«Christopher Ross a toujours le soutien des Etats-Unis»
Selon des sources diplomatiques, Rabat aurait fait marche arrière concernant son retrait de confiance à l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental.
Ban Ki-moon a-t-il fait «plier» le roi? Le souverain marocain voulait la tête du représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Ban Ki-moon a dit non! C’est en tout cas ce qu’il a laissé entendre, le 25 août 2012, à l’héritier de feu Hassan II au cours d’une conversation téléphonique à l’occasion de la fête de l’Aïd El Fitr. Le SG de l’Organisation des Nations unies a indiqué que «les Nations unies n’avaient pas l’intention de modifier les termes de leur médiation, dont l’objectif est de promouvoir une solution politique au conflit, acceptable par les deux parties», avait fait savoir un communiqué des services de M.Ban.
Rabat s’est fait hara-kiri. En effet, selon des sources diplomatiques le gouvernement marocain aurait fait marche arrière concernant son retrait de confiance à l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental. Sa visite dans la région est annoncée dans les prochains jours. C’est pourtant à un véritable coup de force que s’est livré le pouvoir marocain pour déboulonner Christopher Ross. Le chef de la diplomatie marocaine s’était rendu aux Etats-Unis pour obtenir le quitus pour le renvoi du diplomate américain quelques jours avant que le Maroc n’ait officiellement annoncé (le 17 mai) son retrait de confiance. La requête de Saâd Eddine El Othmani, qui avait été reçu à Washington par le sous-secrétaire d’Etat américain, William Burns a reçu une fin de non-recevoir. La Maison-Blanche n’a pas lâché l’envoyé spécial de l’ONU. «L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, désigné à ce poste en janvier 2009, a toujours le soutien des Etats-Unis», avait affirmé, le 21 mai à Alger, l’ambassadeur américain, Henry S. Ensher. Mohammed VI ne pouvait, donc, que céder devant des pressions internationales de ce type. En réclamant la tête à tout prix du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, le Makhzen a fini par se désavouer lui-même. Mais il fallait bien une telle décision pour que le Maroc puisse desserrer l’étau. Cible d’un tir groupé de la part d’organisations internationales en ce qui concerne la question des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental et à l’intérieur des frontières du Royaume, le Maroc a vu son image sérieusement se détériorer. Devant une avalanche de témoignages «accablants» faisant cas de la pratique quasiment systématique de la torture il a même fini par reconnaître «plusieurs cas d’abus» de la part des services de police lors de manifestations publiques. «Il y a eu effectivement plusieurs cas d’abus de la part des forces de police contre des citoyens… Le gouvernement doit revoir la manière dont les forces de l’ordre interviennent pour qu’elle soit conforme à la loi», a déclaré le ministre de la Justice Mustapha Ramid dans un entretien publié le 24 septembre par le quotidien arabophone Akhbar Al Youm, faisant allusion à des manifestations violemment réprimées par les services de sécurité. Donnant ainsi raison et rendant encore plus crédibles les rapports du Centre Robert F. Kennedy et de Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants qui attestent de la pratique de la torture et de la violence dans les territoires occupés du Sahara occidental. Christopher Ross, qui disait pratiquement la même chose, peut revenir par la grande porte…