En voulant faire plaisir aux autorités espagnoles, le souverain marocain a joué avec le feu
Le souverain marocain qui fait des pieds et des mains pour l’ouverture des frontières n’a pas accordé la grâce au jeune Islam Khoualed, âgé de 15 ans, incarcéré injustement depuis le mois de mars 2013 au centre de détention pour mineurs d’Agadir.
L’occasion était toute indiquée. Mohammed VI fêtait le 30 juillet dernier le 14e anniversaire de son accession au trône. Les Algériens ont retenu leur souffle. L’espoir était permis. Malheureusement, le geste majestueux n’a pas eu lieu. Il aurait eu pourtant valeur d’apaisement. Le monarque alaouite a préféré libérer un criminel. Un violeur d’enfants condamné à 30 ans de prison. Un choix qui sonne comme une énième provocation.
Mohammed VI vient de rater l’occasion de se réconcilier avec les Algériens. Le pouvoir marocain qui fait des pieds et des mains pour l’ouverture des frontières avec l’Algérie n’a donné aucun gage de bonne volonté pour aplanir et assainir certains différends qui minent les relations entre les deux pays. Des tonnes de drogue continuent à être déversées à travers le territoire national alors que la contrebande qui fait rage aux frontières porte un sérieux coup à l’économie nationale.
Contrebande à l’échelle industrielle
«Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d’une manière illégale. Cela représente une perte d’un milliard de dinars», avait déclaré, le 22 juillet à El Oued, le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. De quoi faire tourner 600.000 véhicules. Quelques jours auparavant, le 14 juillet, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué que près de 25% de la production nationale de carburants «est exportée illégalement» vers les pays voisins. Sans compter les impressionnantes quantités de produits alimentaires (pâtes, sucre, café, lait en poudre…) détournées pour en prendre le même chemin. Ce qui s’est considérablement répercuté sur la facture des produits alimentaires qui risque de battre un nouveau record. Faut-il que l’Algérie érige un mur du même type que celui construit par les Marocains au Sahara occidental – Pas pour priver un peuple de sa liberté – mais pour qu’elle puisse se protéger contre une telle gangrène. L’idée fait son chemin et en haut lieu. Alors que les moyens financiers et humains ne manquent pas. Dans le discours prononcé à l’occasion de la Fête du trône, le souverain marocain n’a pas pipé un seul mot sur cet environnement malsain créé de toutes pièces pour empoisonner la vie des Algériens. Bien au contraire, il est revenu à la charge contre l’Algérie avec la sempiternelle question du Sahara occidental. «Nous relevons… que la dernière résolution du Conseil de sécurité… met particulièrement l’accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l’Algérie, en tant que partie concernée par ce litige, tant au niveau politique que sur le plan juridico-humanitaire touchant à la situation dégradante qui prévaut dans les camps de Tindouf», avait déclaré, le 30 juillet, le monarque alaouite. Du réchauffé. Et bien entendu, il n’a pas soufflé un mot sur les déclarations du SG de l’Istiqlal qui avait revendiqué des territoires algériens (Tindouf, Béchar et Kenadsa) alors que six de ses membres faisaient encore partie du gouvernement avant que cinq d’entre eux n’en claquent la porte. Pourquoi tout ce silence, Mohammed VI a-t-il orchestré ces campagnes haineuses contre l’Algérie? Tout converge pour le croire.
Le retour de bâton
La libération du pédophile espagnol décidée par le roi est en train de susciter un mouvement de colère qui risque d’être sans précédent au Maroc. Des manifestations sont prévues dans les jours prochains à travers plusieurs villes du Royaume: Oujda, Taounate, El Jadida, Agadir, Kenitra, Nador, Safi et Casablanca alors que celles qui ont eu lieu à Tetouan et Rabat, vendredi dernier, ont été violemment réprimées. Les forces de l’ordre sont intervenues, «arrêtant au moins cinq personnes dont deux membres dirigeants des bureaux locaux de l’Amdh», a déclaré Youssef Raissouni du bureau de Rabat de l’Association marocaine des droits de l’homme. «Plusieurs centaines de personnes sont réunies sur l’avenue Mohammed V à Rabat et d’autres personnes continuent d’affluer mais les forces de l’ordre, nombreuses, quadrillant la zone, ont déjà pris place et empêchent les groupes de manifestants de se former et de scander des slogans, en les frappant à coups de matraques. Plusieurs manifestants ont déjà été blessés…», rapporte le média marocain Lakome dans une de ses dépêches datée du 2 août.
Rappelons que près de 20 000 Marocains ont déjà répondu aux appels à manifester, lancés à partir des réseaux sociaux après la grâce accordée par leur roi à ce ressortissant espagnol reconnu coupable du viol de 11 enfants et qui serait un espion. Un agent irakien exfiltré en 2003/2004 lors de la guerre d’Irak selon Lakome. L’événement vire à l’affaire d’Etat. En voulant faire plaisir aux autorités espagnoles, le souverain marocain a joué avec le feu. Mohammed VI a préféré faire la part belle à la grande délinquance. A la pédophilie. En plein mois de Ramadhan de surcroît. Un phénomène honni par la communauté musulmane contre lequel se sont élevés des milliers de voix de Marocains sauf celle de leur roi. Un fléau. «Un eldorado pour pédophiles et touristes sexuels. De Marrakech à Agadir, des milliers de jeunes sont exploités avec la complicité de rabatteurs marocains», écrivait sur son site, France 24, dont les reporters ont infiltré ce milieu.
Par sa décision, Mohammed VI leur a ouvert toutes grandes les portes du Royaume.