Mohamed Alioui à propos de la flambée des prix du mouton: « Le contrôle est absent »

Mohamed Alioui à propos de la flambée des prix du mouton: « Le contrôle est absent »

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Il n’y a aucune partie qui se charge du contrôle des prix du mouton. Ces prix doivent être plafonnés.

Intervenant hier au forum du journal arabophone Echaâb, le secrétaire général de l’Union des paysans algériens Mohamed Alioui a indiqué que ce qui est derrière la flambée des prix du mouton cette année, sont essentiellement les spéculateurs et des arrivistes qui se manifestent à la veille de chaque fête de l’Aïd El Adha. «Ce sont les spéculateurs et des arrivistes qui ont fait flamber les prix», indiquera-t-il, pointant du doigt l’absence du contrôle. «Il n’y a aucune partie qui se charge du contrôle des prix du mouton», a déploré l’invité du forum d’Echaaâb. Pour Mohamed Alioui, les prix des moutons doivent être plafonnés comme ça été le cas par le passé pour la pomme de terre. «Ne pas plafonner les prix des moutons, c’est inviter les spéculateurs à imposer leur diktat», affirme-t-il. Est- ce que les spéculateurs et les arrivistes sont les seuls responsables de la flambée des prix du mouton? Le SG de l’Union des agriculteurs répondra par la négative.

Les citoyens sont aussi responsables. «L’achat du mouton ne doit pas se faire 20 jours à l’avance. Il doit se faire à trois ou quatre jours de la fête de l’Aïd», a-t-il plaidé.

Le prix du mouton de l’Aïd n’est pas aussi élevé dans toutes les wilayas d’Algérie. «Il ne faut pas prendre en compte les prix pratiqués à Alger comme référence. Alger est un cas à part!», a nuancé en outre Mohamed Alioui, affirmant que dans certaines wilayas, les prix sont beaucoup moins chers.

Le renforcement du contrôle et le plafonnement des prix peuvent ne pas être la solution idéale pour baisser les prix du mouton, fera remarquer par ailleurs l’invité d’Echaâb.

«Les maquignons doivent créer leurs coopératives. Ce sont celles-ci qui leur permettront de se défendre contre les spéculateurs et les affairistes putrides», a -t-il insisté, préconisant la généralisation de l’idée des coopératives pour toutes les autres filières. Interrogé en outre sur son avis au sujet de l’importation de cheptel- une technique à laquelle beaucoup de pays musulmans recourent pour maîtriser les prix du mouton à l’occasion de l’Aïd El Adha, Mohamed Alioui a dit qu’il était le premier à avoir appelé les pouvoirs publics à recourir à cette solution. «J’ai toujours préconisé au gouvernement de recourir à l’importation de cheptel au lieu d’importer la viande rouge», fera-t-il savoir. «L’importation de cheptel à partir du Soudan fera gagner au gouvernement les frais du transport. On peut transporter ce cheptel par route», déclare-t-il. «L’Algérie est le seul pays au Maghreb qui n’a pas encore importé de cheptel à l’occasion de l’Aïd», a indiqué Alioui, précisant que l’Algérie a consacré sur les 27 millions de cheptel qu’elle compte environ 4 millions de têtes pour l’occasion de l’Aïd El Adha. S’exprimant au sujet de l’initiative du ministère de l’Industrie portant récupération cette année des peaux des moutons de l’Aïd, le SG de l’Union générale des paysans algériens s’est dit contre l’opportunisme. «Nous ne voulons pas de l’intérêt occasionnel. Nous demandons un intérêt permanent», s’est-il emporté en se demandant pourquoi le ministère de l’Industrie ne récupère pas la laine des cheptel que les maquignons jettent en l’absence de sa récupération. Pour couper court à ce sujet, Mohamed Alioui a indiqué que son Union n’adhérerait à cette initiative que si le président de la République les sollicite en personne. Répondant ensuite sur les questions en rapport avec la flambée des prix des fruits et légumes en dépit de leur abondance dans les champs, l’invité du forum d’Echaâb, a fait savoir que c’est l’absence des chambres froides qui en est la raison. «C’est l’absence des chambres froides qui a fait que les prix de ces aliments étaient aussi élevés cette année durant le mois de Ramadhan», a-t-il expliqué, appelant les investisseurs à s’intéresser davantage à ce créneau. La flambée des prix des fruits et légumes a aussi pour raison l’absence du réseau de distribution en Algérie. Pour Mohamed Alioui, l’Etat doit actualiser le décret portant le troc commercial en Algérie. La loi de 1967 est dépassée. Dans ce sens le SG de l’Union des paysans algériens a plaidé pour l’instauration des lois devant obliger les commerçants du nord de ramèner à leur retour des wilayas du Sud les produits de la région pour les vendre au Nord. Questionné au sujet du détournement des terres agricoles de leur vocation, Mohamed Alioui a indiqué que ce phénomène existe. «Toutefois les pouvoirs publics s’en sont rendu compte et ils sont en train de rectifier le tir», a-t-il indiqué, faisant remarquer que la distribution des actes de concession des terres agricoles à tort et à travers à un moment donné par le gouvernement a fait beaucoup de mal aux terres agricoles. Le président Bouteflika, que l’Union des paysans a sollicité pour intervenir, a réagi au moment opportun.