Quinze mois après la mort d’Amar Slimani, un ressortissant algérien de 32 ans en situation irrégulière en France, le policier mis en cause reste incarcéré. L’information judiciaire ouverte à son encontre remet en question sa version de légitime défense justifiant son maintien en détention provisoire. Malgré le rejet de toutes ses demandes de remise en liberté, sa famille continue de dénoncer ce qu’elle qualifie « d’injustice« .
Le 29 juin 2024, à Bobigny, Eric G. a abattu un ressortissant algérien en situation irrégulière qui dormait dans le garage de sa grand-mère. Placé en détention provisoire depuis quinze mois, le mis en cause clame la légitime défense, mais ses multiples demandes de remise en liberté ont toutes été rejetées.
L’enquête dans la mort d’Amar Slimani révèle un point de divergence majeur dans le déroulement des événements. Les deux parties s’accordent sur l’origine des événements : alerté par sa grand-mère qui entendait du bruit, Eric G., qui n’était pas en service, s’est rendu sur place. Il a escaladé la clôture et y a trouvé une personne endormie.
Or, les témoignages précisent qu’Amar n’était pas un squatteur inconnu : il rendait des services à la vieille dame et, en raison de sa précarité, était occasionnellement logé dans le jardin avec son accord. C’est dans ce contexte que le drame s’est produit.
C’est là que les récits s’opposent radicalement. L’avocat de la famille de la victime, Yassine Bouzrou affirme que le policier a immédiatement attiré six balles sur Amar Slimani, qualifiant ce drame de « crime raciste« .
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Le récit controversé du policier qui a tué Amar Slimani
Eric G., un policier hors service, se rend seul au domicile de sa grand-mère à Bobigny. Il s’équipe de son brassard et découvre dans le garage de la dépendance, un ressortissant algérien, Amar Slimani, endormi. Selon le rapport d’Eric, après l’avoir interpellé, l’homme aurait d’abord semblé coopératif avant de se lever le forçant à appeler les renforts.
La version d’Eric indique que l’individu serait devenu « provocateur et menaçant« , forçant le policier à dégainer sa matraque. La situation s’emballe lorsque Amar Slimani aurait saisi un pistolet à enduit. Se sentant acculé et poursuivi alors qu’il tentait de fuir, le policier a ouvert le feu à six reprises pour « éviter de mourir« . Cinq balles atteignent l’homme, qui décède peu après, malgré les tentatives de réanimation.
Malgré son récit de légitime défense et les garanties présentées par sa famille (comme les promesses d’embauche et un lieu d’accueil), le policier a été placé et maintenu en détention provisoire. Quinze mois après les faits, toutes ses demandes de mise en liberté ont été rejetées.
Cette décision judiciaire, selon sa famille et son avocat, constitue « un acharnement injustifié« , soulignant que la détention continue « n’a aucun sens puisque le risque de récidive est inexistant« .
L’avocat de la famille de la victime dénonce un « crime raciste »
L’information judiciaire concernant le policier mis en cause dans la mort de Amar Slimani est alimentée par plusieurs éléments à son encontre. Une expertise psychologique, menée peu après les faits, décrit Eric G. comme un « psychorigide » peu enclin à l’introspection et n’exprimant que peu d’empathie pour la victime.
Pour la partie civile, représentée par l’avocat Yassine Bouzrou, l’acte est considéré comme « un crime raciste« , conviction renforcée par le soutien du Rassemblement national affiché à la famille du policier.
De plus, la reconstitution des faits a permis à l’avocat des proches d’Amar Slimani de prouver « les nombreux mensonges du policier » et de juger « sa version totalement contraire à la vérité« . En effet, Bouzrou réfute l’argument du « rapport de force perdu« , soulignant que le pistolet à enduit brandi par la victime ne faisait pas le poids face à l’arme du service du policier, âgée de 94 ans.
Enfin, l’avocat insiste sur le fait qu’Amar Slimani n’était pas un « squatteur« , mais un travailleur clandestin effectuant des travaux pour la grand-mère du policier et dénonce le fait que les six balles tirées révèlent la volonté du policier de ne laisser « aucune chance » à sa victime.
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