Vous venez d’annoncer le lancement d’un projet portant création d’un réseau régional d’agriculteurs afin de promouvoir la qualité du blé dur. Quelles sont les premières réactions des concernés ?
Je dirais que les premières réactions sont positives. Plusieurs agriculteurs ont déjà exprimé leur souhait d’adhérer à ce réseau qui, pourtant, vient à peine d’être annoncé. Par ailleurs, du côté des pouvoirs publics c’est le ministre de l’Agriculture lui-même qui nous a assuré du soutien du gouvernement. Ceci pour la simple raison que notre projet aura un impact positif sur tous les intervenants dans cette filière.
Avez-vous défini des mécanismes précis pour la mise en œuvre de ce projet ?
Nous avons déjà en projet une ferme expérimentale, en attendant la mise en place du réseau d’agriculteurs. Nous comptons les mettre à niveau en leur assurant un accompagnement technique et un choix variétal adéquat.
Dans quel cadre allez- vous travailler avec les agriculteurs et probablement avec les autorités concernées ?
Les détails seront arrêtés progressivement. Les recommandation issues de ces journées techniques seront soumises aux pouvoirs publics, en l’occurrence le ministère de l’Agriculture et l’OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales). Et c’est à partir de leurs réponses que nous allons arrêter les mécanismes à mettre en place pour encadrer le projet. Il sera question, surtout, du choix variétal, du mécanisme de fourniture de semences. Mais, une chose est sûres, il nous appartient de fournir la semence et d’assurer l’accompagnement technique avec le concours de nos experts et chercheurs.
Avez-vous fait une évaluation, du moins approximative, du coût de ce projet ?
Pour le moment, on ne peut pas faire une évaluation. On va commencer à partir de la prochaine campagne labours-semailles et le coût dépendra des surfaces cultivées par nos partenaires. Plus tard, on procédera à l’élargissement de l’opération suivant les recommandations de nos experts.
Quels sont vos objectifs en matière de rendement ?
Nous pouvons travailler avec des agriculteurs qui produisent 45 quintaux par hectares, tout comme on peut travailler avec des agriculteurs qui réalisent à peine 15 quintaux par hectare. Mais notre objectif est d’arriver à une moyenne de 35 q/h en moyenne.
Il vous faut combien pour couvrir les besoins de vos unités de transformation ?
(rire) C’est une question….(rire). Pour couvrir nos besoins il faut 250 000 tonnes par an. Si on divise cette quantité par hectare, avec une moyenne de 15 q/h, il nous faudra 260 000 hectares. Et avec un rendement de 30 q/h nous aurons besoins de 130 000 hectares. C’est une superficie très importante.
Certains investisseurs estiment que l’agriculteur algérien résiste aux changements. Qu’en pensez-vous ?
Non, je ne partages pas cet avis car nous avons une expérience dans la culture de la tomate. Nous avons fait un travail extraordinaire avec nos partenaires agriculteurs. Nous avons pu quadrupler le rendement en passant de 15 à 60 tonnes par hectare. Si ce n’est l’effort des agriculteurs on ne serait jamais arrivé à ce niveau. Et puis, dans cette région des hautes plaines de l’Est, nous avons l’avantage de travailler avec des gens qui ont une grande expérience dans le domaine des céréales.
Pour revenir à la question des coûts du projet, donc aucune évaluation n’est faite, même pour cette première étape de lancement ?
Comme je vous l’ai dit, c’est à partir de l’adhésion des agriculteurs que l’on peut faire une évaluation. Ce n’est pas ça qui nous inquiète.
Donc c’est l’adhésion des agriculteurs qui vous fait peur ?
Cela fait neuf ans que nous travaillons dans ce même cadre, dans le projet de la tomate. Nous avons atteint un objectif satisfaisant mais nous ne sommes pas arrivée encore à notre objectif final. Pour les céréales nous avons toutes les raisons d’être optimistes car nous avons un soutien extraordinaire de la part des agriculteurs et des pouvoirs publics. Je pense que nous pouvons rentabiliser les aides.
L’irrigation est quasiment inutilisée dans la culture des céréales en Algérie. Avez-vous pris en compte les risque de sécheresse ?
Les hautes plaines de l’Est sont à vocation céréalière. C’est connu depuis très longtemps. Quant à la pluviosité, les spécialistes estiment que nous sommes à un bon niveau.
Un dernier mot
Il est impossible de ne pas réussir. On a réussi dans le projet de la tomate avec l’aide de quelques agronomes. Pour le blé dur nous avons avec nous une équipe d’éminents chercheurs et experts dans le domaine qui sont, en plus, animés d’un fort sentiment nationaliste.