Mohamed Hadef, président du Mne, « La présidentielle doit concilier les Algériens »

Mohamed Hadef, président du Mne, « La présidentielle doit concilier les Algériens »

Dans cette interview, le président du Mouvement nationale d’espérance (MNE), Dr Mohamed Hadef appelle les responsables, notamment le président de la République à garantir une élection présidentielle pluraliste ouverte, juste et transparente afin de consacrer une conciliation politique nationale que l’Algérie attend.

L’Expression: Quelle analyse faites-vous de la scène politique nationale?

Mohamed Hadef: On parle de tout et de rien. Le ridicule pollue et tue. Par mes principes, mes valeurs, mes observations profondes et sincères, je me suis éloigné volontairement de la politique des politicards, de la politique du folklore et de la bassesse, de la politique qui s’apparente à un échange de services. je suis resté à l’écart d’une logique maffieuse appliquée à la politique de l’agitation. Pourtant, la politique est une activité noble, celle des idées, des projets et des convictions durables. Aujourd’hui, il m’est impossible de me taire et de garder le silence sur une situation grave où notre pays affronte une multiplicité de défis de grande ampleur. Nous constatons que l’impuissance politique est patente. Les partis politique regroupent plus des élus et des candidats avec des militants transformés en simples supporters. Certains partis n’incarnent pas la politique noble et féconde. Ils s’acharnent surtout à exclure d’autres partis au lieu de favoriser le pluralisme politique. Nous observons que la scène politique nationale est dominée par l’amateurisme, la légèreté, la démagogie, le faux et l’opportunisme vulgaire et brut. Le constat est inquiétant parce qu’il y a des politiciens qui me paraissent funestes à notre patrie et peuvent entraîner l’Algérie à sa perte. Nous déplorons que le multipartisme soit perverti par l’argent, détourné par des choix et des pratiques politiques discriminatoires. Comme nous déplorons l’inexistence d’un véritable statut juridique des partis politiques afin de définir et de garantir avec précision leur rôle, leurs droits et devoirs, notamment le financement. Actuellement, il y a défaillance de la part de l’Etat.

Nous sommes à la veille de la prochaine élection présidentielle. Est-ce que vous allez vous porter candidat et comment concevez-vous cette élection?

Pour répondre à cette importante question, il faut être lucide et sincère. Pourquoi dois-je me présenter? Est-ce que les conditions sont réunies? Le moment venu, je me prononcerai publiquement sur ces questions. En ce qui concerne l’élection, certains ignorants de la politique déguisés en responsables politiques manipulent le sens d’une élection présidentielle. Vous me donnez là l’occasion de clarifier et d’expliquer la forme et le fond d’une présidentielle. Cette échéance est abordée avec confusion et une étrange et étroite vision, avec une approche politicienne qui désespère, révolte et inquiète. Ce n’est pas l’organisation ou la préparation qui me préoccupent mais c’est d’abord et surtout la conception.

Certains candidats conçoivent cette élection comme une assiette au beurre, comme une fin, une propriété privée ou une compétition réservée à quelques hommes usés alors que notre pays se cherche des hommes neufs. L’élection présidentielle est un événement politique majeur qui implique et intéresse tous les Algériens. C’est un but politique, c’est-à-dire les valeurs de la liberté, d’égalité, de justice, de paix et de solidarité que le candidat propose d’accomplir. C’est un engagement majeur pour l’avenir et non pas une banalité politique. Il faudrait certainement briser certains tabous pour organiser une élection crédible, pluraliste, démocratique, républicaine et surtout juste. Il faut savoir de quel président l’Algérie a-t-elle besoin. La réponse est simple et connue. Elle a besoin d’un président qui incarne une Algérie juste, moderne et démocratique, un président porteur d’une vision politique moderne et qui a surtout le courage et l’audace de faire de vrais changements. Depuis longtemps, notre pays cherche et attend des dirigeants audacieux qui ont une volonté politique forte, une vision claire et des vertus cardinales irréprochables pour changer et transformer notre société et notre économie.

Quels sont les préalables pour l’organisation d’une élection crédible et juste?

L’Algérie et la majorité des Algériens se cherchent des hommes neufs et crédibles. Tel est le véritable enjeu présent et futur de la prochaine élection. C’est à la fois un défi redoutable et un espoir de sortir notre pays du provisoire, du court terme et de la confusion. Le choix est entre le statu quo, la continuité et le changement. Il y a quelques conditions incontestables d’un scrutin libre et honnête et aux résultats incontestés. D’abord, il faut organiser le vrai débat politique qui précède la campagne officielle. Ensuite, il faut garantir l’impartialité de l’Etat et le traitement égal des candidats en commençant par faciliter la collecte des signatures, premier obstacle administratif des candidats. Enfin, il faut revoir et renforcer les mécanismes de contrôle et de surveillance de l’élection afin qu’elle soit démocratique et républicaine.

Le projet de révision constitutionnelle sera soumis bientôt au Parlement. Quelles sont vos propositions?

Aujourd’hui, il est regrettable que nous ne sachions pas le contenu de cette révision dont l’Algérie a besoin. Ce que nous voulons, c’est une véritable Constitution digne de ce nom qui associe notre peuple à son destin politique par des institutions nationales souveraines, représentatives, modernes et garantes des libertés individuelles et des droits citoyens. Notre pays a besoin d’une régénération politique générale et de la reconstruction d’un nouvel ordre institutionnel libéré de certaines survivances du parti unique pour mettre en place un régime politique républicain, neuf, stable, juste et équilibré. C’est pourquoi nous sommes favorables à la limitation des mandats présidentiels à un seul mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Nous avons fait plusieurs autres propositions telles que la responsabilité politique et pénale du président de la République et la séparation authentique des pouvoirs. L’Algérie a besoin d’une Constitution solide, républicaine et démocratique pour gouverner le pays et préparer son avenir. Le mal est en nous, le remède aussi. Dans l’intérêt de notre pays, je profite de cette occasion, pour appeler nos dirigeants, notamment le président de la République à garantir une élection présidentielle pluraliste qui soit une véritable compétition politique ouverte, juste, républicaine et transparente où tous les candidats soient traités à égalité. Ce sera une véritable réconciliation et conciliation politique nationale que notre pays attend.