Moines de Tibhirine : Lamamra souligne la volonté souveraine de l’Algérie à promouvoir la vérité

Moines de Tibhirine : Lamamra souligne la volonté souveraine de l’Algérie à promouvoir la vérité

L’affaire des moines de Tibhirine, assassinés en mai 1996 par le GIA, alors dirigé par l’émir Djamal Zitouni, s’est invitée dans la visite du premier ministre français à Alger, Jean marc Ayrault.

C’est le ministre algérien des affaires étrangères Lamamra qui répondait à une question de la chaine de télévision “France 24″ en exprimant la volonté de l’Algérie “de promouvoir la vérité” sur les pertes des vies humaines survenues durant la période du terrorisme qui a touché le pays.

Le chef de la diplomatie algérienne a convenu qu’”il y a bien des familles qui ont vécu de terribles épreuves” durant cette période, ajoutant qu’”avec le processus de réconciliation nationale et d’apaisement engagé en Algérie, il existe une volonté de promouvoir la vérité sur toutes les pertes enregistrées”.

Sur le plan strictement judiciaire, le ministre a dit deux choses : que le processus judiciaire en rapport avec cette affaire “est en cours” et que “la justice algérienne, comme la justice française, est souveraine”, saluant au passage, “le travail accompli par les magistrats algériens”.

De son côté , le Premier ministre français a aussi jugé qu’il fallait “respecter la souveraineté d’un Etat” d’autant plus a-t-il ajouté que “la justice algérienne s’est engagée à faire son travail et tout cela va dans la bonne direction et cela dans un climat (…) très apaisé”. Une attitude qu’il interprète comme “un changement” dans l’approche algérienne sur cette affaire.

Cette appréciation nouvelle des autorités françaises s’agissant de cette affaire qui constitue un des points de tension entre Alger et Paris depuis des années , est certainement à mettre en relation avec l’autorisation accordée finalement au juge Marc Trédévic qui a séjourné fin novembre dernier à Alger pour discuter avec ses vis-à-vis algériens sur les moyens de faire avancer les choses dans cet épineux dossier.

Selon la presse française, le juge antiterroriste français avait lancé deux commissions rogatoires pour auditionner 22 témoins, et exhumer pour les autopsier les têtes des moines tués en 1996 en pleine guerre civile algérienne.

Mais il n’a obtenu que de pouvoir faire expertiser les têtes, enterrées dans leur monastère à Tibéhirine. Les corps des religieux n’ont jamais été retrouvés.

Le juge français qui avait longtemps privilégie la piste islamiste avait réorienté l’enquête vers une possible bavure de l’armée algérienne, qui aurait tué les moines lors d’un bombardement d’un bivouac islamiste.

Mais un documentaire réalisé par Samir Ait Aoudia et diffusé en mai dernier par France 3 avait apporté les preuves irréfutables que ce sont bien les terroristes du groupe islamique armé (GIA) qui ont assassiné les sept moines de Tibhirine, enlevés au milieu de la nuit, deux mois auparavant au Monastère de Notre-Dame de l’Atlas.

Le documentaire, intitulé “Le martyre des sept moines de Tibhirine”, était venu rétablir, enfin, une vérité longtemps tronquée par des conclusions tendancieuses qui voulaient disculper les terroristes en imputant l’assassinat à “une bavure” des forces de sécurité algériennes.

Construit à base de témoignages exclusifs et d’aveux des auteurs directs de cette tragédie, ce documentaire mettait face à la camera, des terroristes du GIA et des Algériens qui ont survécu au drame.