Nombreuses sont les manifestations célébrant la journée mondiale de l’enfance, qui coïncide avec le 1er juin, et la journée de l’enfant africain, le 16 juin, organisées par les différents organismes de l’ONU et des associations.
C’est bien de fêter l’enfance mais une journée sur 365 jours suffit-elle pour donner aux enfants leurs droits et lutter contre l’exploitation des enfants ? Nombreux sont les enfants en bas âge, qui sont obligés de travailler pour survivre.
A Oran et à instar des autres villes du pays, des enfants en bas âgés sont plongés dans le monde du travail. A l’avenue Bastille, au quartier Ibn-Sina (ex-Victor-Hugo), des garçons âgés entre 12 et 16 ans sont recrutés par des patrons de garage de mécanique de voitures.
La législation algérienne bannit le travail des enfants, avant 16 ans. Ceci en théorie, mais dans la réalité, la situation est tout autre. Des gamins, n’ayant pas atteint l’âge requis, sont soumis à de pénibles besognes pour aider leurs familles à subsister.
Scolarisés ou non, ils travaillent dur comme fer pour gagner quelques dinars, qui couvrent des besoins vraiment élémentaires. N’ayant ni les aptitudes physiques ni psychologiques nécessaires, les enfants – à un âge où ils devraient être à l’école – se retrouvent contraints d’intégrer le monde du travail, avec tous les risques de détérioration physique due au surmenage, à l’exposition aux intempéries, au travail de nuit, à l’irrégularité des repas et du sommeil, à l’usage des stimulants (cigarettes, café…) et aux maladies vénériennes et aux agressions verbales, corporelles et même sexuelles. Les exemples sont multiples.
A Oran, il n’y a pas de marché, de quartier ou de ruelle, où on ne trouve pas des enfants, qui proposent des produits à vendre. Ils vendent de tous, des sachets en plastique, du pain traditionnel, des cigarettes…
D’autres frappent aux portes pour chercher du pain rassis ou des produits recyclables. Ce travail leur procure quelques dinars, «qui seront utilisés à d’autres fins que la nourriture», dira Samir, pas plus haut que trois pommes. Il a 12 ans et est le troisième d’une fratrie de trois filles et deux garçons. Depuis deux ans, il fait dans la débrouillardise pour aider sa maman veuve et sans emploi.
Ces enfants travaillent aussi comme manutentionnaires au marché de gros, commis de grossiste, apprentis mécaniciens, maçons… Un phénomène, qui résulte essentiellement de la pauvreté, du divorce et la déperdition scolaire se répercutant sur la santé morale et physique de l’enfant, qui ne peut défendre ses droits, vu son jeune âge et qui est sujet à tous les maux sociaux.
Selon un sociologue, il y a un vide statistique dû en grande partie au fait que les enfants exercent généralement «en cachette» dans le secteur privé, où l’employeur échappe aux impôts et ce, faute de déclaration de la nature de l’activité et du nombre d’employés.
Mais pour les pouvoirs publics, le phénomène inhérent à l’exploitation des enfants est quasiment inexistant en Algérie. «Les cas recensés sont loin d’être préoccupants», affirme la direction générale de l’Inspection du travail.
Pour le ministère du Travail, l’emploi des enfants a lieu généralement dans le secteur agricole, le commerce et au sein des familles, notamment démunies, mais quasi insignifiant dans le secteur légal. En outre, l’Algérie a engagé nombre d’actions de sensibilisation et de lutte sur le terrain législatif et pratique, dont la mise en place en 2003 d’une commission de coordination intersectorielle permanente.
Z. Selma