés dans des guerres dans le monde, pour étouffer les vraies appréhensions de peuples et alimenter la peur chez d’autres», a-t-elle ajouté.
Moussa Touati du FNA estime qu’Oussama Ben Laden est une simple fabrication des services de sécurité américains et ce serait trop injuste de parler de lui après sa disparition. «C’est le produit américain. Il a fait de l’excès de zèle alors ils ont décidé de mettre fin à ses jours», a-t-il résumé.
Le patron du FNA estime qu’il faut analyser le fait à partir d’une vision humanitaire et rationnelle en revenant sur tous les détails de sa vie et de son parcours militaire, marqué par une lutte sans merci contre la Russie avant de décider de défendre l’Afghanistan contre l’empire américain.
«La parole doit être donnée aux Afghans qui ne vont pas se taire», a-t-il souligné. Le terrorisme, selon Moussa Touati, est le résultat de l’injustice sociale qui prive les peuples d’une vie digne. «C’est pour cela qu’il faut s’intéresser aux vivants, à la jeunesse et à l’avenir. Ben Laden est mort et l’histoire va nous renseigner sur les véritables aspects de ce personnage, ses réalisations et les objectifs de son combat», dira M. Touati.
N. B.