Des Algériens ont reçu des appels téléphoniques de l’étranger pour rejoindre les groupes terroristes. Des destinataires de ces messages ont informé les imams des mosquées, a révélé, hier, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, au forum de la Chaîne I de la Radio algérienne. « L’infiltration n’est plus de type classique et traditionnel à travers les livres religieux, elle s’effectue actuellement par des contacts téléphoniques, des mails anonymes et des appels au recrutement.
Les tentatives de déstabilisation de l’Algérie à travers l’instrumentalisation de la religion est une réalité », a-t-il affirmé. Le ministre a également signalé que des wilayas frontalières, à l’est et l’ouest du pays, font l’objet de tentatives d’infiltration de sectes religieuses chiites, salafistes, takfiristes et coraniques. Afin de prémunir le pays contre « ces intrusions », le ministre a fait savoir que son département a procédé au renforcement du réseau d’inspection des mosquées. « Nos cadres sont conscients, compétents et disposent de mécanismes pour la protection des jeunes. Ils sont engagés dans la sensibilisation contre le matraquage idéologique », a-t-il assuré. A cette occasion, Mohamed Aïssa a annoncé que le ministère des Affaires religieuses a transmis, hier, ses propositions quant à la mise en place de Dar El Ifta au Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Mise à nu des plans des extrémistes
Ils constituent un véritable danger qui menace la stabilité du pays. Le ministre a mis en avant le rôle des imams qui « ont prouvé leur prise de conscience lors du vendredi de la communion. Ils n’ont reçu aucun ordre ou directive dans ce sens. Le ministère a juste publié sur son site internet un communiqué mais chaque imam a donné librement son prêche. Les programmes d’enseignement sont mis à jour et seront adaptés aux défis et menaces actuels », a-t-il fait savoir. Il a également mis en exergue la formation et la compétence des imams algériens délégués à l’étranger. « Aucun individu impliqué dans les actes terroristes et de violence en Europe n’a fréquenté les mosquées gérées par des imams algériens. Nous avons enregistré une forte demande d’imams algériens en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Belgique. Nos imams sont également chargés de la sécurité spirituelle de notre communauté installée à l’étranger », s’est-il félicité.
Le ministre des Affaires religieuses est catégorique : « L’Algérie ne sera jamais un terrain de confrontation des rites étrangers. Elle est une terre de l’Islam. Les imams ont réussi leur mission grâce notamment à la politique de réconciliation nationale. » Le ministre a exprimé ses craintes suite à la montée des actes islamophobes. « La radicalisation des jeunes qui ont commis des attentats en Europe est due à l’exclusion et la marginalisation dont ils sont l’objet. J’évoquerai cette question avec le ministre de l’Intérieur français qui visitera l’Algérie ce mois-ci. Nous devons alerter sur l’origine de la violence. »
Les zaouias sont indépendantes
Il a, en outre, soutenu que les chrétiens pratiquent leur religion en toute liberté en Algérie. A une question sur la création d’un observatoire national de lutte contre l’extrémisme religieux, Mohamed Aïssa a souligné que le projet a été transmis à tous les ministères. « Les recommandations préconisent la nécessité de la promotion de cet organe qui doit être placé sous l’autorité de la présidence de la République. L’objectif est d’assurer une vision religieuse unique. » Sur le débat lancé sur la révision des réserves algériennes concernant certains articles de la convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, à laquelle a appelé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans son message à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le ministre a soutenu que « la polémique est préméditée comme celle qui secoue l’école. Il faut éviter les rumeurs et ne pas tomber dans le piège des comploteurs ».