Mohamed Ghannouchi«Donnez-nous une chance»

Mohamed Ghannouchi«Donnez-nous une chance»
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Mohamed ghannouchi rencontre toutes les difficultés du monde pour mener son équipe

Le nouveau gouvernement a inauguré son règne en envoyant le ministre des Affaires étrangères en Egypte.

Après la contestation sociale, les Tunisiens se consacrent à la chose politique. Ils sont, selon toute vraisemblance, déterminés à réussir un changement radical au sein du pouvoir. Pour preuve, les Tunisiens, jadis désaffectés pour la chose politique, suivent de très près l’évolution de la situation du pays. Au lendemain de la formation du gouvernement, des citoyens sont, de nouveau sortis dans la rue pour protester contre l’équipe désignée. Les manifestants dénoncent le maintien des quelques ministres du gouvernement de l’ancien président, Zine El Abidine Ben Ali.

Les têtes revendiquées par les citoyens sont celles des ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Les manifestants qui souhaitent une rupture totale avec le régime du président déchu, estiment qu’il est inadmissible que des membres de l’équipe du président déchu, soient reconduits dans le nouveau gouvernement.

Allant plus loin, les contestataires demandent carrément la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de l’ancien président Ben Ali. Une chose est certaine, les Tunisiens ne souhaitent pas voir les sacrifices consentis pour rompre avec le système Ben Ali partir en fumée. Le parti Ettajdid (ex-communiste) a aussi menacé de quitter le gouvernement à moins que tous les ministres qui étaient membres de l’ancien parti au pouvoir ne démissionnent.

Face à l’effervescence de la rue, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi était obligé d’expliquer au peuple tunisien les raisons d’un tel choix. A propos du maintien dans la nouvelle équipe des ministres de Ben Ali, il estime que ces derniers ont «les mains propres».

«Ces ministres ont gardé leur portefeuille parce que nous avons besoin d’eux dans cette phase de construction démocratique, avec la préparation d’élections dans les six mois», a-t-il affirmé à la radio française Europe1. et d’ajouter encore: «Tous ont les mains propres, doublés d’une grande compétence. Ils ont du mérite. Grâce à leur dévouement, ils ont réussi à réduire la capacité de nuisance de certains. Ils ont manoeuvré, tergiversé, gagné du temps pour préserver l’intérêt national». Outre ces précisions, le Premier ministre sollicite la rue tunisienne à laquelle il demande d’accorder une chance à ce gouvernement.

«Donnez-nous une chance!», a-t-il lancé. Entre la dénonciation de l’opposition et les justifications des dirigeants, le gouvernement de l’Union nationale a entrepris ses premières actions. Le ministre des Affaires étrangères, Kamel Morjane, est arrivé hier en Egypte pour informer ses homologues de la situation dans son pays. Il s’agit du premier voyage officiel d’un membre du cabinet tunisien depuis la chute du gouvernement de l’ancien président M.Ben Ali. Pour sa première sortie médiatique, M.Morjane a indiqué à la presse que «le peuple tunisien a dit son mot et est sorti vainqueur de ce soulèvement populaire». Et d’ajouter: «Nous voudrions confirmer qu’il s’agit d’un gouvernement de transition: son but est clair et son mandat limité par la loi (…) Son but est de mettre en place une élection présidentielle libre (…) à laquelle participeront des observateurs étrangers». S’agissant des réformes, il a assuré qu’elles porteraient notamment sur les questions économiques et sociales. «Il y aura des réformes politiques mais aussi (des réformes) sur (…) le plan social», a dit M.Morjane, déjà membre du gouvernement en place sous le président Ben Ali.

Tahar FATTANI