Le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique a déclaré, hier, que les autorités marocaines sont derrière la création du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, un des principaux groupes terroristes au Sahel.
Mohamed Salem Ould Salek est catégorique : le Maroc est en grande partie derrière la déstabilisation de la sous-région du Sahel.
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a présenté, hier, une série «d’indices probants» sur l’implication de ce pays dans le soutien au terrorisme islamiste.
«Le nord du Mali est devenu une plaque tournante importante du trafic de cannabis du fait de la présence dominante des groupes terroristes dans cette zone.
Le Maroc a profité de cette situation pour faire transiter de grandes quantités de drogue. Mais dans le cadre de la guerre d’influence que se livrent ces groupes terroristes, le Maroc a décidé de lancer sa propre organisation armée qu’il a nommée Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest. Ce groupe cible essentiellement l’Algérie et le Front Polisario.
Ce Mujao a été créé à Rabat», a soutenu le chef de la diplomatie sahraouie lors d’une conférence de presse animée au siège de l’ambassade de la RASD à Alger.
Ainsi, le Maroc, à travers le Mujao, est «impliqué dans le kidnapping des agents humanitaires européens du camp de réfugiés de Rabouni, l’enlèvement des diplomates algériens du consulat de Gao et dans l’ensemble des attentats qui ont ciblé l’Algérie». Selon lui, la stratégie des services marocains a été mise en place il y a plus de dix ans.
«Entre 1998 et 2000, de nombreux agents des services de renseignement se sont installés à l’ambassade du Maroc à Bamako. Ce sont eux qui ont mis en place les réseaux du trafic de drogue puis, par la suite, opéré les connexions avec les groupes terroristes», a-t-il expliqué.
Pour le ministre sahraoui des Affaires étrangères, les autorités marocaines agissent sur les pays de la région à travers la compagnie aérienne Royal Air Maroc et de vastes circuits financiers et commerciaux. Mohamed Salem Ould Salek a également pointé du doigt le rôle de la France dans la région.
«Nous sommes face à une politique de deux poids, deux mesures. Comment expliquer que la France intervienne militairement au Mali pour sauver la démocratie et protéger son intégrité et, en parallèle, soutienne avec force le Maroc qui a envahi le Sahara occidental et remet en cause le principe de l’intangibilité des frontières du colonialisme. Et dire que la France se targue d’être le berceau de la démocratie et des droits de l’Homme.»
Au sujet de la visite qu’entreprend actuellement dans la région l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, le ministre des Affaires étrangères a annoncé la tenue de rencontres entre les représentants politiques de la RASD et Christopher Ross. «Nous allons réitérer notre disposition à participer aux négociations pour aboutir à un règlement mutuellement acceptable.» Mais Ould Salek n’a pas manqué de dénoncer les actes de violences commis par les forces coloniales marocaines contre les populations civiles sahraouies lors de la visite de Ross à El Ayoun.
T. H.