Le juge antiterroriste français Marc Trévidic, arrivé dimanche soir à Alger avec sa collège Nathalie Poux, pour faire la lumière sur le massacre des moines de Tibéhirine en 1996, va travailler «sous l’autorité du juge algérien en charge de l’affaire»C’est ce qu’a annoncé lundi le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh
Comme prévu, les autopsies des têtes des sept moines décapités, enterrées dans les jardins de leur ancien monastère, seront pratiquées par la partie algérienne, en présence des juges français. Il s’agit «de souveraineté nationale , a lancé le ministre en précisant que c’était également «les usages internationaux». Il a rappelé que la même affaire était «aussi instruite en Algérie par le pôle pénal d’Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et de criminalité». Le juge en charge du dossier «se déplacera à son tour en France durant la dernière semaine» d’octobre.
Le juge algérien entendra des anciens de la DGSE
Selon des informations diffusés par la presse algérienne, le juge algérien a obtenu l’autorisation d’auditionner deux membres des services secrets français. Il s’agit de Pierre le Doaré, ancien chef d’antenne des services secrets français (DGSE) à Alger (1994-1996), et Jean-Charles Marchiani, ancien officier du même service et ex-préfet du Var.
Les deux magistrats n’ont fait aucune déclaration à la presse depuis leur arrivée en Algérie, où ils devraient séjourner environ une semaine. Ils avaient demandé à se rendre en Algérie il y a près de trois ans, dans une commission rogatoire internationale. Ce voyage a fait l’objet de longues tractations entre Paris et Alger. Les deux reports successifs après l’accord de principe donné par Alger en novembre 2013, avaient suscité l’agacement du juge Trévidic.
Un contexte sécuritaire tendu
La mission intervient dans un contexte sécuritaire tendu trois semaines après l’enlèvement suivi de la décapitation du guide de montagne Hervé Gourdel en Kabylie, à l’est d’Alger.
Les moines Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Le rapt avait été revendiqué un mois plus tard par le Groupe islamique armé (GIA) via un communiqué signé de son «émir» Djamel Zitouni. Le commanditaire des attentats de 1995 en France proposait un échange avec un autre responsable du GIA.
Mais la responsabilité de la mort des moines fait l’objet de versions contradictoires. L’hypothèse d’une bavure de l’armée algérienne, puis celle d’une implication des services algériens ont depuis émergé.