«Sans obtenir les 4%, des partis sont non seulement exemptés de la collecte des signatures en 2017, mais gratifiés de sièges en 2012!».
Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a annoncé lors de sa conférence de presse organisée hier au siège du parti à El Biar (Alger), que «sa formation a décidé de boycotter les émissions sur les législatives des chaînes de l’Entv». «On a attendu en vain jusqu’à la dernière semaine l’invitation de cette entreprise publique», a-t-il indiqué. D’ailleurs, Mohcine Belabbas a refusé de faire des déclarations aux journalistes de l’Entv dépêchés sur les lieux.
La dernière apparition d’un responsable du RCD à l’Entv remonte à 2007, quand Mohcine Belabbas avait représenté le parti pour commenter les résultats des élections locales en 2007. Cela démontre qu’«il n’y a pas de volonté d’encourager le citoyen à aller voter». «L’Entv, désormais privatisée et vulgairement instrumentalisée au profit d’intérêts particuliers, est définitivement sortie du registre du service public.De ce fait, nous avons décidé de ne pas participer au folklore qu’elle est en passe de renouveler à l’occasion de ce scrutin.
Nous ne répondrons pas à ses invitations de se présenter à nos activités», a-t-il fait savoir. Par contre, dit-il «les chaînes de la radio publique, qui ont déjà produit des reportages et des émissions avec des partis en lice pour les législatives, dont le RCD, «ne seront pas boycottées», a souligné le même responsable politique. Il a révélé que, sans atteindre le seuil minimum pour avoir accès à la répartition des sièges, des partis politiques ont non seulement obtenu des sièges de députés en 2012, ils sont également exemptés de la collecte de signatures en 2017.
«L’analyse des résultats des législatives de 2012, publiés tardivement par le ministère de l’Intérieur, montrent que des formations politiques, sans atteindre les 4%, sont non seulement exemptées de la collecte de signatures, mais ont été gratifiées de sièges en 2012! Ainsi d’après Mohcine Belabbas «c’est la première fois depuis l’indépendance que le ministère de l’Intérieur publie les preuves écrites de la fraude organisée par son administration». Dans ce contexte, il a réitéré que «la seule garantie pour que les élections soient crédibles, transparentes et propres reste la constitutionnalisation d’une réelle commission nationale indépendante de gestion des élections à tous les niveaux des consultations».
«Il n’ y a que 14% de pays de par le monde, dont la France qui organisent les élections à travers le ministère de l’ Intérieur, tandis que 70% des pays ont opté pour la commission indépendante», a-t-il noté. Interrogé sur la présence du RCD au niveau de 13 wilayas seulement lors des législatives, il a répondu que «le RCD, un parti de militants, n’a pas voulu charrier du tout-venant pour présenter des listes partout. Il s’agit d’être présent là où on peut garantir au maximum le déroulement du scrutin».
L’administration ou le pouvoir a fait des concessions à des partis politiques d’obédience islamiste regroupés dans des alliances dites de l’Algérie verte (AAV). «Il n’est pas normal que des formations politiques soient exemptes de collecter des signatures alors que la nouvelle loi électorale stipule que tous les partis politiques qui n’ont pas obtenu plus de 4% de suffrages exprimés lors du dernier scrutin ou ne disposant pas de plus de 10 élus locaux dans la wilaya sont soumis à la collecte des signatures», a-t-il déploré. Le RCD a-t-il changé de discours?
Mohcine Belabbas, qui nie que sa formation a lénifié son discours, affirme que le RCD a toujours dénoncé la vacance du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. A propos du port du hidjab par certaines candidates du parti, il a indiqué qu’ «avec hidjab ou sans hidjab, l’essentiel est que ces candidates portent et respectent les principes et les valeurs du parti».
Sur le plan économique, il a fait remarquer que «le dernier avatar de l’affolement d’un gouvernement des partis de la corruption et de la fraude, qui a dépensé 800 milliards de dollars en 15 ans, est la nouvelle politique économique, qui n’est que l’expression générique désignant l’annulation de nombreux projets d’investissement, l’abandon de la construction d’infrastructures de base, la contraction de l’enveloppe des équipements et l’agression contre le pouvoir d’achat par la hausse générale des prix et une dévaluation rampante du dinar», est-il relevé.