Mohamed Rebah, chercheur-historien, au forum du courrier d’Algérie : «Le mouvement de mardi est une force sociale»

Mohamed Rebah, chercheur-historien, au forum du courrier d’Algérie : «Le mouvement de mardi est une force sociale»

«Le mouvement estudiantin d’aujourd’hui n’est pas isolé dans l’histoire de l’Algérie, les étudiants sont les dignes descendants de Maurice-Audin, Taleb Abderrahmane et tous les autres qui ont toujours lutté pour que l’Algérie soit libre, aussi libre pour la justice sociale.» C’est par ces mots que le chercheur-historien et écrivain, Mohamed Rebah, a voulu décrire le mouvement de la communauté estudiantine qui intervient, aujourd’hui, dans la foulée de la dynamique citoyenne en cours dans notre pays.

Invité au Forum du « Courrier d’Algérie», et accompagné par des étudiants issus de différentes universités d’Alger, Mohamed Rebah dira que «la Journée nationale de l’étudiant, sera commémorée par un peuple qui est en lutte pour sa liberté et par des étudiants toujours debout pour accomplir, comme leurs aïeux, leur mission d’avant-garde du peuple algérien.» Enchaînant sur le même sens en soulignant que «les étudiants aujourd’hui sont dans le bon chemin même s’il y a des difficultés, et je n’ai aucun conseil à leur donner, parce que j’estime que c’est le problème des étudiants, et c’est à eux de réfléchir et de s’organiser pour trouver des solutions.

Moi je ne fais que rattacher à l’histoire pour dire comment les anciens ont investi dans la politique pour l’Indépendance», affirme notre invité. «Aujourd’hui, c’est la politique pour le développement du pays qu’on doit travailler qui rentre dans le cadre d’éliminer tous ceux qui entravent le développement du pays », souligne-t-il, avant de poursuivre ces propos «les étudiants c’est eux l’élite, je le dis avec beaucoup d’émotions, l’Algérie est fière d’avoir 1,7 million d’étudiants sur le territoire national, alors qu’en 1954, nous étions à peine 250 étudiants musulmans à la Fac centrale d’Alger. Aujourd’hui, les étudiants algériens rejoignent un mouvement populaire pour le changement démocratique et social en Algérie. Les conditions ne sont plus les mêmes évidemment. Ils sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux. Cependant, leur engagement a été d’un grand apport pour le renforcement du mouvement du 22 février dernier.

En plus de leur adhésion massive, cette catégorie de la société fait la jonction entre les marches du vendredi et entretient ainsi cette flamme de la lutte et ce rêve de changement», affirme l’auteur des ouvrages «Taleb Abderrahmane : Fils du peuple» et «Des chemins et des Hommes».

Reconquérir la Journée nationale de l’étudiant

De son côté, Khaled, étudiant et représentant du collectif des étudiants de l’École nationale polytechnique est revenu sur le contexte de la journée de l’Étudiant avant et après le 22 février dernier, il dira «le 19 mai de cette année, a été différent de celui des années précédentes, vu que la situation politique que vit l’Algérie aujourd’hui est déplorable. On a essayé de remettre en valeur la Journée nationale de l’étudiant, parce qu’elle a été longtemps marginalisée.» Pour la représentante des étudiants de la fac centrale d’Alger, Karima, elle rajoute que «la différence réside dans l’éveil de conscience dès le 22 février dernier, car avant cette date, l’étudiant ne considère pas l’importance qu’il avait dans la société civile. Alors qu’après le premier soulèvement populaire, les étudiants se sont considérés partie prenante de ce fabuleux mouvement, apportent et apporteront leur contribution à l’émancipation de notre peuple, à l’émergence de notre nation», a-t-elle soutenu rejoignant le même avis que son camarade.

« Ils comptent contribuer à tous les combats »

En plus de leur volonté et leur détermination pour atteindre leurs objectifs attendus par tout un peuple, les étudiants savent que le chemin est encore très long, ils préfèrent gérer cette période avec précaution et une méfiance «positive», afin de ne pas refaire les erreurs du passé. Pour Lotfi, étudiant à l’USTHB de Bab Ezzouar « les étudiants algériens luttent pour la démocratie, l’identité nationale, la démocratisation de l’université… On compte contribuer dans tous les combats. » Signalant « pour cela, nous devons nous réapproprier notre droit à l’organisation autonome, à la multiplication de structures d’action et à la récupération de tout le patrimoine matériel et moral du mouvement estudiantin qui a été squatté et illégitimement accaparé par des organisations, et associations au service de l’ancien pouvoir », a-t-il fait savoir.

Med Wali