Si un président d’un club algérien devait prétendre inscrire son nom au Guinness des records, ça serait sans doute Mohand Cherif Hannachi, président de la JSKabylie. Ce record, Hannachi ne le devrait pas à son longévité au sein du club kabyle -18 ans -, mais plutôt à sa consommation sans modération pour les entraineurs. Au moins 38 entraineurs ont fait un passage à la JSK durant les 18 dernières années.
Un « coachitivore » Hanachi ? Certainement. En nommant officiellement Ighil Meziane à la barre technique de la JSK ce samedi 17 septembre à la place de Moussa Saïb, le président de la JSK, âgé de 61 ans, aura ainsi connu son 38e entraineur. Un record absolu en Algérie et en Afrique. Voir dans monde…
2,1 coachs par an
Entre 1946 date de la fondation du club (anciennement connu sous l’appellation de Rapide Club de Tizi Ouzou) et 1993, la JSK aura connu 32 entraineurs.
Entre 1993 et 2011, ils sont 38 à avoir dirigé l’équipe kabyle. C’est-à-dire que durant le règne de Hannachi, la JSK évolue avec une moyenne de 2,1 coachs par an. Hannachi est à ses entraineurs ce qu’une mante religieuse est à ses partenaires sexuels : il les dévore une fois l’acte accompli.
Ancien défenseur central de la JSK avec laquelle il a remporté plusieurs titres notamment la fameuse coupe d’Algérie en 1977 gagnée contre le Nahd d’Hussein Dey sous la présidence de Houari Boumediene, Moh Chrif, comme on le surnomme, prend la tête du club de la Kabylie en 1993. Pour ne plus le lâcher.
Fort-en-gueule
Souvent contesté, mais jamais détrôné, l’homme est réputé pour son caractère bien trempé, ses coups de gueule, ses sautes d’humeur et sa capacité à se maintenir à son poste contre vents et marées. Si bien qu’aujourd’hui est-il considéré comme le doyen des présidents de clubs du championnat d’Algérie.
Mohand Cherif Hannachi est un paradoxe. Si sa gestion du club ne fait pas l’unanimité tant au sein des supporteurs que parmi les anciens cadres de la JSK, il n’est pas moins ce président qui a remporté le plus de trophées parmi tous les clubs de l’élite du football algérien.
Palmarès éloquent
A la tête de la JSK, son palmarès est tout simplement éloquent. Quatre fois champions d’Algérie, deux fois vainqueur de la coupe d’Algérie, une coupe d’Afrique des vainqueurs de Coupes, trois fois vainqueur de la Coupe de la CAF. Sans compter le nombre de fois où le club a fini vice-champion d’Algérie ou finaliste de la coupe d’Algérie.
Jamais un président d’un club algérien n’a gagné autant de trophées durant les vingt dernières années. Et c’est sans doute, ce palmarès là qui permet à Mohand Cherif Hannachi de s’accrocher à son poste.
Mais aussi éloquent soit-il, ce palmarès ne met pas ce fort-en-gueule à l’abri des critiques et des quolibets.
Soutien à Bouteflika
A Hannachi, on reproche beaucoup de choses. On lui reproche ses compagnonnages politiques lorsqu’il n’hésite pas à afficher publiquement son soutien au président Bouteflika lors de sa campagne électorale pour un troisième mandat en mars 2009.
Il avait même droit à un tirage de bretelles de la part d’Abdelmalek Sellal, alors directeur de campagne du candidat Bouteflika.
« En 2004 Hannachi a préféré se rendre à Paris pour ne pas soutenir Bouteflika, aujourd’hui, il fait tout pour se montrer aux côtés du président » avait déclaré à l’époque Sellal.
Le sponsor Echourouq passe mal
Les choix de Hannachi concernant certains sponsors qui s’affichent sur le maillot mythique de la JSK ne le préservent pas non plus de la colère des supporteurs.
Ainsi en est-il de sa décision de signer, en 2009, un partenariat avec le journal arabophone Echourouq, quotidien dont les écrits et la ligne éditoriale ne comptent pas beaucoup d’adeptes parmi les inconditionnels du club kabyle.
Les détracteurs de Moh Chrif moquent également ses déclarations intempestives contre les dirigeants de la fédération algérienne de football, à leur tête son président Mohamed Raouraoua.
Un jour ami avec celui-ci, un autre son contempteur virulent, Moh Cherif Hannachi est ainsi perçu comme une sorte de girouette des stades.
Un tir à gauche, un shoot à droite, un jour il annonce sa démission, un autre il jure qu’il ne quittera pas son club pour rien au monde. Hannachi déroute autant qu’il désespère même ses plus fidèles supporteurs.
Moussa Saïb nommé puis viré quatre fois
Issu d’une famille aisée, son train de vie intrigue. S’il fait de fréquents voyages en France où, semble-t-il, il possèderait quelques affaires, on sait peu de choses de sa fortune en Algérie. On le dit à la tête de plusieurs business à Tizi Ouzou, mais il ne s’est jamais épanché sur cet aspect de sa vie.
Mais plus que tout, c’est sa consommation immodérée pour les entraineurs qui désarçonne chez Mohand Cherif Hannachi. Recrutés à coups de milliards, ils sont parfois dégagés après 5 ou 6 mois d’exercice, voire même moins. Le cas le plus emblématique est celui de Moussa Saïb.
Combien de temps tiendrait Ighil…
Ancienne gloire de la JSK, sociétaire du club français Auxerre avec qui il remporta coupe et championnat de France en 1996, Moussa Saïb, 42 ans, a été quatre fois entraineur de la JSK entre 2003 et 2011. Son dernier passage aura duré…4 mois. Nommé en juin 2011, il est dégagé en septembre.
Les paris sont désormais ouverts : combien de temps Ighil Meziane tiendrait-il comme entraineur de la JSK sous la présidence de Mohand Cherif Hannachi ?