Mohamed Boudiaf : un assassinat maquillé en acte isolé

Mohamed Boudiaf : un assassinat maquillé en acte isolé

Le manque de courage n’est qu’un manque de bon sens. (George Meredith)

Mohamed Boudiaf.

Il y a vingt et un ans, le 29 juin 1992, l’Algérie avait perdu en Mohamed Boudiaf un homme courageux, nourri de bon sens. Son assassinat a été alors maquillé en « acte isolé ». Les instigateurs d’un tel acte, ont montré par leur lâche, odieux et criminel geste, leur manque de courage et de bon sens.

« L’homme n’est rien d’autre que la série de ses actes », disait Hegel. Par la série de ses actes, Mohamed Boudiaf est entré dans l’histoire par la grande porte. Par quelle porte sont entrés en Algérie ceux qui ont concocté son assassinat et ceux qui savent et ne disent rien ?

Parmi les premiers responsables du pays au moment de « l’acte isolé », certains ne sont plus de ce monde et d’autres attendent leur tour pour partir, avec comme repère de l’histoire, qu’ils étaient là où ils ont permis d’abattre un homme derrière le dos, par manque de courage de venir le voir en face. Le faire venir de son paisible exil, puis l’assassiner comme ils l’ont fait, est la manifestation et la preuve les plus tangibles de leur manque de bon sens.

Forts ont été ceux qui l’ont abattu ; mais plus fort est Boudiaf qui va revenir incessamment avec son projet de société : le Rassemblement Patriotique National, avec sa devise : « L’Algérie avant tout ». Une devise simple, mais combien porteuse de sérénité, de courage, de bon sens, de sacrifice, de nationalisme, d’intégrité, de vision et de projection vers l’avenir : tous des éléments qui ont fait, font et feront défaut au personnel politique algérien, tant qu’il continue à vivre avec le faux, pour le faux en allant toujours vers le faux.

Le système actuel, a dans la mémoire collective du peuple algérien, la responsabilité de : l’assassinat de Boudiaf, les deux cent mille morts de la tragédie algérienne des années 1990, les centaines de disparus, la gabegie, la corruption, les fausses élections, la fausse économie, la fausse règle de droit. C’est un système devenu par la force des choses esclave de lui-même, et comme disait Sénèque, « être esclave de soi est le plus pénible des esclavages » ; un esclavage duquel ils ne peuvent pas échapper car ils ne pourront jamais échapper à eux-mêmes.

Pour revenir au bon sens, Mohamed Boudiaf, par son sacrifice a choisi de vendre son âme à Dieu et par manque de bon sens, ceux qui ont préparé son assassinat, ont choisi de vendre leurs âmes au Diable, et comme disait Goethe : « C’est une loi des diables et des revenants qu’ils doivent sortir par où ils sont entrés ». Ainsi, le Jour du Jugement Dernier, « El Akhira », Boudiaf viendra se prosterner devant Le tout Puissant, et ses assassins finiront en compagnie du diable.

Mais ce qui importe maintenant c’est la vie du peuple algérien, un peuple qui existe mais qui ne vit pas ; et comme disait Victor Hugo : « Le plus grand ennui c’est d’exister sans vivre », et Voltaire le complète en notant que : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin ». Faisons un peu attention autour de nous, et nous remarquerons que l’ennui, le vice et le besoin sont devenus le lot quotidien de l’Algérien, riche ou pauvre, intellectuel ou inculte, religieux ou non.

Ainsi le système a dénaturé l’Algérien. La nature veut que l’homme travaille et que l’oiseau vole. Le système a renversé les valeurs, et c’est l’oiseau qui travaille en Algérie et l’homme vole ; il vole dans les caisses de l’Etat, dans la famille, dans tout ce qui présente l’occasion de voler.

Le système auquel voulait mettre fin Mohamed Boudiaf, est le système qui a inculqué à l’Algérien la mentalité de vouloir boire de l’eau sans jeter le seau dans le puits, de manger de la viande sans élever le cheptel, de manger la noix sans briser la coquille, de manger une omelette sans casser des œufs. Ainsi, l’Algérien a perdu le courage de travailler et le perdre est une perte irréparable ; elle ne sera réparée qu’avec le système qui l’a causée.

Dans cet objectif, et à la demande de milliers d’Algériens, de tout âge, toute condition sociale, je propose à ceux qui partagent les idées de Boudiaf, de reprendre le Rassemblement, de réactualiser sa plateforme et de la proposer à la concurrence politique, loyale, sans haine et sans revanche, dans la perspective de répondre aux attentes de la jeunesse, de l’injustice, de la Hogra et de tous les maux dans lesquels s’est retrouvé le peuple ces dernières années.

Les changements intervenus dans le périmètre de l’Algérie devraient ouvrir les yeux aux Algériens pour comprendre une bonne fois qu’avant ce système rien ne manquait à l’Algérie et avec son départ rien ne manquera à l’Algérie. Bien au contraire, l’Algérie se permettra, avec le départ de ce système, tout ce qui lui a manqué depuis l’indépendance confisquée, c’est-à-dire une bonne école, un hôpital accueillant, une vie correcte, paisible et organisée, une justice respectable; enfin un Etat bon, juste, craint et respecté.

Voilà une partie de ce que je propose à tous les inconnus honnêtes, femmes et hommes, qui veulent donner quelque chose au pays et non pas seulement prendre quelque chose de ce pays. Ne vaut rien celui qui n’est utile à personne.

N. B.