Mohamed El-Mouloud Ramadane est le porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Il revient dans cet entretien sur la dernière visite de la CMA à Alger, où le MNLA, le HCUA et le MAA, principalement, ont rencontré le représentant de la Minusma, Hamdi Mongi, et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
Liberté : Une délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est déplacée cette semaine à Alger pour rencontrer la médiation internationale. Y a-t-il un espoir que l’ébauche proposée par la CMA soit acceptée ?
M. Ramadane : Oui, absolument ! Une délégation de la CMA s’est rendue à Alger pour rencontrer les autorités algériennes, et, par la même occasion, nous avons rencontré le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Oui, il y a toujours espoir d’une ébauche tant qu’il y a dialogue, ainsi que la disponibilité des uns et des autres pour l’écoute.
Dans le cas où la médiation internationale et le gouvernement malien refuseraient l’intégration de votre principale revendication, qu’est le point relatif au statut de l’Azawad, la CMA signera-t-elle tout de même l’accord d’Alger du 1er mars ?

Pour nous, ce n’est pas la signature ou la non-signature qui compte, mais c’est la paix et la stabilité qui sont importantes. Donc, la communauté internationale doit comprendre et nous aider à trouver une solution adéquate, définitive et globale, en trouvant des voies et les moyens requis, afin qu’il y ait un consensus ou un compromis entre les différentes parties en conflit. Les menaces et les sanctions ne seront jamais la solution. Il faut savoir que le conflit qui nous oppose au gouvernement malien date de plus de 50 ans, et se répète épisodiquement parce que toutes les solutions qui ont été trouvées ne répondaient pas aux questions et aux aspirations de la population révoltée.
Êtes-vous prêts à accepter un projet de décentralisation avancé par le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta ?
La décentralisation a montré ses limites. En plus, nous, notre problème n’est pas celui de l’administration, même si cela existe, mais c’est plutôt un problème politique. La réponse, donc, doit être politique. Et il faut un statut particulier pour l’Azawad, seul gage d’une paix durable. Nous ne sommes pas contre la décentralisation, ni contre la régionalisation, juste pour être contre, mais vraiment, ces deux options ne sont pas la solution à nos soucis.
Le HCUA, un des membres de la CMA, a affirmé sa disponibilité à faire des concessions lors de la dernière rencontre à Alger. Est-ce le cas des autres mouvements de la Coordination ?
Je crois qu’il y a beaucoup de rumeurs et de l’intox. Le HCUA n’a jamais dit cela, et lors de cette dernière visite à Alger, personne ne pouvait parler particulièrement d’un mouvement de ceux qui composent la CMA. La délégation était présidée officiellement par Bilal Ag Acharif. Donc, jusqu’à preuve du contraire, la CMA est plus que jamais bien soudée.
Des milieux politico-médiatiques vous accusent de proximité avec certains mouvements islamistes radicaux au Nord-Mali pour contraindre le gouvernement central de Bamako à faire des concessions. Cette présumée proximité ne risquerait-elle pas de vous mettre à dos la communauté internationale ?
Je crois qu’aujourd’hui, la Minusma, qui représente la communauté internationale tout entière, et l’opération française Barkhane sont sur le terrain et connaissent celui qui a des liens avec les mouvements extrémistes ou celui qui est victime de ces mouvements. Le temps des mensonges est fini. En plus, nous sommes un peuple tout entier et pas seulement des mouvements armés.
Comment peut-on expliquer la transhumance constatée chez certains acteurs influents au sein de mouvements de la CMA dans cette crise ? Et quelle conséquence a-t-elle sur le cours des discussions de paix avec Bamako et la médiation internationale ?
Je ne suis au courant d’aucun cas de transhumance des acteurs influents ou pas influents au sein de nos mouvements. Je crois que tant que les parties ont toute la bonne volonté de résoudre ce conflit, rien ne pourra freiner le processus de paix. Mais quand même, il vaut mieux être franc pour ne pas perdre beaucoup de temps.