Mohamed Saïd, ministre de la Communication, a affirmé que le bilan communiqué avant-hier par le ministère de l’Intérieur sur la prise d’assaut militaire du site gazier d’In Amenas pour libérer les otages est encore provisoire et qu’il risque d’être revu à la hausse.
«Le bilan du ministère de l’Intérieur qui a avancé 23 personnes tuées, 32 terroristes neutralisés et une vingtaine de blessés est provisoire», a dit le ministre. «Je crains que ce bilan ne soit revu, hélas et malheureusement, à la hausse dans la journée d’aujourd’hui (hier ndlr), a-t-il précisé à la Chaîne III de la Radio nationale.
Selon lui, ce bilan reste provisoire en raison de la poursuite de «l’opération de sécurisation du site gazier de Tiguentourine à la recherche d’éventuelles victimes». Le ministre de la communication a qualifié cette attaque d’«agression terroriste contre la souveraineté nationale». «C’est une nouvelle opération criminelle», a-t-il dit.
Selon lui, «sur 32 terroristes abattus, 29 viennent de pays hors continent africain. Il y a au moins six nationalités qui ont pris part à cette entreprise criminelle», a-t-il affirmé, sans donner de détails sur les nationalités des ravisseurs. «Ils sont originaires de pays arabes, africains et non africains», s’est-il contenté de dire. Le ministre revient sur l’armement lourd découvert par les éléments de l’ANP à l’intérieur de la base-vie, estimant :
«L’arsenal militaire important et sophistiqué retrouvé dénote de la volonté affichée de faire le maximum de mal dans cette opération.» Selon lui, l’assaut des militaires est «une décision souveraine» prise après le refus des terroristes d’obtempérer, même après les tirs de sommation d’usage qui ont duré près de 24 heures. Au contraire, ils ont continué d’afficher leur volonté de fuir avec les otages. Ces terroristes étaient décidés à réussir l’opération de prendre les otages ou de faire exploser le site et les exécuter», a-t-il dit.
«L’ANP n’avait d’autre choix que de passer à l’action et de jouer sur le facteur temps. Il fallait intervenir pour limiter les dégâts et le nombre des victimes». «Si ce n’était la célérité dans la prise de décision, le bilan aurait été plus lourd», a-t-il affirmé. Evoquant les réactions étrangères sur cet assaut, Mohamed Saïd dira que plusieurs capitales occidentales ont «mal compris cette opération au début» et que les choses sont rentrées dans l’ordre à la fin «avec des déclarations dans lesquelles ces mêmes capitales affirmaient que l’Algérie n’avait pas d’autre choix».
«Je comprends que certaines capitales ont réagi de manière forte, peut-être en raison du manque d’information ou pour des raisons particulières propres à ces pays-là dont certains sont en campagne électorale, donc ce discours est destiné à la consommation locale.» Pour lui, la décision de l’Algérie de ne pas négocier avec les terroristes est «sage» et a été adoptée par d’autres pays. «Elle a fermé la porte au chantage, au versement de rançon et il n’y aura pas de répit dans la lutte antiterroriste», a-t-il affirmé.
L’attentat visait l’implication de l’Algérie dans le conflit malien
Mohamed Saïd reconnaît que cet attentat visait «l’implication de l’Algérie dans le conflit malien». «L’Algérie a été partisane d’une solution politique car rien ne se règle par la force. Les choses ont évolué autrement sur le terrain et notre pays reste partisan de la défense de l’intégrité du territoire du Mali». Evoquant la gestion de la communication durant l’opération, le ministre avoue que le choix a été fait «à la faveur d’une communication responsable qui cherche à sauver le maximum de vies humaines».
«L’opération est très délicate et l’information devient une arme qu’on utilise. Il y a des informations très sensibles qu’on ne peut pas donner car l’opération est encore en cours», a-t-il indiqué. «Faut-il aller chercher le scoop ou aller chercher comment sauver le maximum de vies humaines ?», s’est interrogé le ministre.
«Pour la communication responsable, le plus important est de préserver le maximum de vies. Ça se fait au détriment d’un besoin médiatique mais c’est un choix à faire. Nous sommes directement impliqués et nous sommes comptables des résultats de cette opération», a-t-il ajouté, rappelant que les informations données durant l’opération étaient «vraies et vérifiables sur le terrain».
Nouria Bourihane