Le Parti de la justice et de la liberté (PLJ, non agréé) de Mohamed Saïd est le premier parti, et le seul pour le moment, à avoir réagi aux propos tenus à la radio nationale par le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia au sujet de l’agrément de nouveaux partis politiques.
Dans un communiqué rendu public vendredi 25 février, le PLJ « rejette cette déclaration sans fondement » et considère qu’elle «viole l’article 42 de la Constitution et la loi organique sur les partis politiques ».
« En annonçant à la radio nationale (…) que l’agrément de nouveaux partis politiques est renvoyé ‘au moment opportun’, le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales semble ignorer qu’il n’y a pas de moment plus opportun pour l’ouverture du champ politique que la conjoncture actuelle marquée par le réveil des peuples dans notre environnement géographique immédiat. Ce faisant, le pouvoir s’inscrit une nouvelle fois à contre-courant de l’accélération du sens de l’Histoire qui libère les peuples des régimes qui ont longtemps humilié et étouffé leurs aspirations légitimes à la liberté et à la justice», peut-on lire dans le communiqué du PLJ, signé par son secrétaire général, Mohamed Saïd.
« Le Pouvoir, ébranlé par le risque de contagion, tâtonne, improvise et recule sur tous les fronts en multipliant les mesures d’apaisement social», écrit encore Mohamed Saïd pour lequel « le maintien du refus de permettre à de nouvelles forces politiques de s’organiser dans un cadre légal constitue, à l’évidence, un facteur supplémentaire d’aggravation de la tension sociale et du mécontentement populaire ».
Ce refus démontre, selon le même document, « l’inconsistance des institutions et le peu de sérieux à accorder au discours officiel sur l’Etat de droit et la bonne gouvernance.»
Ceci étant dit, le PLJ qui se dit «plus que jamais convaincu de la justesse de sa cause et attaché à la défense de son droit constitutionnel à l’action politique», « rejette cette déclaration sans fondement légal puisqu’elle viole l’article 42 de la Constitution et la loi organique sur les partis politiques ». Le bureau politique du PLJ, conclut le communiqué, « se réunira dans les jours qui viennent pour décider de la riposte appropriée dont il tiendra informée l’opinion publique ».
Le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia a déclaré jeudi 24 février sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale que «l’agrément de nouveaux partis politiques n’est pas envisagé pour le moment», précisant qu’« aucun agrément n’a été à cet instant délivré ». « Cela ne veut pas dire qu’ils ne le seront pas lorsque le moment apparaîtra opportun », a-t-il toutefois ajouté.
Depuis l’arrivée du président algérien au pouvoir en avril 1999, le pouvoir algérien a refusé d’accorder des agréments aux partis politiques d’opposition. Seule une formation politique, le FNA ( Front national démocratique ) de Moussa Touati, un ancien militaire a pu obtenir un quitus pour activer en septembre 1999.
Mohamed Saïd, de son vrai nom Belaïd Mohand Oussaïd a été candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2009. Il a créé suite à cela le PLJ dont l’agrément n’a toujours pas été accordé.
Mohamed Saïd était le « bras droit » de Ahmed Taleb El Ibrahimi et son directeur de campagne électorale lors des élections présidentielles de 1999 desquelles ce dernier s’était retiré à la dernière minute en compagnie de 5 autres candidats (Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche, Youcef Khatib, Abdallah Djaballah et Mokdad Sifi), laissant «le candidat du consensus» Abdelaziz Bouteflika seul en lice.
Après cet épisode, Mohamed Saïd faisait partie des membres fondateurs du parti Wafa de Ahmed Taleb Ibrahimi. Un parti qui n’a jamais été agréé, le pouvoir l’ayant qualifié, via l’ex-ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni, de «FIS-bis» (Front islamique du salut, dissous en 1992).