Le ministre algérien de l’Intérieur et l’agence de presse mauritanienne Ani ont imputé la prise d’otages sur une installation gazière dans l’est de l’Algérie à Mokhtar Belmokhtar.
Ce vétéran de la rébellion islamiste dans le Sahara est spécialisé dans les prises d’otages et surnommé « l’insaisissable ».
Né à Ghardaïa, en Algérie, en 1972, Mokhtar Belmokhtar se présente lui-même comme un djihadiste précoce. Dans une interview diffusée en 2007 sur des sites islamistes, il affirme s’être rendu en Afghanistan à l’âge de 19 ans pour y acquérir une formation et une expérience au combat.
Son retour en Algérie en 1992 coïncide avec le véritable lancement de sa carrière de djihadiste. Il combat d’abord durant la guerre civile algérienne au sein du Groupe islamique armé (GIA) puis participe à la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui élargit progressivement ses opérations dans différents pays du Sahel en y attaquant les forces de sécurité.

Le GSPC fait par la suite allégeance à Al Qaïda et devient le représentant de la nébuleuse islamiste en Afrique du Nord sous l’appellation d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mokhtar Belmokhtar prend la tête d’un deux bataillons d’Aqmi dans le sud désertique de l’Algérie, à la frontière avec le Mali.
Dans ses nouvelles fonctions, il est soupçonné d’implication dans l’enlèvement de 32 touristes européens en 2003, dans les négociations en 2008 pour la libération de deux Autrichiens et dans les négociations en 2009 pour la libération de deux Canadiens.
Enlèvements et trafics divers, des armes aux drogues en passant par les cigarettes et les êtres humains, alimentent une économie parallèle basée sur la criminalité dans le Sahara et estimée à des millions de dollars.
Mokhtar Belmokhtar a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité par la justice algérienne après le meurtre de 10 gardes frontières algériens en 2007.
Au-delà de son implication dans des enlèvements, il est réputé pour être l’un des plus importants « gangsters djihadistes » du Sahara. Il s’est imposé dans la fourniture d’armes aux groupes islamistes de la région et dans le trafic de cigarettes, ce qui lui vaut le surnom de « Mister Marlboro » au sein des populations locales, selon les médias français.
Les responsables militaires américains le considèrent comme un « logisticien » et un « fixeur » dans le Sahara, selon Stephen Ellis, professeur au Centre d’études africaines de Leyde, aux Pays-Bas. « C’est l’un des seigneurs de guerre les plus réputés du Sahara », dit ce dernier.
Ses diverses activités lui ont permis de nouer des liens étroits avec les communautés touarègues, notamment avec les combattants qui ont participé au printemps 2012 à l’offensive ayant abouti à la prise du nord du Mali avec leurs alliés islamistes de l’époque. Pour asseoir son influence dans la région, il aurait notamment pris des Touarègues pour épouses.
Une chaîne de télévision algérienne a rapporté en juin qu’il avait été tué dans des combats entre islamistes et séparatistes touaregs à Gao, dans le nord du Mali.
L’un de ses collaborateurs a par la suite démenti sa mort.
Ce même associé a annoncé en décembre que Mokhtar Belmokhtar avait quitté Aqmi pour créer son propre groupe, tout en maintenant son allégeance à Al Qaïda. Cette rupture semble être la conséquence de désaccords avec d’autres chefs islamistes.
David Lewis et Pascal Fletcher, Bertrand Boucey pour le service français