Mohamed Aïssa : «S’interdire de donner la parole à des extrémistes»

Mohamed Aïssa : «S’interdire de donner la parole à des extrémistes»
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Les imams n’ont pas appelé, dans leurs prêches, les fidèles à investir la rue», vendredi dernier, dans plusieurs villes du pays, pour dénoncer les atteintes répétées à l’islam et au Prophète Mohamed (Que le salut de Dieu soit sur lui).

C’est ce qu’a déclaré, ce matin, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, assurant que c’était plutôt un «mouvement spontané». Le ministre, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale a toutefois reconnu que des tentatives de récupération de ce mouvement par des «parties qui relèvent de la mouvance dite islamiste» ont été constatées, qualifiant cela de «très dangereux». «Certaines parties ont tenté de récupérer ces mouvements.

Les tentatives de récupération des mouvements de masse sont révolus, car c’est une expérience que nous avons déjà vécue pendant les années 1990. Certains partis du mouvement islamiste ont appelé les Algériens à «s’organiser sous leur égide», a affirmé Mohamed Aïssa «Nous au-rions préféré que la réaction ne soit pas par la voie de la rue», a-t-il dit, à ce propos, souli-gnant que «le peuple algérien est immunisé contre ce genre de tentatives et conscient des dangers de l’instrumentalisation de l’islam».

«Nous les avons prévenus. Nos imams à travers les 15 000 mosquées du pays ont interpelé les fidèles à rester dans le cadre de la défense du Prophète (QSSSL) et de la promotion de sa tradition. Au lieu de crier, brûler et saccager, ou de faire dans les blasphèmes, il est préférable de démonter que l’islam est une religion d’entente et de cohabitation», a insisté Mohamed Aïssa. C’est pourquoi, il est temps, selon le ministre, «d’interpeller toutes les chaînes télévisées de se concerter avec le mi-nistère avant d’inviter des références religieuses sur leurs plateaux». «Cela ne veut pas dire que nous aurons des prérogatives, mais c’est juste pour revenir au référent du religieux national», a-t-il précisé, en insistant sur l’interdiction «de donner la parole à des extrémistes». Des rassemblements regroupant des milliers de personnes ont été organisés vendredi dernier à travers plusieurs wilayas du pays pour dénoncer les atteintes répétées contre le Prophète Mohamad (QSSSL) et l’islam sous le couvert de la liberté d’expression. A travers certaines localités, particulièrement à Alger, ces mouvements ont été émaillés d’actes de violence, suite à quoi des édifices publics ont été saccagés. Au niveau du boulevard Che-Guevara des «marcheurs» ont jeté des projectiles sur des agents de l’ordre et des représentants de la presse et saccagé quelques magasins, ce qui a contraint la police à riposter en usant de bombes lacrymogènes pour les disperser. Il aura fallu que la police fasse usage de chasse-neige pour reprendre le contrôle du boulevard. Pas trop loin de là, au boulevard Zighoud Youcef de violents affrontements ont opposé certains marcheurs, des jeunes notamment aux forces de l’ordre fortement déployées pour la circonstance. Tout a été saccagé dans les locaux de l’agence Air Algérie, où des émeutiers ont tout cassé et détruit

Farid Houali

Un problème «franco-français»

Le ministre des Affaires religieuse et des Wakfs, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a, en outre, indiqué que l’attentat contre le journal français Charlie Hebdo, qu’il s’agit d’un problème «franco-français», car, a-t-il dit, «les auteurs de l’attaque n’ont jamais séjourné en Algérie, ni fréquenté de mosquées ou d’écoles coraniques algériennes ou d’ailleurs», rappelant la solida-rité internationale avec la France et la position officielle de l’Algérie suite à l’attentat. «Le fait que les auteurs de l’attaque soient d’origine algérienne n’incombe pas la responsabilité aux Algériens», a-t-il relevé, ajoutant que «ce n’est pas l’islam, ni le coran, ni les musulmans qui sont responsables de l’attentat». Il a tenu à appeler les Algériens à ne pas céder aux provocations et à respecter les mesures de sécurité imposées par le gouvernement français pour parer à d’éventuels actes terro-ristes sur le sol français, estimant que la stigmatisation de l’islam risque d’être «lourde» en France et en Europe suite à ces derniers attentats.

Le terrorisme n’a ni origine ni religion

Par ailleurs, Mohamed Aïssa a estimé que attaques terroristes contre le journal satirique Charlie Hebdo ont engendré plusieurs conséquences. «La stigmatisation sera très lourde, elle touchera les musulmans de France plus particulièrement, mais surtout les Algériens.

«La stigmatisation a été constatée à travers les rapports délivrés par l’Observatoire contre l’islamophobie, dirigé par le Pr. Abdellah Zekri», a déclaré le ministre. «Nous sommes dans une atmosphère de l’après-attentat contre Charlie Hebdo, mais ce contexte que nous vivons n’est pas le même que celui de l’après 11- Septembre 2001», a souligné Mohamed Aïssa. Et de rappeler que «le terrorisme n’a ni nationalité ni religion». «C’est l’extrapolation des réseaux sociaux qui a fait d’eux des terroristes», a-t-il relevé. Mohamed Aïssa a, d’autre part, salué la réaction du gouvernement français. «Le Premier ministre français et le ministre de l’Intérieur ont visité plusieurs mosquées, y compris la Grande Mosquée de Paris, pour soulager, apaiser et recadrer cette dérive», a-t-il conclu.