Mohamed Aïssa à propos du discours religieux : «L’imam est libre de choisir ses prêches »

Mohamed Aïssa à propos du discours religieux : «L’imam est libre de choisir ses prêches »

Aucune pression n’est exercée sur nos imams pour le choix des thèmes de leurs prêches. Rejetant les idées reçues ou les polémiques suscitées par ci, par là quant à certaines pressions exercées sur l’imam, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, affirme que celui-ci est libre en Algérie et que son prêche ne lui était pas dicté.

Autrement dit, la religion n’est pas instrumentalisée à des fins politiques. S’exprimant depuis la wilaya d’Oran, où il était en visite, le premier responsable du département des Affaires religieuses affirme que « l’Algérie n’accepte pas que l’on dicte son prêche à l’imam et il est libre de choisir le thème ». « Ce que nous avons fait, c’est procéder à la révision des méthodes pédagogiques de prêche, pour permettre à l’imam d’interagir avec les préoccupations et les exigences de la société et d’être alerte face aux différentes mutations », a-t-il expliqué. Depuis son arrivée au gouvernement en mai 2014, Mohamed Aïssa a mis en avant une vision qui prône une rupture totale avec les pratiques s’inscrivant à contre sens des traditions religieuses au sein de la société algérienne. Ainsi, il affirme que « l’Algérie n’est pas convaincue par certains modèles expérimentés dans quelques pays ayant essayé de revoir le discours religieux au niveau des mosquées, au point de supprimer certains versets du Coran et d’effacer l’identité musulmane ». Pour lui, « l’Etat algérien veille à ce que l’imam soit un partenaire dans la stratégie nationale visant à faire face à toute tentative de division ou d’atteinte à l’unité nationale». Cependant, il convient de noter que dans certaines situations les messages véhiculés par les partisans du wahabisme et du salafisme, peuvent être dangereux pour la société. Ainsi, les adeptes de ces modèles religieux puisés dans des idéologies importées d’ailleurs pullulent et représentent une menace dans l’avenir. La question qui mérite d’être posée est : faut-il donner la liberté totale aux imams ou garder un œil vigilant sur ce qui se passe dans nos mosquées ? Une chose est sûre et qu’il convient de rappeler est que nos imams ont été souvent invités à prêcher sur des sujets «sensibles», tels que l’abstention dans les élections, ou encore sollicités pour agir en faveur de l’économie d’énergie, ce qui montre bien que les imams peuvent jouer un rôle primordial dans la sensibilisation. Sur ce point justement, le ministre a souligné que l’ « objectif est de faire en sorte que le discours religieux s’inscrive en complémentarité avec le discours national ». En tant que représentant de l’autorité religieuse de l’État, Mohamed Aissa a indiqué que l’Algérie, qui est « pionnière en matière de propagation des principes de modération, est un exemple à suivre et une référence internationale qui intéresse différents pays ».

Le gouvernement accorde un intérêt soutenu au secteur des affaires religieuses et aux imams, notamment à travers l’introduction de nouvelles matières dans le cursus de formation des imams délégués à l’étranger, outre la sécurisation des lieux de prière, inscrite au plan d’action du gouvernement.

Dans l’ensemble, en dépit du danger que représente le contenu subversif des discours que l’on observe souvent chez certains imams qui prêchent continuellement sur des thèmes suscitant la haine, voire même remettant en cause jusqu’aux valeurs religieuses de l’islam, le ministre semble donner une certaine liberté aux imams. Mais il y a certainement des lignes rouges à ne pas franchir, telles que l’unité nationale.

Lamia Boufassa