«On a tous les moyens pour relever ces défis»
«On a tous les moyens pour relever ces défis»
Alors que la compagnie aérienne nationale passe par une zone de turbulences, le P-DG d’Air Algérie, M.Mohamed Salah Boultif, a accepté de répondre à nos questions et s’est expliqué sur certains points en suspens, l’audit, la formation, les syndicats, les défis de la compagnie, la gestion et la campagne médiatique contre la compagnie; le patron du pavillon national a dit presque tout.
L’Expression: Un audit a été engagé par le ministre des Transports, M.Ghoul pour cerner les problèmes d’Air Algérie, pensez-vous que cela va redresser la situation de la compagnie aérienne?
Mohamed Salah Boultif: Tous les audits sont les bienvenus parce qu’ils permettent d’identifier les insuffisances, les problèmes et les difficultés rencontrées, de tirer des conclusions et de faire des recommandations. Air Algérie a déjà fait l’objet de plusieurs audits par le passé, notamment des fonctions opérationnelles par la compagnie Lufthansa Consulting, maintenance, opérations aériennes, opérations au sol, centre de contrôle opérationnel et autre système de management de la sécurité (SMS) et enfin de la qualité. A mon avis, ce sont ces fonctions qui concernent directement l’exploitation qui sont les plus importantes. Elles concernent la disponibilité des moyens (avions et équipages), la ponctualité et la sécurité. On vient de terminer avec succès l’audit ISO 9011 et on est en phase de préparation pour l’audit Iosa de l’Iata en matière de sécurité, fin septembre. Ce label est renouvelable tous les deux ans. Le redressement se fait bien sûr graduellement.
Quelles sont les mesures les plus urgentes aujourd’hui?
Aujourd’hui, les mesures les plus urgentes sont: rassurer nos passagers, terminer la phase de transport de la pointe été 2014 dans de bonnes conditions et El Hamdoullah, globalement les choses se passent bien, l’apport des 70 vols supplémentaires pour la phase retour vers la France nous a beaucoup soulagés, et de lancer la campagne Hadj 2014 à partir du 7 septembre aussi dans de bonnes conditions.
Qu’en est-il de la formation et du recrutement des nouveaux éléments pour faire face à la forte demande des clients?
Effectivement, la compagnie va commencer à recevoir à compter de décembre 2014 de nouveaux avions. Je rappelle le nombre de 16 avions de différents types, il est prévu de lancer incessamment des appels à candidatures pour un recrutement de candidats pilotes ab-initio ainsi que de candidats PNC (Stewards et hôtesses). D’ailleurs, il y a déjà un groupe de 42 pilotes self sponsors sélectionnés dont 16 sont déjà qualifiés.
Comment comptez-vous faire face, en matière de communication, à ces incidents qui sont à chaque fois utilisés par certains médias pour ternir l’image de la compagnie nationale?
C’est franchement regrettable, cette campagne médiatique contre la compagnie nationale. On n’a jamais dit que tout était rose et parfait, on a toujours reconnu qu’il existe des dysfonctionnements, qui, soit dit au passage, ne datent pas d’aujourd’hui, on a toujours reconnu que nous n’avions pas atteint l’objectif qualité de 71% en termes de ponctualité mais par contre, il faut retenir qu’il y a une amélioration. C’est les statistiques qui le montrent et les efforts d’amélioration se poursuivent. Quand on a une soixantaine de vols par jour, chaque vol a sa spécificité et il arrive parfois qu’un incident survienne au sol comme c’est le cas des deux ATR où l’un en rentrant au parking a frôlé du bout de l’aile un deuxième en stationnement. Le même évènement s’est produit en 2011 sans qu’il y ait pour autant un scoop sensationnel. L’autorité compétente a été saisie en son temps pour instruire l’Enna pour revoir ce parking (P 9). Pour répondre à votre question, nous ferons face par une transparence totale et par une défense de l’image de marque d’Air Algérie. Un plan de communication est en train d’être concocté au niveau de la compagnie.
Comment expliquez-vous la montée du syndicat des pilotes contre la direction de la compagnie en cette période de crise?
D’abord, il n’y a pas de période de crise à la compagnie, il y a bien sûr l’épisode tragique du crash malheureux de l’avion espagnol affrété par Air Algérie et assurant le vol AH 5007 Ouaga-Alger, mais je peux vous dire que le transport retour de notre communauté à l’étranger et des résidents vacanciers se déroule dans de bonnes conditions. Pour revenir au syndicat des pilotes, en l’occurrence nos collègues du Spla parce qu’il y a aussi le syndicat des pilotes affilié à l’Ugta, je suppose que le Spla a réagi par rapport à la nomination du nouveau directeur des opérations aériennes, pour cette nomination, j’ai déjà répondu que cela relève de mes prérogatives et que les conjonctures évoluent de même que les responsables peuvent changer en fonction de ces conjonctures.
Est-ce qu’Air Algérie peut relever les défis qui lui ont été tracés?
Oui bien sûr, on a tous les moyens pour relever ces défis et ces moyens vont bientôt être renforcés par une flotte additionnelle conséquente, un personnel de conduite important de même que des PNC. Les capacités de maintenance existent et vont se développer avec la tranche trois de la base de maintenance certifiée Easa. Une vision a été donnée pour le plan stratégique 2013/2017 de la compagnie avec ses dix axes clairement définis. Air Algérie veut s’imposer comme leader sur le marché Algérie face à une concurrence de 25 compagnies aériennes. A charge pour les cadres et travailleurs d’être suffisamment motivés et mobilisés pour améliorer le quotidien de l’exploitation (l’accueil, le traitement, la prise en charge et la ponctualité). Aucune défaillance ne sera tolérée. Il y a trois éléments: l’infrastructure et les équipements, les moyens avions et de servitude et enfin les ressources humaines. L’interaction doit être parfaite entre ces trois éléments.
Quels sont les défis à long terme de la compagnie?
Les défis à long terme d’Air Algérie, c’est d’abord de construire son hub d’Alger, on espère que le nouveau terminal annoncé soit dédié à la compagnie nationale. Il doit être adapté à une clientèle en transit en plus de la clientèle de point en point. On vise à avoir au moins 25% de clientèle en transit d’ici 2019. Nos estimations de clôture pour 2014 étant un trafic de
5 millions de passagers. Bien sûr, avec l’arrivée des nouveaux avions, nous comptons ouvrir de nouvelles lignes en Afrique, en Europe, voire même une ligne Alger-New York. A ce propos, monsieur le ministre algérien des Transports, lors d’une récente visite aux USA a officiellement émis le voeu face au D.O.T américain d’ouvrir cette ligne.