La traduction et le rapport inter-langues ont été au centre de débats et réflexions lors des travaux de la deuxième journée du colloque international sur “Le retentissement de l’oeuvre de Mohamed Dib”, dimanche à Tlemcen.
L’universitaire de Tlemcen, Nahida Guellil Allal, a abordé “Le rapport inter-langues et inter-cultures chez Mohamed Dib et Isabelle Eberhardt, deux regards, deux visions”, auteurs, a-t-elle souligné, “qui s’inscrivent et écrivent dans un même espace, celui de l’Algérie, et dans un même contexte socio-historique, celui de la colonisation, dans deux époques temporelles fort éloignées l’une de l’autre”.
La conférencière a tenté d’expliquer par là la manière dont chacun perçoit et exprime le rapport à la langue et à la culture. L’universitaire français, Hervé Sanson, a fait une lecture des “enjeux de la bi-langue dans le recueil poétique de Habib Tengour”. Le poète algérien d’expression française a-t-il dit, a, dans son recueil “Retraite” édité en 2004, “négocié un mode de conciliation inédit entre la langue d’écriture et la langue maternelle”. Le conférencier a également tenté, sur la base de travaux effectués sur “la bi-langue” et “l’inter langue”, de circonscrire les interactions entre le texte de départ et celui d’arrivée.
Dans sa communication “Récits de Traduction de l’écrivain algérien Amara Lakhous et autres auteurs italophones d’origine maghrébine”, l’universitaire allemande Elisabeth Arend a abordé le concept de la transnationalité “qui permet de focaliser sur des phénomènes comme la traduction, la migration, des sujets majeurs des littératures actuelles”. L’universitaire française Denise Brahimi a traité, dans sa communication “Ecrivains en deux ou plusieurs langues”, des chants berbères de Kabylie publiés en traduction française par Jean Amrouche à partir de la version chantée par sa mère en kabylie. La conférencière a indiqué également que Taos, la soeur de Jean Amrouche, “a retraduit ces oeuvres en kabyle pour les faire connaître dans une version chantée et qu’elle a continué à le faire jusqu’à sa mort en 1976″.
La deuxième journée de cette rencontre sera clôturée par la projection d’un film de Maryse Gargour (auteur, producteur) intitulé “La terre parle arabe”, qui retrace l’histoire du mouvement sioniste appelant à la création d’un État juif en terre de Palestine, habitée depuis des millénaires par le peuple arabe.
Les travaux de ce colloque se poursuivront lundi par la présentation de diverses communications abordant, entre autres, “La poétique dibienne et ses soubassements”, “Présence et pleine conscience dans l’oeuvre dibienne”. Dans d’une table ronde, organisée en marge des travaux de ce colloque, l’écrivain Rachid Boudjedra a affirmé que “Mohamed Dib a écrit en tant qu’Algérien s’exprimant en langue française”. “Mohamed Dib l’a fait de manière spontanée et naturelle”, a-t-il souligné tout en déclarant que “ce n’est pas une question de traduction, mais d’expression et de lexique que l’écrivain développe tout au long de sa carrière en s’inspirant des autres cultures et autres langues”.
Les participants à cette table ronde (écrivains, poètes et traducteurs) ont engagé une réflexion introductive dans l’univers à deux visages dessinée par les écrivains algériens bilingues et sur l’intertextualité qui se tisse entre les langues.
Synthèse RAF