La politique participationniste et entriste du Mouvement de la société pour la paix (MSP) est une erreur, a considéré hier le nouveau président du parti, Abderrezak Mokri, qui «présente des excuses au peuple algérien», et promet dans la foulée de rectifier le tir en optant pour l’opposition, «un acte de patriotisme», a-t-il qualifié
S’exprimait hier au forum du quotidien Liberté, le président du MSP, élu au dernier congrès par trois quarts des voix, prône désormais «une nouvelle ligne politique» faite à base de rapprochement avec les différents dissidents du parti, les partis de la mouvance islamistes mais aussi d’autres partis d’opposition qui épousent les idées du MSP pour un changement «radical mais pacifique». Expliquant la politique «participationniste» de son mouvement qui a fait partie du gouvernement et de l’Alliance présidentielle avant de les quitter, par l’impossibilité d’un changement à l’intérieur du régime mais aussi par la nécessité qu’exigeait la décennie noire qu’a vécue le pays.
«Il fallait faire face à l’extrémisme religieux», a-t-il justifié affirmant que même alors il y avait des gens au sein du parti qui étaient contre cette politique entriste, «mais ils étaient minoritaires». Le président du MSP, qui parle d’échec de la politique entriste prônée par son prédécesseur, dira au peuple algérien :
«Nous assumons notre part de responsabilité (dans l’échec de la politique gouvernementale), il est de notre devoir de nous excuser auprès des Algériens», a-t-il lâché avant de dire que désormais «nous œuvrons à crédibiliser la classe politique» en jouant le rôle d’un «contre-pouvoir par tous les moyens légaux et politiques». L’inscription du MSP dans l’opposition est «un acte patriotique», a commenté Mokri pour qui tout compte fait, l’Alliance présidentielle par exemple «qui est en panne, n’a servi à rien».
«Elle n’a servi ni la classe politique ni le pays ; elle a peut-être servi ceux qui tirent les ficelles»,
a-t-il nuancé affirmant qu’elle a permis au MSP de «mûrir». «Elle a fait de nous un grand parti», s’est-il réjoui, un parti qui compte aujourd’hui fédérer l’opposition pour faire «un contre-pouvoir», car le pouvoir actuel «a induit en erreur les Algériens qui vivent dans une situation démoniaque».
«Nous nous attelons déjà à la réunification des rangs de la maison de cheikh Nahnah», a-t-il dit dans son allocution d’ouverture révélant l’existence d’un «projet dans ce sens avec le Front du changement de Abdelmadjid Menasra» et «des contacts sont en cours avec le Taj de Amar Ghoul».
L’Alliance de l’Algérie verte (AAV) est aussi appelée, selon lui, à s’élargir. «Le MSP n’est pas un parti fermé, il est ouvert à tous les Algériens», a-t-il dit avant de préciser que son parti «n’est jamais pour un Etat théocratique» et «ne craint pas le salafisme» pour peu que ce dernier respecte la règle démocratique et l’alternance au pouvoir. Le projet du MSP est, selon Mokri, semblable à celui du parti d’Erdogan en Turquie. Séduit par ce dernier, il expliquera qu’économiquement ce modèle «a réussi». Interrogé sur la révision constitutionnelle, le président du MSP, qui opte pour un régime parlementaire, souhaite que celle-ci soit reportée pour après l’élection présidentielle de 2014.
Il dira dans le même ordre d’idées, qu’il est prématuré de parler d’une candidature du MSP, dont le choix revient au conseil consultatif. Mais il révèlera «des contacts et des concertations» avec d’autres formations politiques. Sur la corruption, il dira qu’elle est liée à deux phénomènes, à savoir la manne financière importante et la perte de la possibilité de contrôle. Si on arrive à constituer un contre-pouvoir, on y mettra fin», a-t-il commenté égratignant au passage «la diplomatie algérienne». «Toutes nos frontières sont en feu», a-t-il dit.
Saïd Mekla