Enquête. Vingt ans après l’assassinat des sept moines français du monastère de Tibhirine, en Algérie, l’enquête piétine toujours. Pour la première fois, leur avocat met directement en cause la reponsabilité des autorités algériennes.
L’enquête sur l’assassinat des moines de Tibhirine est au point mort, mais leur avocat ne baisse pas les bras. En 1996, sept moines français sont enlevés dans leur monastère algérien. Après une captivité de plusieurs semaines, ils sont assassinés dans des conditions effroyables. Les coupables se dénoncent alors : les islamistes du GIA, qui sont en guerre contre le pouvoir en place depuis 1992, revendiquent cette action.
L’enquête est difficile. En 2014, les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux parviennent enfin à se rendre en Algérie avec leur équipe d’experts pour autopsier les têtes des moines (leurs corps n’ont jamais été officiellement retrouvés). Mais les prélèvements réalisés, qui pourraient s’avérer cruciaux pour découvrir enfin les coupables du massacre, sont toujours bloqués en Algérie. Le pouvoir refuse de les laisser sortir de son territoire. Depuis le début de l’enquête, l’Algérie fait tout pour freiner les recherches et les démarches.
« Un aveu de reconnaissance »
Une situation qui a poussé l’avocat des moines, Me Patrick Baudoin, à demander à l’Algérie de cesser son attitude offensante : « Ce refus obstiné des autorités algériennes de coopérer, c’est un aveu de reconnaissance de responsabilité dans la disparition des moines ! » a-t-il protesté sur France Inter. La possible responsabilité du pouvoir algérien avait déjà été évoquée, mais jamais Maître Baudoin ne l’avait exprimée aussi clairement. « On ne peut pas ne pas conclure de ce refus obstiné que les algériens ont des choses à cacher et que, dans cette affaire, leur version constamment assénée, officielle, selon laquelle ce sont les islamistes du GIA qui ont enlevé, séquestré et assassiné les moines n’est plus crédible », insiste-t-il.
La seule certitude dans cette enquête concerne la chronologie des faits : les moines ont été tués un mois avant l’annonce officielle de leur mort, et les experts n’ont retrouvé aucune trace de balles dans les têtes exhumées.