Le président de la République a décidé de commuer la peine capitale prononcée contre le moudjahid Mohamed Gharbi en 20 années de réclusion. Un dossier est actuellement en cours de constitution afin qu’il puisse bénéficier de la liberté conditionnelle.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Mourad Gharbi est un homme heureux. Son père, le moudjahid Mohamed Gharbi, devrait bientôt retrouver la liberté après 10 années de réclusion. «J’ai reçu ce matin (hier) un appel téléphonique du directeur de la prison de Khenchela. Il m’a demandé de me présenter à lui en urgence. Sur place, le directeur m’a expliqué que le président de la République avait décidé de faire un geste en direction de mon père.
La peine capitale prononcée contre lui par la cour de Guelma a été commuée en une peine de 20 années de prison», a expliqué Mourad que nous avons joint au téléphone. Selon lui, la remise en liberté de son père ne serait plus qu’une simple formalité administrative. «Le directeur de la prison m’a remis des documents afin que nous puissions introduire une demande de libération conditionnelle », a précisé Mourad.
Mohamed Gharbi ayant déjà purgé 10 années de réclusion, le reste de la peine devrait être pris en charge par la procédure de liberté conditionnelle. Quelle que soit la forme choisie, la libération de Gharbi est à mettre sur le compte d’une mobilisation populaire sans précédent. Un combat pacifique porté depuis plusieurs mois par des milliers d’Algériens. Tous ont été convaincus du fait que le moudjahid avait agi en vertu du principe de légitime défense pour défendre son honneur face à la haine d’un terroriste «repenti». Le collectif «Libérez Mohamed Gharbi» (LMG), initié par un groupe de jeunes, s’est totalement engagé en faveur de cette cause. En quelques semaines, LMG a réussi à récolter des milliers de signatures dans le cadre d’une pétition de grande envergure. Le 10 novembre dernier, le collectif avait déposé à la présidence de la République une première pétition signée par de nombreuses personnalités. Ali Haroun, Rédha Malek, Lakhdar Bouregaâ, Tahar Zbiri, Zohra Drif-Bitat, Saïd Sadi, Abdelaziz Rahabi, Yacef Saâdi, Fodhil Boumala et Hakim Laâlam figurent parmi les signataires. Les membres de «Libérez Mohamed Gharbi» ont joint également une lettre signée par les membres de la famille du moudjahid.
LMG décide de lancer d’autres formes d’action. Des dizaines de jeunes organisent des freezes, une sorte de sit-in silencieux de quelques minutes. Le premier freeze s’est déroulé la semaine dernière sur les marches de la Grande- Poste d’Alger. Le second, plus spectaculaire encore, a eu lieu hier, place Emir- Abdelkader. LMG n’était pas seul à mener ce combat.
D’autres groupes ont également exigé la libération du moudjahid de Souk- Ahras. C’est, notamment, le cas de la Coordination pour la libération de Mohamed Gharbi, dont les membres ont observé, la semaine dernière, une journée de grève de la faim. Un acte symbolique pour dénoncer les conditions de captivité subies par Mohamed Gharbi depuis sa condamnation à la peine capitale par la cour de Guelma.
T. H.