Contrairement à son Premier ministre Abdelilalh Benkirane qui a jeté le froid sur les relations entre les deux pays avec ses déclarations sur le prochain sommet de l’UMA, le roi du Maroc Mohammed VI a joué la sagesse en évitant de s’attaquer à l’Algérie comme chaque année lors de son discours à la nation prononcé à l’occasion de la fête du Trône.
Le rapprochement entre Alger et Rabat reste prudent malgré toutes les tentatives diplomatiques pour un apaisement entre les deux pays, maintenant qu’il a été décidé de mettre en marche l’Union maghrébine (UMA) avec le sommet prévu le 10 octobre à Tunis.
Ainsi, les intérêts ne manquent pas entre l’Algérie et le Maroc, mais la question sahraouie demeure un obstacle politique difficile à dépasser.
Toutefois, contrairement à son Premier ministre Abdilalh Benkirane qui a jeté le froid sur les relations entre les deux pays avec ses déclarations sur le prochain sommet de l’UMA, le roi du Maroc Mohammed VI a joué la sagesse en évitant de s’attaquer à l’Algérie comme chaque année lors de son discours à la Nation prononcé à l’occasion de la fête du Trône.
Le souverain marocain a essayé de jouer l’apaisement en affirmant lundi dernier que son pays poursuivrait «ses efforts en vue de renforcer ses relations bilatérales avec l’ensemble des partenaires maghrébins, y compris l’Algérie voisine».
Il s’agit, selon lui, de répondre «aux aspirations pressantes et légitimes des peuples de la région, notamment en ce qui concerne la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services». Mais à aucun moment Mohammed VI n’a évoqué le prochain sommet de l’UMA, prévu le 10 octobre à Tunis.
S’agit-il d’une tactique pour éviter un affrontement avec son Premier ministre, M. Benkirane, qui avait déclaré jeudi dernier : «Les peuples marocain et algérien sont unis par des liens d’amitié et de fraternité mais il est désolant que la direction algérienne soit d’un autre avis sur la question de notre intégrité territoriale», selon des propos rapportés par l’agence officielle marocaine MAP.
S’agissant de la question sahraouie, considérée comme un blocage de fonctionnement de l’UMA, en panne depuis plus de vingt ans, le roi marocain a rappelé la position de Rabat en affirmant «poursuivre le processus de négociation visant à trouver une solution définitive au différend régional artificiel autour du Sahara marocain, sur la base de la proposition marocaine d’autonomie, […] et dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc». En attendant, poursuit Mohammed VI, «le Maroc s’est attelé à la mise en œuvre de la régionalisation avancée au Sahara marocain».
Le Président Bouteflika, dans un message adressé dimanche dernier au roi Mohammed VI, a réitéré sa ferme détermination à «raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage» entre les deux pays et «à renforcer les relations de coopération bilatérale au mieux des intérêts des deux peuples frères».
Le 16 juin dernier, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a indiqué que les relations algéro-marocaines «gagnent en densité», ajoutant que la relation entre les deux pays est une relation «apaisée», y compris la question des frontières qui «n’est plus un sujet tabou». L’Algérie avait aussi initié une rencontre des Maghrébins pour parler de la sécurité de la région menacée, mais les divergences étaient claires.
Le prochain sommet de l’UMA sera tenu sur fond d’absence d’une entente, car chaque pays cherche à préserver ses intérêts. Pour l’instant, il n’est pas question pour Alger de la réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994, mais depuis avril 2011 les officiels des deux pays ont échangé des visites qui demeurent au stade de la coopération économique avec un volume d’échanges commerciaux de 720 millions de dollars en 2009 et 570 millions de dollars en 2008.
Pour ce qui est du rapprochement politique, cela a commencé le 17 avril 2011, quand le président de la République Abdelaziz Bouteflika a déclaré depuis Tlemcen qu’il n’existait pas de problème entre l’Algérie et le Maroc, appelant à renforcer la coopération avec ce pays. Il avait également déclaré : «Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer (avec lui)».
Nacera Chennafi