Mort d’Amar Slimani en France : le récit controversé du policier qui a tiré six fois

Mort d’Amar Slimani en France : le récit controversé du policier qui a tiré six fois
Un an après la mort d’Amar Slimani, Algérien sans papiers de 32 ans abattu à Bobigny, le policier incarcéré pour avoir tiré six fois donne une version très éloignée des faits.

Un an après avoir tragiquement mis fin à la vie d’Amar Slimani, un jeune Algérien sans papiers, le policier mis en cause sort du silence pour livrer sa version des faits. L’agent, qui avait vidé la moitié de son chargeur sur Slimani, revient sur ce drame, dont la seule cause était que la victime avait passé la nuit dans le garage de sa grand-mère.

Un policier est incarcéré depuis près d’un an et demi en détention provisoire pour le meurtre d’un sans-papiers algérien Amar Slimani. Les faits remontent au 29 juin 2024, à 6 h 29 à Bobigny.

Les deux parties s’accordent sur le déroulement initial des événements : la grand-mère du fonctionnaire de police l’a alerté ce matin-là, entendant du bruit dans son garage. Le petit-fils, qui n’était pas en service, s’est alors rendu sur place à moto, a escaladé la clôture et a découvert une silhouette endormie au sol à l’intérieur de la dépendance.

Les témoignages soulignent qu’Amar n’était pas un simple squatteur. Il effectuait divers travaux pour la grand-mère du policier. En échange de son aide, et en raison de sa situation de précarité, elle l’hébergeait occasionnellement dans son jardin. C’est dans ce contexte que le drame s’est produit.

C’est à ce moment-là que les versions des faits s’opposent. Selon l’avocat de la famille de la victime, Yassine Bouzrou, le policier a immédiatement tiré six balles sur le corps d’Amar Slimani, qualifiant cet acte de « crime raciste« . Rappelons, cet événement a mené à une manifestation devant le tribunal, attirant notamment les députés de la France Insoumise, Mathilde Panot et Thomas Portes.

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Le policier donne une version très éloignée des faits

Le policier impliqué dans ce drame rejette fermement la thèse de l’exécution avancée par la partie civile. Dans son rapport, il affirme avoir annoncé sa présence et son statut d’officier, avant d’entamer une interpellation. Si la victime a d’abord paru coopérative, elle aurait ensuite refusé d’obtempérer aux ordres de rester au sol.

Le policier dépeint une montée de l’agressivité : le jeune homme se serait relevé, puis se serait avancé vers lui de manière « provocatrice et menaçante« , l’interpellant agressivement. Face à ce qui est perçu comme une confrontation imminente, le policier raconte avoir dégainé sa matraque télescopique.

Selon le récit du policier, auteur du crime, la confrontation s’est transformée en une attaque imminente. Il décrit Amar Slimani se tournant vers l’établi, se saisissant « d’un outil métallique« , identifié plus tard comme un pistolet à enduit, puis le brandissant pour le charger très rapidement et sans un mot. Le policier affirme avoir été pris de vitesse : « il avait gagné le rapport de force vu (…) que j’étais statique« .

La justice doute de la légitime défense invoquée par le policier

La mère de l’auteur du crime a renchéri auprès de la presse française, décrivant une tentative de fuite : « Mon fils s’est enfui dans le jardin, car il a vu qu’il ne faisait pas le poids« . Poursuivi par Amar dans l’allée, le policier se serait retrouvé acculé au portail. C’est à cet instant, voyant l’homme lever l’objet au-dessus de sa tête, qu’il aurait craint sur sa vie, convaincu qu’il « allait lui fracasser la tête« . Il a alors tiré six coups de feu successifs, en moins de deux secondes, atteignant la victime.

Immédiatement après les tirs, le policier affirme avoir prodigué les premiers secours et alerté le 17. Le sans-papiers est malheureusement décédé des suites de ses blessures.

À défaut de témoins directs, le policier peine à convaincre le juge d’instruction de sa version de légitime défense. Bien que le parquet de Bobigny ait requis son placement sous contrôle judiciaire, le policier reste incarcéré après le refus de toutes ses demandes de remises en liberté. Durant sa détention, la grand-mère, âgée de 94 ans, à l’origine de l’alerte, est décédée.

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