Mohamed Charfi, Ce ministre qui veut débureaucratiser la justice

Mohamed Charfi, Ce ministre qui veut débureaucratiser la justice

Depuis son intronisation à la tête du secteur, Mohamed Charfi, ministre de la Justice et garde des Sceaux, a pris plusieurs mesures pour débureaucratiser la justice. Cerise sur le gâteau, le responsable promet une meilleure communication dans le traitement de l’affaire Sonatrach II.

On se souvient tous de ce ministre, lorsqu’il a achevé son allocution prononcée à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature par un sanglot qui a surpris les magistrats membres de cette instance. Certains avaient expliqué l’émotion du ministre de la Justice par sa joie de retrouver un secteur qu’il a bien connu, puisqu’il a été secrétaire général du ministère de la Justice de 1989 à 1991, conseiller à la Cour suprême, président de section de 1991 à 1997 et ministre de la Justice, garde des Sceaux en juin 2002, avant de revenir aux commandes de ce secteur en septembre dernier.



D’autres expliquent les larmes de Charfi par le poids de la responsabilité qui l’attend et surtout la situation du secteur qui agonise depuis des années déjà. Moins d’une année après sa désignation à la tête de la justice algérienne, Charfi a gagné la confiance des magistrats, des avocats, de tous les professionnels du secteur par des mesures allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail et, surtout, la débureaucratisation de la justice.

Dernière mesure en date, le ministre a décidé de transformer le nouveau siège du ministère de la Justice, en chantier actuellement, en tribunal administratif, à l’effet d’améliorer les conditions de travail et élargir les services de ce tribunal. «Nous avons pris la décision d’une restructuration du programme de construction du nouveau siège du ministère de la Justice pour construire à sa place le tribunal administratif, car j’ai constaté que les magistrats travaillaient dans des conditions pénibles au siège actuel de ce tribunal», a-t-il souligné dans des déclarations à la presse en marge de ses visites à travers plusieurs structures judiciaires. «Cette décision a été dictée par le principe d’accorder la priorité aux structures judiciaires et non aux structures administratives», a ajouté le ministre, précisant que ladite décision sera exécutée en coordination avec la wilaya d’Alger.

Rares sont les ministres du gouvernement de Sellal qui auraient pris une telle décision. Ainsi sur décision du ministre, la cour d’Alger a réduit le nombre de chambres d’instruction suite à la décision de ne maintenir cette procédure que pour les affaires qui l’exigent, dans les cas de flagrant délit et d’aveu l’instruction n’a pas lieu. Charfi a également pris une décision louable mardi dernier. Il s’agit de l’octroi localement de certains documents administratifs du personnel de la Justice au niveau des juridictions. Une disposition bien accueillie par le syndicat national des fonctionnaires de l’administration de la justice, qui, dans un communiqué rendu public hier, s’est «félicité» des décisions «pratiques» prises par le ministre. Cependant, le grand défi que doit relever le ministre est celui de combattre la corruption qui gangrène la justice et surtout assurer son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique et exécutif.

Et dans ce domaine, Charfi a fait déjà un premier pas en s’exprimant, pour la première fois, sur le scandale Sonatrach II. Le responsable a promis une meilleure communication sur le sujet. Les résultats des instructions seront communiqués au moment opportun, a indiqué le ministre à la presse.

Par Mehdi Ait Mouloud