De retour au pays pour la grande manifestation anti-Moubarak, Mohamed El Baradei s’est dit prêt à mener une transition démocratique. La bataille qui lui a valu une grande notoriété internationale fut en 2003 lorsqu’il s’était opposé aux arguments américains sur le programme nucléaire irakien pour lancer l’invasion du pays.
L’histoire lui avait par la suite donné raison, Mohamed El Baradei aura le statut de héros national en Egypte. Il quitta la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2009, après l’avoir dirigée pendant 12 ans. Fort de l’aura acquise dans ce rôle, le prix Nobel de la paix 2005 a effectué l’an dernier un retour triomphal dans son pays natal, où il a été accueilli à sa descente d’avion par des centaines de sympathisants.
Il devient le principal opposant au régime de Hosni Moubarak. Le manque de libertés et la corruption du pouvoir sont les arguments qu’il avance pour défendre sa position dans le paysage politique. Mohamed El Baradei tente de fédérer l’opposition égyptienne autour d’un projet de réformes démocratiques.
Son leitmotiv : changer la Constitution. Il fonde son mouvement, l’Association nationale pour le changement, qui se lie à d’autres organisations pro-démocratiques et finit par avoir le soutien des Frères musulmans, un des principaux partis d’opposition. A l’automne 2010, il appelle au boycott des élections législatives. Sa présentation à l’élection présidentielle de septembre 2011 devient une évidence.
Mais l’opposant, qui a appelé de ses vœux à la naissance d’une «nouvelle Egypte» grâce à une «transition pacifique», ne se contentera pas de battre le pavé. A 68 ans, Mohamed El Baradei semble décidé à assumer désormais le rôle d’homme providentiel.
N. B.