Que de péripéties pour les funérailles de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban. Le père de Mohamed Merah, Mohamed Benalal Merah, avait émis le vœu que son fils soit enterré dans le village de Bezzaz, dans la commune de Souagui, près de Médéa, à 90 kilomètres au sud d’Alger. Le départ de la dépouille sur un vol régulier d’Air Algérie avait été annoncé par la famille. Le cercueil hermétique était attendu en début d’après-midi à Alger.
Il restait l’autorisation des autorités d’Alger. Refus net signifié. Il est revenu à Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, de l’exprimer, jeudi dernier. «J’ai eu déjà à déplorer la surmédiatisation malvenue qui a entouré la question du rapatriement de la dépouille de feu Mohamed Merah», avait déclaré Amar Belani, qui souligne que «l’heure n’est ni à l’agitation ni à la polémique, pour respecter le deuil de la famille. Et tout ce que je peux dire, pour le moment, c’est que par ses tenants et ses aboutissants, cette affaire dépasse la simple formalité administrative ou consulaire et en conséquence, l’autorisation de transfert de la dépouille n’a pas été accordée y compris pour des raisons liées à la préservation de l’ordre public». Finalement, Mohamed Merah, a été enterré jeudi après-midi, dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse. Mohamed Merah a été mis en terre en catimini jeudi dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, dans la banlieue de Toulouse, ont constaté les journalistes de l’agence France presse qui relatent qu’ « une fois le corps déposé dans la fosse creusée plus tôt dans l’après-midi, une quinzaine de participants, uniquement des hommes, jeunes pour la plupart, ont commencé à le recouvrir de terre à l’aide de pelles et de pioches. Auparavant, ils avaient prié ensemble », ont constaté les journalistes tenus en dehors du cimetière, placé sous la surveillance des gendarmes et d’un hélicoptère. Selon ces témoignages, le cimetière, théoriquement fermé à cette heure-là, a été ouvert spécialement pour cette cérémonie en petit comité. C’était fini de l’imbroglio d’une journée quant au pays où devait être enterré Mohamed Merah/ Les funérailles ne pouvaient avoir lieu qu’en France, l’Algérie ayant refusé, au dernier moment, d’accepter que le cadavre soit enterré sur son sol. Programmées jeudi après-midi à 17h à Cornebarrieu, elles ont subi un nouveau contretemps quand le maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen, a annoncé les reporter de 24 heures et s’est tourné vers l’État pour qu’il trouve une autre solution. Un accord a finalement été trouvé entre toutes les parties prenantes.
Sarkozy ne veut pas de polémique
« Il était Français, qu’il soit enterré et qu’on ne fasse pas de polémique avec ça», avait déclaré le président français Nicolas Sarkozy mettent ainsi un terme à cet imbroglio autour du lieu de l’inhumation de Mohamed Merah. « Il est né à Toulouse, c’est un citoyen comme les autres, il a droit à une sépulture comme tout le monde», avait déclaré le maire de Toulouse. L’auteur des sept meurtres à Montauban et Toulouse, abattu par le Raid le 22 mars a été inhumé en fin d’après-midi, dans une tombe anonyme dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, dans la banlieue toulousaine. « J’ai été mandaté par la famille de Mohamed Merah pour organiser ses funérailles dans les 24 heures et dans la plus grande discrétion possible», a expliqué, à une chaîne de TV française, Abdallah Zekri, représentant du recteur de la Grande mosquée de Paris. «Une publicité malsaine et déplacée», a estimé mercredi Amar Belani, le porte-parole du ministre des Affaires étrangères algérien. C’est la première réaction d’Alger à propos de l’enterrement de Mohamed Merah dans le village de Bezzaz (commune de Souagui, d’où est originaire son père. «Il s’agit d’une affaire qui, en principe, devait se traiter dans l’intimité de sa famille », a-t-il ajouté, interrogé par le site algérien d’informations en ligne Le père de Mohamed Merah fait plusieurs déclarations dans lesquelles il exprimait son intention de porter plainte contre la France pour avoir tué son fils. Il a aussi exprimé sa colère d’entendre des responsables politiques français lui demander de se taire : «Comment un responsable de ce niveau, qui se vante de la démocratie et de la liberté d’expression, peut-il demander à un père meurtri par la perte de son fils de se taire», a-t-il dit lors d’un entretien avec un quotidien national. Une quinzaine de personnes seulement, des jeunes pour la plupart, ont accompagné le cadavre du tueur au scooter. Elles ont rapidement commencé à prier, ont constaté les journalistes tenus en dehors du cimetière placé sous la surveillance des gendarmes et d’un hélicoptère. «Ça s’est arrangé, chacun a pris ses responsabilités», a admis Abdallah Zekri, représentant du recteur de la Grande mosquée de Paris, au micro d’une radio française. «Un terroriste, on l’enterre, on ne va pas le manger. C’est un soulagement pour tous les musulmans, pour sa famille et particulièrement pour sa mère, qui est restée digne», a-t-il conclu.
Par : Sadek Belhocine