Montée d’actes antimusulmans en France, L’amalgame qui ouvre la voie aux dérapages

Montée d’actes antimusulmans en France,  L’amalgame qui ouvre la voie aux dérapages

Les actes “antimusulmans”, au nombre de 70, qui se sont produits en France depuis l’attaque contre “Charlie Hebdo”, le 7 janvier dernier, traduit l’amalgame qui est fait entre les musulmans et les islamistes radicaux, d’où l’inquiétude de la communauté musulmane dans l’Hexagone, dont le nombre avoisine les cinq millions.

Craignant une propagation des actes antimusulmans, devenus légion depuis l’attaque des frères Kouachi contre le siège du journal Charlie Hebdo, la communauté musulmane en France ressent une vive inquiétude, comme l’a souligné hier le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie en France, Abdallah Zekri, dans un entretien accordé à l’APS.

Les dernières atteintes aux lieux de culte musulmans, visés par des tirs d’armes à feu ou d’autres projectiles en France, ont eu lieu mercredi soir au Mans et à Port-la-Nouvelle. À Villefranche-sur-Saône, une explosion d’origine criminelle s’est produite, jeudi dernier, devant un snack kebab jouxtant la mosquée de la ville. Cette montée des actes antimusulmans, à travers l’Hexagone ces derniers jours, est d’une “gravité exceptionnelle” dans toute l’Europe.

Indiquant que “70 actes antimusulmans ont été enregistrés depuis l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi dernier”. Abdallah Zekri a estimé que “ce chiffre est loin de la réalité”, tout en signalant qu’“un bon nombre de musulmans ont reçu des menaces allant jusqu’à la mort, mais ils n’ont pas déposé plainte”. Il a tenu à rappeler le rôle important qu’a joué la “communauté musulmane en France durant la Deuxième Guerre mondiale” et “la contribution des musulmans dans le développement économique et industrielle”. Le président de l’observatoire a également mis en garde contre “des groupes dangereux qui activent sur les réseaux sociaux qui appellent même à l’assassinat des musulmans”. Dans le but de prévenir et faire face à une éventuelle propagation des actes hostiles aux musulmans, Abdallah Zekri a estimé que “la fermeture des sites Internet qui appellent au meurtre, aux violences, est l’une des mesures que les autorités compétentes doivent prendre d’urgence”. Selon lui, “la justice française doit passer à l’acte en sanctionnant toute atteinte à ce vivre-ensemble sur le territoire”, avec “des lois plus sévères contre tout discours incitant à la violence”. Signalant l’importance d’une “formation qualifiée des imams”, il a précisé que face à cette menace, “il est souhaitable et nécessaire que les responsables du culte musulman se concertent et travaillent ensemble, afin de protéger l’image de notre islam”. Abdallah Zekri a, par ailleurs, déploré “les amalgames et stigmatisations à l’encontre des musulmans, qui sont les premières victimes du terrorisme”. Il a martelé qu’“il y a une contamination en Europe de ces actes de violences à l’encontre de la communauté musulmane, en Suisse comme en Allemagne”, avant de prévenir qu’“il faut arrêter de faire peur aux gens, avant que des drames se produisent”. “Il faut arrêter avec ces amalgames, on n’a pas créé ce fléau, les musulmans veulent vivre dans la paix”, a-t-il conclu. Faisant allusion à la récente déclaration du Premier ministre français, Manuel Valls, qui disait que “la France sans les juifs ne serait plus la France”, Abdallah Zekri a soutenu que “la France sans les musulmans ne serait pas la France”.