A six mois de la Coupe du monde, les relations orageuses entre le sélectionneur algérien Vahid Halilhodzic et son président Mohamed Raouraoua polluent le climat local.
Valhid Halilhozdic
Le président de la fédération algérienne (FAF) Mohamed Raouraoua et son sélectionneur Vahid Halilhodzic se sont envoyés de virulentes charges par médias interposés ces dernières heures. Objet du litige: le patron attend un choix ferme avant la fin du mois quant à la prolongation proposée pour l’après Mondial 2014. L’ancien entraîneur du PSG n’a pas tardé à riposter: «Qui a parlé d’ultimatum? Je n’ai entendu parler d’aucune date limite.» Halilhodzic souhaite, en fait, ne prendre sa décision qu’au 30 juin, date de la fin de son contrat. Une explication entre les deux hommes est attendue prochainement. Décryptage.
Pourquoi cela crashe-t-il ?
Homme providentiel du football algérien qu’il vient de qualifier à deux reprises à un Mondial, Mohamed Raouraoua, membre du bureau exécutif de la FIFA, sait ce qu’il veut. Et aime que les choses avancent comme lui le décide… Cette équipe d’Algérie (23 ans de moyenne d’âge), il souhaite la voir continuer à grandir encore un peu avec Vahid, et notamment à la prochaine CAN 2015, organisée au Maroc. Entre son coach et lui, cela a fonctionné comme un contrat moral depuis le début de l’aventure en septembre 2011. Ce sont aussi deux gros ego qui cohabitent. Halilhozdic n’a d’ailleurs cessé de répéter qu’il pouvait partir quand il le voulait. Ce qui a fini par excéder le boss en attente désormais d’une réponse ferme. D’autant que ce dernier considère avoir sauvé la peau de son coach après l’échec de la CAN 2013 (éliminé au premier tour).
Vahid veut-il partir avant le mondial ?
Dans les faits, cela est possible. Raouraoua a ouvert la porte: «Il est libre de partir maintenant si il le souhaite.» Déjà débarqué en 2010 de Côte d’Ivoire, après avoir qualifié les Eléphants au Mondial, Halilhozdic pourrait de nouveau voir le tournoi se dérober sous ses pieds. On l’imagine pourtant mal vouloir quitter ce poste après s’être investi pendant 2 ans et demi pour renouveler cette sélection à 90%. Il y a aussi transformé le style de jeu des Fennecs en améliorant le rendement offensif. Et il a qualifié l’Algérie à son quatrième Mondial. S’il présente publiquement sa sélection comme une équipe moyenne, il tient un tout autre discours à ses joueurs, et leur a fixé comme objectif d’atteindre les 8es de finale. Concrètement, l’ancien coach du PSG est en position de force. Pour le président Raouraoua, un limogeage serait un échec, et ce ne sont pas les noms balancés à l’emporte pièce comme ceux de Lippi, Trapattoni et consorts qui amadoueraient une opinion publique conquise par celui qu’elle surnomme affectueusement «Halilo». Alors pourquoi changer ?
Et maintenant ?
Les prochains jours devraient être décisifs. Le Bosnien devrait notamment se faire plus discret dans les médias, et certainement avoir une explication franche avec son président. Selon la réponse de son coach, Mohamed Raouraoua va devoir trancher… Un changement de coach à six mois d’une Coupe du monde serait un tsunami. En plus d’une dynamique sportive brisée, cela sèmerait le doute dans l’esprit de joueurs, choisis par Vahid Halilhozdic. Ce dernier souhaite se donner du temps pour étudier d’éventuelles propositions en juin. Son nom circule déjà du côté de la sélection du Qatar, des approches auraient déjà eu lieu. Il n’a jamais aussi caché son ambition de revenir en Europe à la tête d’un bon club. Et l’Algérie dans tout cela? La porte n’est pas totalement fermée. Il n’est, en plus, pas malheureux avec des conditions de travail très confortable et un salaire d’environ 80 000 euros net. Le président Raouraoua ne voit pas, lui, l’Algérie comme un plan B, et souhaite avoir des garanties très rapides sur l’envie de son sélectionneur.
Nabil Djelit/France football