De passage, hier, au forum de Liberté, Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a plaidé pour « un dialogue courageux » face à ce qu’il a appelé « l’impasse historique ». Le chef du RCD estime que la situation du pays « dicte à chacun de nous, d’assumer ses responsabilités ».
« L’Algérie est face à de graves incertitudes et risque de plonger dans une période de tensions et d’instabilité aux conséquences dramatiques», a estimé le chef du RCD. Ajoutant que « les craintes et les angoisses des populations ne sont pas seulement dues à la détérioration de la situation socioéconomique ou à un horizon bouché, mais sont l’expression de l’exaspération et du rejet rédhibitoire de tout discours ou action institutionnelle. Elles renvoient aux pratiques irresponsables de dirigeants illégitimes, à savoir la violation récurrente des lois, à commencer par la première d’entre elles, la Constitution, et le recours éhonté aux fraudes électorales plaçant l’Algérie dans le cercle des derniers absolutismes post-coloniaux », a souligné M. Belabbès.
Le président du RCD, qui a fait de cet appel une initiative du parti de sortie de crise, a ajouté que « dans un pays qui fut à l’avant-garde du combat libérateur de notre continent, ces archaïsmes illustrent les reniements des sacrifices et des espoirs de notre peuple » et « la candidature du chef de l’Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, est illustrée comme l’un des archaïsmes ». « Ces procédés sont la manifestation d’un discrédit continu des institutions qui a progressivement éliminé tous les espaces de débats et de médiation », a dénoncé l’invité de Liberté. Ajoutant que « le chef de l’Etat à la santé déclinante est désormais otage de ses propres choix». Interrogé sur l’absence des contre-pouvoirs, Mohcine Belabbas a considéré que cette gestions a fait que le pays est, aujourd’hui, «privé de ses capacités décisionnelles et vidé d’instances de représentations légitimes », d’où cette situation où « l’Algérie est réduite à la survie politique ».
Face à cette situation, le RCD explique que « le sursaut national exige un préalable, qui est un exercice du pouvoir contrôlé et responsabilisé devant une représentation nationale issue d’une expression populaire libre, garantie par une instance indépendante de gestion des processus électoraux ». Ce sont là les quelques préalables, selon Mohcine Belabbas, pour engager un dialogue « courageux ». « Sans ce minimum, toute opération électorale est vouée à la désaffection citoyenne », qui accentuera, a-t-il dit, « une défiance nationale déjà grande et un discrédit international consacré par une indépendance confisquée ».
Ajoutant que l’objectif de l’initiative « est de repenser l’organisation et le fonctionnement de l’Etat et de la République dans sa globalité », afin «de sortir des crises cycliques que vit le pays depuis son Indépendance». Toujours concernant « le dialogue » auquel appelle le RCD, Mohcine Belabbas précise que « les résultats de ces rencontres et des échanges exploratoires, que nous aurons à initier tant au niveau local qu’avec les directions nationales des diverses structures politiques, syndicales et associatives, feront l’objet d’une première évaluation qui aura lieu avant la date du 18 avril 2019 ».
Indiquant que «ces données serviront à affiner les réflexions pour donner une impulsion politique nourrie par des propositions de nos bases respectives, d’où émergera le compromis opérationnel et l’agenda qui le déclinera». Il a également souligné que cette initiative associera l’émigration.