Mokrane Aït Larbi : “La présidentielle anticipée pourrait être une solution si…”

Mokrane Aït Larbi : “La présidentielle anticipée pourrait être une solution si…”

 Mokrane Aït Larbi a profité de la dernière réunion de l’Instance de suivi et de coordination de l’opposition (Isco) pour réagir aux propositions de cette dernière dans sa page facebook, tout en donnant son point de vue sur ce que pourrait être “la” solution pour une sortie de crise sans vagues ni remous.

L’avocat, qui garde un œil sur la scène politique, commence par revendiquer un peu la paternité de l’élection présidentielle anticipée, en rappelant qu’il avait rendu public un communiqué dans lequel il réclamait “l’organisation des élections présidentielles et législatives anticipées dans une période qui se situe entre 12 et 18 mois, à commencer à partir d’avril 2014, après la mise en place de mécanismes appropriés pour des élections libres et honnêtes”. Pour l’ancien sénateur, rebondissant sur la revendication de l’Isco, relative à la mise en place d’une commission indépendante pour l’organisation de la présidentielle anticipée, cette démarche doit impérativement passer par une révision de la loi électorale. “Il ne faut en aucun cas attendre la veille de l’échéance pour arrêter une date”, préconise-t-il en appelant “les députés de l’opposition à faire d’ores et déjà des propositions dans ce sens”.

Ce sera, de son point de vue, “un test pour ceux qui se cachent derrière la loi sur la fraude électorale”. Mokrane Aït Larbi note, dans son texte, le fait que l’Isco ait renoncé à sa revendication de mise en branle de l’article 88 de la Constitution pour se placer  désormais sur le terrain de la présidentielle anticipée. “Mais l’Isco ne précise pas comment se fera cette opération”, objecte-t-il en précisant que “Si la déclaration de la vacance de pouvoir dépend théoriquement du Conseil constitutionnel et du Parlement”, dans les faits, l’organisation d’une présidentielle anticipée dépend de la seule volonté du président de la République. Et de citer, à l’appui de son interprétation de la loi, le cas du président Liamine Zeroual qui avait décidé de son plein gré d’écourter son mandat et de convoquer une présidentielle anticipée,  tout en demeurant en poste jusqu’à l’investiture du président élu, afin d’assurer la continuité de l’État.

Pour Mokrane Aït Larbi, une présidentielle anticipée pourrait, effectivement, être une “issue tant pour le pouvoir que pour l’opposition”. Mais il pose un certain nombre de préalables pour la faisabilité de l’opération. Et c’est là  le point fort de sa proposition. “Il faut convaincre le président de la République qu’elle (la présidentielle anticipée) va dans l’intérêt du pays, dans son intérêt personnel, vu son état de santé, et de ce qui pourrait advenir si jamais la rue venait à se soulever”. Mais qui peut alors convaincre le chef de l’État de partir, vu son attachement au pouvoir ? Le commandement de l’Armée soutient mordicus Aït Larbi.

Or l’Isco ne partage pas cette vision et ne veut reconnaître aucun rôle à l’institution militaire, relève l’avocat pour qui, en l’absence d’un soulèvement de rue, ce sera donc le statu quo. “On restera encore dans la salle d’attente”, dit-il, ironique. Il y a donc une divergence profonde entre Aït Larbi et l’Isco, qu’il ne ménage pas, par ailleurs, dans une autre partie de son texte, en lui reprochant de limiter, pour le moment, son action à des réunions périodiques dans les ambiances feutrées des bureaux capitonnés. “La mobilisation du peuple ne se fera pas juste avec des réunions, mais exige un travail quotidien sur le terrain”, dit-il, en suggérant à la CNLTD  d’“organiser des conférences hebdomadaires dans dix wilayas pour mettre le pouvoir devant le fait accompli”.

LG Algérie

Enfin, Aït Larbi se fera aussi l’avocat du FFS en volant un peu au secours de sa direction actuelle qui peine à vendre son initiative de “consensus national”. Il écrit que “Le FFS a lancé une initiative et son droit qu’on soit pour ou contre. Mais on ne peut, pour autant, affirmer qu’il existe un deal entre le FFS et le pouvoir pour sauver ce dernier, comme le prétendent certains”. Entendre : la CNLTD. Et d’en rajouter une autre couche en disant que : “On ne peut pas dire non plus que le but de l’initiative du FFS est de parasiter la démarche de la CNLTD”. Au contraire, propose-t-il : “Nous devons saluer toute initiative ayant pour finalité un changement politique pacifique et démocratique, sans exclusion”. Puis, de conclure, en disant qu’il est malvenu de “donner des leçons d’opposition au FFS”.

O. O.