Mokrane Ait Larbi : « l’Armée doit convaincre le président de prendre des mesures urgentes et audacieuses »

Mokrane Ait Larbi : « l’Armée doit convaincre le président de prendre des mesures urgentes et audacieuses »

L’avocat Mokrane Ait Larbi a saisi l’occasion du 26ème anniversaire des événements d’octobre 88 pour remettre à nouveau sa proposition de sortie de crise. Dans une lettre publiée dimanche sur sa page Facebook, il note que ces événements ont certes mis un terme au parti unique mais la pensée unique demeure à l’ère du pluralisme de façade.

Pour cet ex sénateur qui avait démissionné, les événements d’octobre n’ont pas conduit la classe politique, pouvoir et opposition, à en analyser les causes et les conséquences pour dégager des nouvelles perspectives politiques au pays. Et, analyse t-il encore, la situation d’impasse actuelle est un peu la résultante d’une mauvaise lecture des événements d’octobre de la part du pouvoir qui a fait le choix de sauvegarder ses intérêts au lieu d’engager les ruptures qui s’imposaient.

La situation actuelle, décrit cet avocat, se caractérise par une crise avec un pouvoir « qui se cache derrière un président que personne n’a vu ni entendu depuis sa prestation de serment » soutenant mordicus affirmant qu’il « est en bonne santé, qu’il gère de façon normale les affaires du pays ».

Mais Ait Larbi n’est pas plus tendre avec l’opposition qu’il accuse d’être « en panne d’idées novatrices et claires » et de « manquer de crédibilité pour pouvoir proposer un projet global » qui soit de nature à ouvrir la voie « à un changement politique avec des mitoyens pacifiques ».

LG Algérie

En revanche, il observe que l’opposition fait de l’application de l’article 88 de la constitution son cheval de bataille pour faire constater la vacance du pouvoir. Selon lui, cette voie conduit à une impasse car le Conseil Constitutionnel, comme les deux chambres du parlement ne sont pas en état de destituer le président pour la simple raison que le jeu est verrouillé par le président lui-même, les trois institutions lui étant totalement acquises, alors que l’opposition parlementaire n’a même pas assez de députés pour faire passer une proposition de loi.

Ait Larbi reproche aussi à cette même opposition de faire peu de cas du rôle que doit jouer l’institution militaire dans le cadre d’un changement politique démocratique. Selon lui, le rôle de l’armée en l’occurrence est de prendre des mesures urgentes et audacieuses », dés lors qu’il s’agit de sauver le bateau Algérie.

En fait Ait Larbi attend de l’Armée de faire répéter l’histoire, autrement dit convaincre Bouteflika qu’il n’est plus l’homme de la situation, comme elle avait convaincu en 1991 Chadli Bendjédid de démissionner. Le plan de sortie de crise que propose l’avocat doit commencer par la désignation d’une personnalité nationale attachée à la démocratie pour conduire un gouvernement de compétences, lequel doit proposer un programme exceptionnel de transition.

Pour sa part, le parlement actuel sera en charge de préparer un projet de constitution consensuelle avec en toile de fond une nouvelle loi sur les partis politiques, les associations, la loi sur l’information. Également mettre en place des mécanismes pour une véritable élection législative qui soit l’expression de la volonté populaire.

Tout cela à une condition note Ait Larbi : l’engagement de la classe politique à soutenir l’action de l’Armée et les services durant cette phase de transition pour lui permettre de combattre le terrorisme . Enfin, il propose l’ouverture d’un grand débat national sur toutes les grandes questions restées sans réponses depuis octobre 88. Mokrane Ait Larbi considère enfin que cette méthode est de nature à ouvrir la voie au pouvoir et à l’opposition pour un changement démocratique et pacifique.