Mohamed Bédjaoui se dit “atteint dans son honneur” par les accusations portées contre son neveu dans l’affaire Sonatrach

Mohamed Bédjaoui se dit “atteint dans son honneur” par les accusations portées contre son neveu dans l’affaire Sonatrach

Mohamed Bédjaoui, ancien ministre des affaires étrangères, dont le nom est copieusement étalé ces derniers jours dans la presse, en raison de sa relation de parenté avec son neveu Farid Bédjaoui, principal intermédiaire dans la passation des contrats entre Sonatrach et la société italienne Saipem, vit visiblement très mal cette mauvaise publicité qui lui est faite, lui l’ancien juge à la cour international de la Haye .

Dans une longue lettre publiée ce matin en exclusivité par le journal Liberté, l’ancien ministre des affaires étrangères se demande « au nom de quelle raison faudra t-il faire de la parenté un fait générateur de délit ? Il commence sa lettre en évoquant l’ouverture de l’enquête judiciaire à Milan. « Une enquête judiciaire en cours à Milan , pour des faits de corruption qui seraient imputés à la société pétrolière ENI vient de connaitre son prolongement à Alger.

La presse algérienne a cité le nom de Farid Bédjaoui concerné par cette affaire. Et les journaux ont jugé nécessaire de préciser qu’il est l’un des neveux de l’ex ministre des affaires étrangères, Mohamed Bédjaoui. Un des organes de presse m’a même offert l’inattendu privilège de faire figurer en première page ma photo à côté de celle d’un ministre mis en cause dans cette affaire » écrit-il.

Et de poursuivre sa lettre en déniant tout lien dans l’affaire de l’ENI. « La presse nationale a ainsi mêlé mon nom à cette affaire dont je n’ai jamais entendu parler auparavant. Dans ma naïveté, je ne cesse de me demander si le souci louable d’information du public nécessitait bien la diffusion de mon état de parenté ? Car un tel souci, renforcé par des commentaires orientés, voire par une photo inattendue, ne va-t-il pas bien au-delà de la nécessité d’une bonne information ? Commentaires et photo ne génèrent-ils pas fortement dans l’esprit du public, par le pouvoir des mots et la vertu de l’image, l’idée que je devrais moi-même être aussi suspecté ? ».

L’ancien ministre des affaires étrangères, après son commentaire personnel sur les commentaires de la presse en vient au fond, c’est-à-dire la vérité et il dit : « quant à la pure vérité, qui devrait nous préoccuper tous au premier plan, elle ne peut que subir le pire des dommages lorsque l’état de parenté est automatiquement érigé en principe de culpabilité.

A u nom de quelle raison humaine un être humain pourrait-il admette que sa parenté engage par elle-même et nécessairement sa responsabilité pénale ? Au nom de quelle raison faudra-il faire de la parenté un fait générateur de ce délit ».

A toutes ces interrogations qu’il pose Mohamed Bédjaoui avoue qu’il n’a pas de réponse « hors celle que l’on trouve dans la fable du loup et de l’agneau. J’ai en revanche bien des réponses à la suspicion qui m’atteint dans mon honneur ». L’ancien juge à la Cour international de la Haye explique ensuite qu’à travers les différentes fonctions qu’il a eu à exercer, jamais il n’a disposé d’un pouvoir lui permettant de jouer les intermédiaires dans la conclusion des contrats entre le ministre de l’énergie et des partenaires étrangers.

« Quelle que soit la diversité de mes anciennes fonctions au service de l’État, je n’ai jamais disposé de la moindre parcelle de pouvoir regardant le Ministère de l’Énergie et Sonatrach. Je ne suis jamais intervenu, ni de prés , ni de loin en faveur d’une personne ou d’une institution, algérienne ou étrangère, en vue de la favoriser par l’attribution par le Ministère de l’Énergie ou la Sonatrach, d’un quelconque contrat ou de quelque avantage particulier ».

Et à l’anien ministre d’insister dans sa lettre : « je n’ai jamais eu un quelconque rapport avec l’Eni ou la SAIPEM ou l’une de leurs filiales, ni en Algérie, ni à l’étranger. La presse italienne et internationale qui s’est fait l’écho de documents officiels d’enquête contre l’ENI ne s’est jamais hasardée à dire que je suis personnellement concerné par cette enquête.

En conclusion de sa lettre, l’ancien ministre des affaires étrangères écrit encore : « Enfin , pour avoir quitté le service de l’Etat et Alger depuis bientôt six ans, je ne vois pas comment j’ai pu influer sur le cours de l’affaire, dont les principales séquences se seraient déroulées, selon la presse, ces toutes dernières années, en tous cas à des dates où ma supposée influence ne pouvait qu’avoir disparu et où je n’exerçais plus aucune fonction ».

Mohamed Bedjaoui, né en 1929: Durant la Révolution, M. Bedjaoui a été conseiller juridique du FLN et du gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA). Il figurait aussi parmi la délégation algérienne lors des négociations d’Evian. Ancien ministre de la justice, ancien ambassadeur de l’Algérie en France, ancien Délégué permanent de l’Algérie auprès de l’UNESCO, ancien ambassadeur aux Nations Unies, ancien membre du Conseil exécutif de l’UNESCO, Juge à la Cour internationale de justice de La Haye pendant près de vingt ans, Ministre des affaires étrangères du 1er mai 2005 au 4 juin 2007.