Mois du patrimoine: Beni Isguen (M’zab), le ksar le mieux préservé de la vallée

Mois du patrimoine: Beni Isguen (M’zab), le ksar le mieux préservé de la vallée

1df07fc109963c78b71a003a4f32ba13_XL_23090_theme5_620_350.jpgDe tous les ksour de la vallée du M’zab, classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, Beni Isguen, vieux de près de 7 siècles, est celui qui s’affiche le plus comme un modèle de préservation du timbre architectural particulier de la région.

Erigé à partir de l’an 1347 sur une colline rocailleuse faisant face aux ksour de Mélika et de Bounoura, Beni Isguen se distingue par sa grande muraille, ses portes, ses tours de surveillance et la grande place de marché « Lalla aâchou » connue pour la vente à la criée qui s’y déroule régulièrement.

Ce ksar, qui n’a pris sa forme définitive qu’en 1880, marque sa différence surtout par sa muraille défensive, dont la construction a duré près de cinq siècles malgré une envergure relativement modeste de 1.525 mètres de long sur trois mètres de haut.

Le grand mur est orné de plusieurs tours de surveillance dont « Bordj Boulila » qui trône sur le point culminant de la fortification, offrant au visiteur une vue imprenable à la fois sur le ksar, la palmeraie, les habitations traditionnelles, les étroites ruelles et les places publiques.

Plusieurs extensions urbaines ont été construites en dehors de mur du ksar ce qui a engendré la construction du nouveau ksar de « Tafilalt », une version contemporaine et fidèle à la conception et la gestion du ksar de Beni Isguen et qui compte aussi plusieurs bibliothèques dont celle du Cheikh Atfich et de Moufdi Zakaria.

S’il reste un exemple de préservation et d’entretien dans la vallée du M’zab, le Ksar de Beni Isguen souffre cependant de quelques anomalies récurrentes comme la prolifération de câbles électriques longeant les ruelles, et la construction récente de transformateurs au sommet du ksar et sur la place du Cheikh Belhadj, ce qui avait suscité une vive protestation des habitants.

Le ksar compte aussi plusieurs clôtures de maisons effondrées et abandonnées pour cause de « conflits d’héritage ou d’absence de subventions des collectivités locales » pour les réhabiliter, a expliqué le président de l’Association tourisme et développement de Beni Isguen, Brahim Hadjout, qui a salué au passage le « civisme » des habitants du ksar, qui ont aidé à la sauvegarde de l’authenticité des lieux.

Un exemple de civisme

Malgré de trop faibles subventions des collectivités locales pour la restauration des habitations d’Ath Isguen, comme aime à l’appeler ses occupants, le ksar peut encore compter en effet sur le comportement civilisé des habitants qui veillent jalousement à la perpétuation de la construction traditionnelle, a assuré à l’APS M. Hadjout.

Les visiteurs du ksar apprécient dans l’ensemble « l’urbanisme réfléchi », la propreté des lieux et l’organisation sociale qui y règnent grâce, entre autres, au comité « El Aâzzaba », une autorité sociale et religieuse ancestrale qui regroupe des sages choisis par la communauté et qui régissent le quotidien dans la société ibadite.

Ce conseil compte plusieurs filières qui interviennent dans différents domaines, à l’image de « Amanate El Omrane » (secrétariat de l’urbanisme) qui impose aux habitants de construire et de restaurer selon les normes ancestrales de l’architecture locale. A titre d’exemple, les constructions trop élevées de nature à étouffer les bâtisses voisines ou de défigurer l’aspect général du ksar sont prohibées.

La préservation de ce joyau repose aussi sur l’activité intense de la société civile, laquelle tient un rôle important par ses activités de sensibilisation, en plus de l’apport des comités de quartier qui veillent à la propreté et à l’organisation sociale du ksar.

Contrairement aux ksour de Metlili et de Menaâ, Ben Isguen a déjà bénéficié de plusieurs programmes de restauration de la muraille et des tours depuis son classement a patrimoine culturel national en 1971, ce qui a beaucoup aidé à la préservation de son authenticité, même si les inondations de 2008 ont encore fragilisé certains édifices comme la vieille mosquée.