Monde arabe, Les « Frères », persona non grata ?

Monde arabe, Les « Frères », persona non grata ?

L’Egypte, qui salue la décision saoudienne, appelle les pays arabes qui ont signé le traité de lutte antiterroriste de la Ligue arabe en 1998 et ceux qui réalisent que leurs ressortissants qui combattent en Syrie représentent un risque sécuritaire majeur quand ils rentreront chez eux à faire de même.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui a signé un décret interdisant à ses sujets de participer à des hostilités hors du royaume et d’adhérer à des groupes religieux radicaux, emboîte le pas à l’Egypte qui est entrée en guerre contre les Frères musulmans depuis la destitution du président Morsi.

Il a décidé de classer dans une liste nouvellement créée, la confrérie des Frères musulmans comme « organisation terroriste ». L’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front Al-Nosra, deux groupes terroristes qui combattent en Syrie, le Hezbollah (saoudien) les rebelles chiites zaïdites dits Houthis au Yémen sont portés également sur liste aux côtés d’al-Qaïda.

Dans cette escalade contre la confrérie, le souverain wahhabite lance un ultimatum à ses ressortissants combattant à l’étranger. Il leur donne jusqu’au 21 mars prochain, délai de rigueur, pour rentrer au pays. Faute de quoi, ils devront faire face à la justice. Outre ces décisions, le royaume interdit aux Frères toute activité. Y compris via internet. Et encore moins lancer des appels à manifester. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur du Royaume, toute personne qui « appuiera moralement ou financièrement » les organisations incriminées, « exprimera de la sympathie » à leur égard ou fera leur « promotion à travers les médias ou les réseaux sociaux » sera poursuivie en justice.

« Les appels, la participation, la promotion ou l’instigation aux sit-in, manifestations, rassemblements et communiqués communs » sont passibles de prison, ajoute le texte. Selon les analystes, Riyad, qui a annoncé, début février, que tout Saoudien participant à des combats à l’étranger et faisant partie de « groupes terroristes » est passible d’une peine allant de trois à 20 ans de prison, veut parer à toute menace. Notamment celle que pourrait susciter le retour de ses centaines, voire des milliers de ressortissants déployés en Syrie dans les rangs d’al-Nosra ou de l’EIIL. Riyad semble garder en mémoire les attaques menées entre 2003 et 2006 par des vétérans de l’Afghanistan.

L’Egypte, qui salue la décision saoudienne, appelle les arabes pays qui ont signé le traité de lutte antiterroriste de la Ligue arabe en 1998 et ceux qui réalisent que leurs ressortissants qui combattent en Syrie représentent un risque sécuritaire majeur quand ils rentreront chez eux à faire de même. Premier à réagir à cet appel, la Mauritanie. En effet, Nouakchott a ordonné la fermeture d’établissements caritatifs musulmans actifs. Parmi ces établissements, l’omniprésente « Association de l’avenir pour le prêche, la culture et l’enseignement » qui appartient à cheïkh Mohamed El-Hacen Ould Dedaw, le père spirituel des Frères musulmans qui a été arrêté en 2003 après une tentative de putsch contre le régime de Maâouiya Ould Taya menée par les « Cavaliers du changement », accusés d’être de connivence avec les islamistes. Selon le ministère de l’Intérieur, les établissements fermés seraient « sortis du domaine de leur mission ».

« Certains ont cherché, à travers leurs moyens d’information, à faire l’apologie de pratiques inconnues dans notre société », avance Sidi Mohamed Ould Maham, porte-parole du gouvernement. Est-ce la fin des Frères musulmans ? Après la chute de Morsi en Egypte, le départ d’Ennahdha du gouvernement tunisien, à qui le tour ?

Djamel Boukrine