Marcello Lippi, sélection- neur de l’Italie, championne du monde, a estimé que l’âge de ses cadres, plus de 30 ans pour la plupart, n’était «pas un problème» pour une compétition d’un mois. Le technicien effectuait un tour d’horizon avec la presse étrangère à Rome, à moins de 90 jours de l’ouverture de la Coupe du Monde 2010.
Q: Pour la deuxième saison de rang, l’Italie risque de n’avoir aucun club en quarts de finale de la Ligue des Champions. C’est signe de la perte de compétitivité du football italien…
R: Le football anglais est représenté par Manchester, Chelsea et Arsenal qui ont des propriétaires étrangers, des entraîneurs étrangers et la plupart des joueurs sont étrangers. Qu’est-ce qu’il y a d’anglais là-dedans? Bien peu. Et qu’est-ce qu’il y a d’italien dans l’Inter avec toutes ces nationalités et un entraîneur étranger, ou au Milan, même s’il y a quelques joueurs (italiens) ? Ce sont des équipes italiennes, mais elle ne sont pas l’expression du football italien. Le football italien, c’est Palerme, Cagliari, Genoa ou le Chievo, des équipes qui jouent un bon football, en plus de la «Nazionale».
Q: On parle beaucoup de la présence du jeune Balotelli au Mondial. Mais vous ne l’avez encore jamais convoqué. R: Chaque pays a ses polémiques. Au Brésil, il y a Ronaldinho. En Italie, il y a Balotelli. Mais il y a des sélectionneurs qui font leurs choix, avec leurs motivations liées à la construction d’un groupe.
Ce sont des joueurs talentueux, mais ça ne veut pas dire qu’on doit forcément les sélectionner. Mais je n’ai jamais dit qu’untel était convoqué et qu’untel était écarté, il n’y a personne ‘’dedans ou dehors» et, jusqu’à la mi-mai, je regarde tout le monde.
Quant à Balotelli, il a de grandes qualités, et je suis sûr que lorsqu’il aura terminé son processus de maturation à l’Inter, il n’y a aucun doute que ses qualités seront utiles à la sélection.
Q: Le fait de convoquer Balotelli, d’origine ghanéenne, ne serait-il pas un pied de nez aux racistes?
R: Tout le monde sait que je suis contre toute forme de racisme. Mais un sélectionneur ne peut faire un choix pour ce motif.
R: Et puis, il joue déjà en sélection espoirs avec Ogbonna et Okaka (qui sont aussi d’origine africaine, NDLR). Et j’ai déjà convoqué Santacroce (métis d’origine brésilienne, NDLR). Quand je jugerai que le moment est venu de le convoquer, je le ferai, mais exclusivement sur des bases techniques.
Q: La plupart des joueurs cadres de la Nazionale ont plus de 30 ans. Ce n’est pas rédhibitoire pour un Mondial? R: Si je devais faire toute une saison avec cette équipe, je ferai probablement d’autres choix. Mais pour un mois, ce n’est pas un problème.
R:La qualité d’un joueur, ce n’est pas seulement l’âge ou la technique, il y a l’enthousiasme, l’expérience, le charisme, la sagesse et l’habitude des rencontres internationales… Il s’agit d’un mois et de 6-7 matches. On n’a pas besoin d’avoir forcément des joueurs de 24 ans.
Q: Le dernier match face au Cameroun (0-0, le 3 mars) n’a pas été très brillant.
R: Après la rencontre, où il nous manquait 6 ou 7 joueurs importants et où j’ai fait débuter deux jeunes, tout le monde a dit: «Ils sont loin de la condition».
Mais aujourd’ hui, il n’y a rien qui compte. C’est juin qui compte.
Q: Vous allez rester après la Coupe du monde?
R: Cela ne m’intéresse pas de parler du futur. Parler de l’après-Mondial, ça n’a aucun sens aujourd’hui.
