Comparativement aux annéesprécédentes, le nombre de harraga algériens vers l’Espagne a nettement régressé en 2010. C’est ce qu’a annoncé jeudi l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Gabriel Busquets.
Ce dernier qui s’exprimait lors d’une table ronde organisée à l’Assemblée populaire nationale (APN) autour des relations entre l’Algérie et l’Union européenne, a souligné que cette régression est due notamment «au manque d’emplois en Espagne, causé par la crise économique, aux efforts des autorités algériennes et à la coopération entre les deux pays pour lutter contre ce phénomène».
M. Busquets a précisé que pour l’année 2009, l’Espagne a enregistré pas moins d’une cinquantaine d’immigrés clandestins sur ses côtes.
Il a, par ailleurs, démenti l’existence actuellement de corps d’Algériens en Espagne, rappelant le rapatriement de six corps d’immigrés clandestins algériens durant la même année 2009. «On ne peut pas enterrer des corps non identifiés. La loi espagnole l’interdit.
Nous prenons un échantillon d’ADN stocké dans des banques de données. Dans le cas où un corps est réclamé par la famille, nous comparons les deux ADN et s’ils sont compatibles nous procédons au rapatriement», a-t-il ajouté.
Effectivement, le 24 mars dernier, le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Djamal Ould Abbès, avait annoncé que les corps de six émigrants clandestins avaient été récupérés auprès de l’Espagne.
Dans une déclaration à la presse en marge d’une journée parlementaire consacrée à la citoyenneté à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre avait précisé que les familles qui adressent au ministère une demande concernant la disparition de l’un de leurs membres suite à une expédition d’émigration clandestine, subissent des analyses ADN, qui sont envoyées au centre international de Grenade (Espagne) spécialisé dans les analyses ADN.
«En cas de concordance entre l’ADN de la dépouille et de la famille, c’est le ministère qui prend en charge le rapatriement de la dépouille au pays», a-t-il ajouté.
Le droit espagnol n’autorise pas l’incinération des dépouilles, a affirmé M. Ould Abbès, ajoutant que les résultats des analyses ADN de chaque dépouille sont attendus. En réponse à une question sur les groupes qui organisent les expéditions d’émigration clandestine à partir des côtes algériennes, le ministre avait souligné que l’activité de ceux-ci avait reculé.
Le dernier rapport officiel établi par les autorités compétentes espagnoles a révélé que le nombre total des immigrés qui ont réussi à atteindre clandestinement les côtes espagnoles en 2009 est de 7.285 personnes, soit près de la moitié par rapport à 2008 avec 13.425.
Présentant le bilan de la lutte contre l’immigration irrégulière pour l’année 2009, le ministre de l’Intérieur espagnol, Alfredo Pérez Rubalcaba, a expliqué que la crise économique que connaît l’Espagne a freiné l’arrivée des sanspapiers à travers les aéroports, en provenance surtout des pays d’Amérique Latine, et attribué la baisse des arrivées à travers les côtes espagnoles à la pression policière et aux accords avec les pays d’origine.
Pour ce qui est des personnes expulsées d’Espagne, il a indiqué que leur nombre a augmenté de 25% (13.278 en 2009 contre 10.616 en 2008), surtout les étrangers en situation irrégulière et liés à la délinquance.
M. Rubalcaba a relevé également la baisse de près de 75% des arrivées aux Canaries (2.246 personnes en 2009, contre 9.181 en 2008), un chiffre qu’il a qualifié de «plus bas depuis l’année 2000», tout en se réjouissant «qu’aucun émigré illégal n’est arrivé aux Canaries depuis quatre mois».
Djamel Belaïfa