Il est devenu presque un non-événement. La journée, le 29 juin 1992, de la commémoration de l’assassinat du moudjahid et président de la République algérienne, Ahmed Boudiaf, s’efface de plus en plus de l’agenda du système. Les medias n’en parle que très peu et les gens point. L’Etat ne lui donne plus de la considération, comme s’il était un traître dont on ne doit absolument pas parler.
Elle risque alors de s’oblitérer définitivement des mémoires des citoyens pour lesquels, pourtant, il s’est sacrifié comme un mouton de l’Aid, en acceptant de venir prendre les commandes de l’Etat en cette période chaotique, infernal et répugnante qu’était la décennie noire. Ce qui pourrait sonner comme une deuxième mort qu’on donne à ce grand homme qui a servi dignement toujours son pays. Tenant souvent à ses idées et ses principes démocratiques, Boudiaf a toujours été victime de ses prises de positions. Selon des témoignage fiables donnés par ses compagnons de guerre de libération nationale Boudiaf, avant, pendant et après la Révolution, a lancé un appel aux jeunes de prendre le flambeau et surtout d’exiger la démocratie en Algérie. « Le flambeau a été confisqué par des opportunistes et des charlatans. Il faut que les jeunes, qui ont toujours voulu avoir une opportunité de faire quelque chose, reprennent le flambeau et exigent la démocratie », ne cesse de répéter Boudiaf à chaque fois que l’occasion le lui permettait. Ces fermes prises de positions lui ont coûté, selon les témoignages de Tayeb Taâlebi, très cher : la prison, ensuite l’exil, avant de fonder un parti d’opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS) .
Rezki A.
